Vendredi 22 Novembre 2024
Photo Archives Sud-Ouest
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08.11.2016
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Le nombre de domaines viticoles en biodynamie ne cesse de croître comme en témoigne la croissance, y compris internationale, du syndicat SIVCBD et de son label Biodyvin.
Biodynamie ou pas, le millésime 2016 a été très compliqué sur l’ensemble des vignobles. Les défis ont été nombreux pour les vignerons, à commencer par la forte pression des maladies cryptogamiques, causée par la douceur de l’hiver et du printemps couplée à une pluviométrie record. Vincent Desaubeau des champagnes Françoise Bedel rappelle ainsi que « le mildiou fut très rapidement dévastateur allant jusqu’à des récoltes nulles pour certaines parcelles ». Le gel du 27 avril a également été dramatique dans différents vignobles, que ce soit dans la Loire ou en Bourgogne, « attaquant largement le potentiel de production » comme en témoigne François Chidaine à Montlouis-sur-Loire. A l’inverse, le sud de la France et notamment le Roussillon a fortement souffert de la sécheresse…
La biodynamie ne peut évidemment pas à elle seule empêcher tous les maux. Toutefois, son impact sur les sols, les vignes est réel. Pour Olivier Humbrecht, président du SIVCBD (syndicat international des vignerons en culture bio-dynamique), « la biodynamie n’est plus perçue comme quelque chose de farfelu. Elle est désormais professionnelle. Les grands domaines l’ont compris et n’ont plus peur d’avancer dans cette voie. De 17 membres en 2002, le SIVCBD dépasse aujourd’hui les 120 adhérents et ce sont chaque année une dizaine de domaines qui nous rejoignent sur les 25 candidats dont nous étudions le dossier ». Cette tendance touche toutes les régions, et particulièrement la Loire, le Rhône et la Bourgogne. De grandes maisons comme Trapet, Liger-Belair ou bien encore Pierre Morey ont le label Biodyvin. Mais à la différence de Demeter, le principal label « biodynamie » (dont il est toutefois très proche en termes d’exigences techniques), ce dernier procède à un contrôle externe annuel par Ecocert (un organisme de contrôle) du respect du cahier des charges et impose une obligation de résultat quant à la qualité des vins qui sont commercialisés. Très majoritairement français, le SIVCBD s’ouvre aussi progressivement à l’étranger. Outre 2 domaines allemands, des domaines portugais et italiens pourraient ainsi prochainement être labellisés.
Pragmatisme et tolérance
Le SIVCBD joue un rôle clé dans la structuration de la biodynamie dans la viticulture française. Certainement parce cette structure développe une approche adogmatique et pragmatique. La position sur le soufre utilisé lors des vinifications apparaît par exemple mesurée. Pas de diabolisation quant à son utilisation même si, évidemment, les réflexions tendent à aller vers une moindre utilisation lorsque c’est possible. La tolérance est d’ailleurs de mise vis-à-vis des adhérents. Ceux-ci ne seront pas exclus pour avoir dépassé exceptionnellement les doses maximales de soufre afin de sauver une cuve problématique au moment des fermentations. Olivier Humbrecht n’hésite pas non plus à poser sur la table les points sensibles qui se posent pour demain. Concernant la maladie de la flavescence dorée, il évoque sans détour le cas de conscience que pourrait poser l’utilisation de traitements synthétiques, moins chers et ciblant plus précisément l’insecte (la cicadelle) tant incriminé, que les traitements naturels plus destructeurs sur le vivant.
L’avenir législatif de la biodynamie est aussi un vrai sujet d’interrogation. Le SIVCBD montre en effet une volonté de faire converger son cahier des charges d’ici 1 à 2 ans avec celui de Demeter. Cela permettrait d’anticiper une future legislation sur la biodynamie au niveau national voire européen. Mieux vaut anticiper cette évolution inéluctable en étant proactif que de subir le moment venu une législation qui ne serait pas bien adaptée aux enjeux futurs. En attendant, le SIVCBD forme ses membres, organise des réunions d’échange de bonnes pratiques entre adhérents pour continuer d’améliorer la pratique biodynamique. Presque inexistante il y a 20 ans, celle-ci se diffuse rapidement. Nul doute que ce n’est que le début.
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