Lundi 23 Décembre 2024
Auteur
Date
26.03.2013
Partager
Avec sa récente entrée au classement des grands crus de Saint-Emilion, le château poursuit sa marche en avant. Et rêve, pour Péby Faugères, d’un chai en forme de carafe. Un projet qui divise.
C’est une « success story » qui fait rêver le monde. Sept ans seulement après son investissement à Saint-Émilion avec le château Faugères, le château Péby Faugères (Saint-Émilion grand cru) et le château Cap de Faugères (Castillon-Côtes de Bordeaux), l’homme d’affaires suisse Silvio Denz a obtenu, fin 2012, la consécration du nouveau classement qui fait de lui, avec Stephan von Neipperg et quelques autres de Saint-Émilion, l’un des grands gagnants de cette sélection décennale.
La recette du succès ? Du talent, certes, incarné par ses équipes et son régisseur, Alain Dourthe-Larrère, mais aussi de l’argent investi, beaucoup d’argent investi. Est-il besoin de rappeler les 8 millions d’euros injectés dans ce chai qui fit couler beaucoup d’encre en septembre 2009 lors de son inauguration ? Un chai-cathédrale signé Mario Botta, monumental, moderne et audacieux dans un voisinage de croupes et de vallons où, sauf pour l’église, l’horizontalité domine. À Faugères, 15 mètres séparent la terrasse panoramique du chai à barriques ! 6 000 m3 de béton ont été coulés sur une surface de 3 000 m2 sur trois étages afin d’offrir, à toutes les étapes de l’après-vendange, un écrin au vin.
Vins et parfums
Et cet investissement ne fut pas le seul. Car Silvio Denz, président d’Art et Fragrance et propriétaire de Lalique, détenteur de la licence Alain Delon Samouraï, qui lui permet de distribuer ces parfums en Asie, a étendu son empire : après avoir investi en Espagne dans le Clos d’Argon avec le célèbre œnologue Peter Sissek, il a acheté le château de Chambrun à Lalande-de-Pomerol, puis Château Rocheyron (Saint-Émilion grand cru), Azienda Agricola Montepeloso en Toscane, et deux maisons de négoce de vin en Suisse (Les Grands Vins Wermuth et Casa del vino Ebinger). Bref, le vin n’est pas la danseuse de Silvio Denz, mais une partie importante de son groupe. « Entre les parfums et le vin, il y a une synergie, insiste-t-il. C’est une question de sens et d’émotion. Et à Faugères, c’est ce que nous recherchons : apporter de l’émotion en développant cet esprit lifestyle. »
Lifestyle. Le mot est lâché. C’est ainsi qu’a germé en 2007 un dessin des mains de Mario Botta qu’avec Silvio Denz ils avaient précieusement conservé : un chai en forme de carafe. « Le chai de Mario Botta a donné beaucoup de renommée à Faugères. Nous souhaitons poursuivre ce mariage entre l’architecture, le vin et l’art », expliquait en 2012 Silvio Denz.
Problème : à Péby Faugères, le projet de chai enterré qui devait monter à 17 mètres de haut pour une facture de 4 millions d’euros n’est pas du goût de la mairie de Saint-Étienne-de-Lisse, commune où est implanté Péby Faugères, 7, 5 ha, 100 % de merlot, tout près de son grand frère Faugères. Alain Dourthe-Larrère confirme : « Le maire considère que ce projet risque de faire perdre le label Unesco à Saint-Émilion… Le problème est que Mario Botta ne veut pas changer son projet. Il ira donc voir ailleurs. Dans un pays en crise, nous ne comprenons pas cette décision : nous sommes prêts à investir 4 millions d’euros. Cela sera autant de travail pour les entreprises… » Quel dénouement ? « Nous ne sommes pas pressés. Cela sera peut-être en 2015 », glisse Alain Dourthe-Larrère. D’ici là, deux millésimes encore attendus et… les élections municipales seront passées par là.
Rodolphe Wartel
Photo Bruno Tariol
Articles liés