Vendredi 22 Novembre 2024
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17.09.2013
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Pour pérenniser son exploitation durement frappée par les intempéries, un vigneron de Daignac (Gironde) va monter un groupement foncier viticole. Ses futurs « investisseurs » seront payés en bouteilles.
2 août 2013 : le vignoble de l’Entre-Deux-Mers est ravagé par la grêle. A Daignac (33), Ludovic Barthe regarde autour de lui. Sur 50 hectares, 45 sont entièrement détruits. Le propriétaire du château Grand Bireau (rouge, rosé, 100 000 bouteilles par an) et du château Valrose (blanc, 50 000 bouteilles par an) ne peut que constater les dégâts. Et comme beaucoup de ses voisins, il n’est pas assuré.
Formé en Afrique du Sud et en Australie, ce Girondin qui a repris en 2000 le domaine familial (depuis sept générations) accuse le coup. « Je me suis posé beaucoup de questions. Financièrement c’est très dur. Il y a danger. » Il évoque une perte d’au moins 250 000 euros. « Et surtout pendant deux ans, il n’y aura presque rien dans les cuves… » Que faire ? Ludovic Barthe s’en ouvre à Stéphane Defraine, le président du syndicat de l’Entre-Deux-Mers, propriétaire du château de Fontenille. Il m’a dit : « Ludovic, ça m’embêterait que tu arrêtes… C’est lui qui m’a donné l’idée : monter un groupement foncier viticole ».
Un groupement foncier viticole (GFV) : les pieds de vignes sont mis en location à des particuliers qui obtiennent en retour une rémunération en vin. Des dividendes en liquide. Cette rémunération en caisses de vin se fait à hauteur du capital investi au départ. En fait, Ludovic Barthe avait la solution sous les yeux : son beau-frère Yannick Evenou fonctionne déjà de cette manière au Château Réault, dans les Côtes de Bordeaux. Reste donc à mettre en place la structure juridique idoine pour les châteaux Grand Bireau et Valrose.
Ludovic Barthe, « justement en réunion avec mon comptable », n’avance pas encore le niveau financier du « ticket d’entrée » pour les particuliers-actionnaires. Tout juste évoque-t-il, sous réserve, des baux de 18 ou 25 ans. « Pour l’instant, je ne sais pas encore précisément comment les gens s’engageront ».
Mais surtout Ludovic Barthe, malgré le mauvais sort réservé par les cieux à son exploitation veut insuffler de la nouveauté. Il avait déjà commencé, et veut continuer à récolter des fruits différemment : « Nous voulons en profiter pour faire des travaux… Nous sommes déjà en biodynamie, c’est une approche très vigneronne… Nous voudrions impliquer les gens qui vont nous accompagner. Qu’ils viennent faire les vendanges. Qu’ils suivent les évolutions de la vigne, sur place ou sur internet… Nous voulons écrire une histoire ».
Dans ce secteur de l’Entre-Deux-Mers où près de 7000 hectares ont été broyés par la grêle, plongeant des familles entières dans des situations très difficiles, cette histoire est une petite lueur d’espoir. Ludovic Barthe dit n’avoir pas encore eu le temps de beaucoup parler de son projet autour de lui. « Je vois que tout le monde est encore sous le choc, dans l’expectative. Mais un groupement foncier viticole, c’est peut-être une piste de réflexion que d’autres peuvent mener ailleurs ».
Mathieu Hervé (source)
Contact : Ludovic Barthe. SCEA Barthe
Lieu-dit Grand Bireau. 33420 Daignac
Tel 05.57.84.55.23
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