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Angers-Saumur : les « off » dépassent le « in »

(photos Julie Reux)

Auteur

Julie
Reux

Date

09.02.2017

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Le (long) week-end aux sept salons des vins vient de s’achever à Angers et Saumur, et chacun dresse le bilan. Plutôt très positif du côté des salons « off »… nettement plus inquiétant au Salon des vins de Loire.

4000 visiteurs à la Dive
A la Dive Bouteille, à Saumur, dimanche 5 et lundi 6 février, Sylvie Augereau évalue le nombre de visiteurs à « au moins 4000 », un record.
Pour l’organisatrice, ce succès est dû, en plus de la « play-list » de 218 vignerons dits « naturels », à « l’ambiance » très particulière de la Dive, à la fois décontractée et professionnelle, dans les incroyables tunnels des caves troglodytes de la maison Ackermann.
Et pour Sylvie Augereau, le salon pourrait encore grossir (un peu) l’année prochaine, tant les demandes de vignerons sont nombreuses.

Les Anonymes attirent 950 professionnels
Même ambiance, même engagement pour le vin sans additifs, autres vignerons : le salon des Anonymes s’est déroulé dimanche 5 février dans une salle du centre-ville d’Angers. En une journée, le rendez-vous, qui réunissait 65 vignerons de toute la France (et quelques Espagnols) a attiré plus de 950 visiteurs. « On ne peut pas en accueillir plus dans cette salle, a expliqué Jean-Christophe Garnier, vigneron d’Anjou et un des organisateurs. Et on ne pourra pas monter au-delà de 70 vignerons non plus. »
Le challenge pour l’édition 2018 sera plutôt de faire une place à de nouvelles têtes, pour donner « de la visibilité » à des domaines encore… anonymes.

Pénitentes : 30 vignerons, 1100 visiteurs
Le petit salon des Pénitentes, avec ses 30 vignerons naturels réunis autour de Thierry Puzelat ou René Mosse, a lui attiré les foules : plus de 1100 visiteurs (en deux jours). « Il n’y a pas eu de gros rush, c’est resté très fluide, c’était très agréable », relate Agnès Mosse, très satisfaite. « Les vignerons ont remarqué, parmi les visiteurs, plein de nouvelles têtes, ce qui est plutôt bon signe. »

Salon des Greniers Saint-Jean : la foule
Aux greniers Saint-Jean, Mark Angeli, vigneron (domaine de la Sansonnière) et organisateur du salon Renaissance, s’inquiète déjà pour l’année prochaine : « Plus on a de vignerons, plus on a de monde. 300 visiteurs de plus cette année, soit 2600 personnes. Je ne sais pas jusqu’où ça va aller », plaisante-t-il (à moitié).
Ce salon avait pourtant fait le choix de répartir les exposants sur deux lieux cette année, pour limiter la cohue. Mais les greniers Saint-Jean et le musée Jean Lurçat, somptueux lieux d’histoire, se révèlent encore trop étroits…

Le salon des vins de Loire sauvé par les bios ?
Il est plus difficile d’établir un bilan de la fréquentation au Parc Expo d’Angers. Le site accueillait trois salons en un : l’historique salon des vins de Loire dimanche 5, lundi 6 et mardi 7 février, et la Levée de la Loire (bios) et Demeter (biodynamie) lundi et mardi.
Officiellement, le bilan du salon des vins de Loire est « positif », avec 8500 visiteurs. C’est à peine moins qu’en 2016, malgré les 120 domaines exposant en moins, partis tenter l’aventure parisienne du nouveau salon VinoVision.
Mais ces chiffres sont à prendre avec des pincettes : ils englobent les entrées au salon des bios de la Loire et Demeter, puisqu’il y n’avait « qu’une seule entrée ». Or les organisateurs de la Levée de la Loire estiment avoir reçu « au moins 3000 visiteurs », un vrai succès pour les 220 exposants.

En coulisses, les observateurs tirent tous la même conclusion ironique : le salon des vins de Loire, en difficulté, est aujourd’hui « sauvé » par ces mêmes vignerons bios qu’il a refusés pendant 10 ans.
L’année prochaine, le salon est annoncé du 4 au 6 février 2018, mais « peut-être sur deux jours », avance Christian Groll, directeur du Parc Expo.
L’avenir du salon des vins de Loire se jouera en fait à Paris, au nouveau salon VinoVision, du 12 au 14 février 2017. Si c’est un succès, encore moins de vignerons choisiront le salon historique d’Angers. Et sa survie même sera en question.

« Le vent a tourné depuis longtemps, mais ils ne comprennent pas », analyse Agnès Mosse. « Ça me fait de la peine », commente Sylvie Augereau. « Mais il y a de la place pour tous les salons à Angers et Saumur », assure Mark Angeli. « A condition qu’ils se remettent en question. »