Samedi 21 Décembre 2024
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13.10.2017
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Entourée de collines en proie aux flammes, la parcelle « Collinetta » du vignoble Rocca à Napa est intacte, à l’image de nombreuses vignes alentours, véritables poches de verdure au milieu des paysages noircis par les incendies meurtriers qui ravagent le nord de la Californie.
Depuis l’exploitation, on peut voir dans toutes les directions, à quelques kilomètres à peine, une épaisse fumée ocre s’échapper des collines, où les pompiers tentent de contenir les feux qui ont déjà ravagé des dizaines de milliers d’hectares et coûté la vie à 29 personnes.
Dans le ciel, les hélicoptères des pompiers survolent la zone. Pourtant, au milieu des pieds de cabernet sauvignon, des chatons se prélassent et, dans un petit pré adjacent, des moutons paissent tranquillement comme si de rien n’était.
« Au sol, il y a très peu de végétation en cette saison » et donc la vigne « fait de très bons pare-feux », explique, au milieu des ceps, Eric Hervé, docteur en œnologie aux Laboratoires ETS, qui se présente comme le plus gros en son genre de Napa.
Français expatrié en Californie, il habite tout près. Lui et sa famille n’ont pas été évacués par les autorités mais il reconnaît que « c’est stressant de ne dormir qu’à moitié, en étant prêts à partir à tout moment ».
Napa est littéralement « encerclée par les incendies », confirme David Shew, chef d’équipe au sein des pompiers de Californie, dans le camp de base des secours, situé à quelques encablures.
« Gros coup dur »
Le long de la route 121, entre Napa et la vallée de Sonoma, également renommée pour ses vignobles, on peut observer de très nombreuses parcelles elles aussi quasiment intactes, alors même que les champs mitoyens sont, eux, complètement noircis. Parfois, les flammes ont léché quelques plants en bordure de parcelle, avant, semble-t-il, de s’arrêter.
Vu du ciel depuis un hélicoptère, même constat. Tout près des magasins, des restaurants et des maisons en ruines, au milieu des arbres calcinés, des parcelles entières de vignes sont toujours vertes, même si on distingue parfois des pieds aux feuilles roussies, dessinant des bandes brunes aux extrémités des terrains.
Antoine Favero, vigneron à la Mazzocco Winery à Sonoma, a sillonné les environs pour constater les dégâts dans les exploitations. La sienne a échappé au désastre.
Dans les autres vignobles, « la plupart de ce que j’ai vu, la plupart des destructions, ce sont les arbres, l’herbe, les bâtiments mais les pieds de vigne n’ont pas été trop touchés. Parfois les feuilles sont noircies mais la vigne ne prend pas feu généralement », dit-il, estimant lui aussi qu’elle forme une « bonne barrière ».
Sur l’exploitation Paradise Ridge, dans le comté de Sonoma, le bâtiment qui abritait les cuves et les tonneaux est complètement détruit.
Quelques tonneaux noircis subsistent encore, désormais à ciel ouvert. Au sol, on ne distingue parfois plus guère que leurs cerclages en fer : le bois a entièrement disparu dans les flammes.
Un peu plus haut sur la colline, il ne reste rien non plus de la réception et de la salle de dégustation, où l’on pouvait goûter différents crus, un plaisir qui attire de nombreux touristes tout au long de l’année dans la célèbre région des vins.
Entre les ruines, les vignes sont toujours debout. Mais même lorsque les pieds n’ont pas brûlé, la fumée à pu faire des dégâts, et la perte des bâtiments peut être un « gros coup dur pour les petites exploitations », pense Eric Hervé.
Alors que les incendies font toujours rage, « il est trop tôt » pour évaluer l’impact sur les vignobles, ajoute le spécialiste en goûtant un grain de raisin.
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