Lundi 18 Novembre 2024
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25.01.2013
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C’est à un assemblage inattendu que se livre Francis Ayliès, curé de Bègles (33). Ce prêtre touche-à-tout enregistre un album mêlant chant grégorien, musique contemporaine et… hommage aux châteaux du vignoble bordelais. Sortie prévue pour Vinexpo.
Derrière les robustes façades des châteaux bordelais, on s’attendrait davantage à entendre résonner un hymne à Bacchus que les murmures immémoriaux de la liturgie grégorienne. Et pourtant : en ce jour frileux de début janvier, dans les salons du Château Bouscaut, Grand Cru Classé de Graves (Pessac-Léognan), ce sont bien des prières en latin qui s’élèvent. Le père Francis Ayliès, curé de Bègles (localité voisine de Bordeaux), enregistre en compagnie de trois musiciens professionnels un album dont les premières sonorités peuvent sembler étonnantes au profane, puisqu’elles associent chant grégorien et musique contemporaine.
Pour Francis Ayliès, prêtre touche-à-tout, auteur de polar et mélomane, ce projet est né du désir de travailler avec Jean-René Combes Damien, un compositeur de musique contemporaine dont il est l’ami depuis 22 ans : ce dernier a accepté de signer neuf compositions inédites qui viennent introduire ou accompagner les chants choisis par le prêtre chantant. Il explique avoir été « tout de suite séduit par la possibilité d’installer ma musique sur une musique hors du temps. C’est comme mélanger de l’huile et de l’eau. Et surtout, c’est formidable de travailler avec Francis : en dehors du fait qu’il soit prêtre, il a une énorme capacité à réunir, à fédérer, à créer de l’enthousiasme. Il y a une vraie folie en lui. »
« Diabolus in Musica »…
Une folie qui se retrouve dans l’autre grande caractéristique de cet album, qui se veut un hommage aux châteaux du vignoble bordelais. C’est en voyant le film « La Part des Anges » de Ken Loach que Francis Ayliès a eu l’idée d’explorer l’intimité des chais girondins, et de débusquer la part de spiritualité qui s’y cache. Sans oublier que beaucoup de noms de propriétés et d’appellations du Bordelais ont des connotations ouvertement religieuses : chaque chant de l’album est donc associé à un château (voir vidéo)… « Initialement, nous voulions enregistrer chaque morceau sur le site du château auquel il est associé, souligne Francis Ayliès. Mais c’était très compliqué à mettre en place, ne serait-ce que pour des raisons d’homogénéité du son ». C’est donc le Château Bouscaut à Cadaujac qui accueille l’intégralité de l’enregistrement.
Spécialisé dans la musique contemporaine et l’orgue, le label Triton, créé en 1993 par Geneviève et André Thiébault (80 références au catalogue), a soutenu ce projet. « Le clin d’œil, d’abord, nous a plu, sourit Geneviève Thiébault. En musique, le triton est le nom d’une quarte très désagréable à l’oreille, que l’on surnommait au Moyen-Âge « Diabolus in Musica » (« le Diable en musique »). Cela nous a donc amusé de travailler sur un disque d’inspiration religieuse. Le dynamisme du père Ayliès, son goût de l’aventure, et le travail de Jean-René Combes Damien nous ont convaincus ». Après quelques jours d’enregistrement dans le cadre confortable du Château Bouscaut, le disque – qui devrait s’intituler « Comme l’Echo d’un Silence DiVin » – va être patiemment peaufiné… en attendant sa sortie, prévue au mois de juin, pour Vinexpo.
Texte Mathieu Doumenge
Reportage vidéo réalisé par Jules Lambert
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