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Bandol : « Remettre tout le monde autour de la table »

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

31.05.2019

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Cédric Gravier succède à Guillaume Tari à la présidence des vins de Bandol avec le délicat dossier de modification du cahier des charges sur les bras et comme objectif de remettre tous les opérateurs bandolais autour de la table.

Changement de président pour l’appellation Bandol. Guillaume Tari (domaine de La Bégude) président depuis 2015 vient de céder la place à Cédric Gravier du domaine de La Suffrène à La Cadière d’Azur (83). Ce quadra jovial hérite d’une AOC à majorité rosés à 77,5 %, la production historique de rouges étant descendue à 18 %. Elle compte, sur 1560 hectares, 63 caves particulières (dont 59 produisent des rouges) et 300 coopérateurs répartis en trois caves (Moulin de la Roque, la Cadiérenne et Caves d’Azur). Elle produit en moyenne entre 51 000 et 58 000 hl par an selon les millésimes. Le pari de Cédric Gravier est de « re-fédérer tous les acteurs dans un contexte de démotivation générale. Les actions étaient suivies par une minorité et le fossé s’est creusé entre les domaines les plus dynamiques et les autres, peut-être par manque de communication. Il faut remettre tout le monde autour de la table, y compris les coopératives qui représentent la moitié des volumes de Bandol ».

Guillaume Tari avait lancé le dossier de la modification du cahier des charges, en cours d’instruction à l’Inao ; il avait été voté l’an dernier la réduction de l’élevage obligatoire en fûts de 18 à 12 mois avec 6 mois complémentaires en bois, cuve, amphore ou bouteille avant la commercialisation. Une mesure qui pourrait permettre de varier les profils de vin et peut-être mieux adaptée aux petits millésimes mais qui reste très contestée dans l’appellation. L’Inao devrait se prononcer dans les prochains mois sur le sujet.

Stress hydrique à l’étude, mourvèdre à revoir

Par ailleurs, une étude sur le stress hydrique a été lancée pour comprendre ses effets sur la vigne et essayer de trouver différents moyens pour y remédier (irrigation, enherbement, choix du matériel végétal, taille, méthodes culturales…). « 17 parcelles sont actuellement suivies avec sondes et analyses de sol pour évaluer l’impact du stress hydrique avec des chiffres afin de proposer aux vignerons un véritable outil d’aide à la décision et de pilotage, précise Olivier Colombano, responsable technique de l’ODG. L’irrigation n’est pas autorisée dans l’appellation, même sous dérogation, mais nous aurons au moins des données précises si un jour, on se posait la question de modifier le cahier des charges. »

Autre dossier voté l’an dernier et que suivra de près le nouveau président, l’autorisation de produire un bandol à 100% mourvèdre. Actuellement, le cépage roi de l’appellation doit entrer au minimum à 50% et au maximum à 95% dans les vins rouges (entre 20 et 95% dans les rosés) mais nombre de vignerons demandaient la possibilité de faire un 100% mourvèdre puisque le cépage est l’âme du bandol. Là encore, la décision est entre les mains de l’Inao, le dossier étant suivi de près par Jean-François Ott des domaines éponymes, nouveau responsable de la commission en charge du dossier.

Maintenir la production de rouge

Cédric Gravier a repris l’exploitation familiale en 1996, des vignes qui appartenaient à ses grands-parents maternels, coopérateurs à la cave du Moulin de La Roque. « Mon grand-père aimait être dans ses vignes et ses oliviers mais ne s’intéressait pas beaucoup à la vinification ni à la vente ; il a donc fallu créer une cave et un caveau. Le domaine d’une quarantaine d’hectares à l’époque s’est agrandi à une soixantaine mais très morcelé comme beaucoup de domaines bandolais. Nous avons une parcelle d’un seul tenant de 28 hectares, Les Lauves, le reste sur les deux communes de La Cadière et Le Castelet ». La Suffrène produit aujourd’hui environ 250 000 bouteilles à 85-90% en AOP. La production est à 70% en rosé, 25% en rouge, le reste en blanc « et le vrai combat est de maintenir des volumes en rouge alors que l’on nous demande surtout des rosés », conclut Cédric Gravier.