Dimanche 17 Novembre 2024
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09.07.2015
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Dès octobre 2012, deux plaintes avec constitution de partie ont été déposées contre les dirigeants du site de vente en ligne 1855.com. Quelques mois plus tard, le parquet ouvrait une information judiciaire. Retour sur un marathon judiciaire qui n’en est pas à son premier rebondissement.
Deux informations judiciaires ont donc été ouvertes contre les dirigeants du site 1855.com, Emeric Sauty de Chalon et Fabien Yon. Jusque-là, la discrétion avait été de mise sur ces procédures. Mais avant celle de Paris, évoquée récemment dans le quotidien « Aujourd’hui en France », une première information judiciaire avait été ouverte par le parquet de Bordeaux en juillet 2013. Elle a eu pour origine deux plaintes avec constitution de partie civile déposées quelques mois plus tôt par l’avocate bordelaise Me Hélène Poulou au nom de l’un de ses clients, un Bordelais qui comme des milliers d’autres personnes n’a jamais reçu les vins achetés en primeur sur le site de 1855, mais également pour le compte du Conseil des grands crus lassés de 1855, présidé par Philippe Castéja. Le conseil a été suivi dans cette démarche par le CIVB (Conseil interprofessionnel des vins de Saint-Emilion) et par les négociants bordelais représentés par l’Union des maison de Bordeaux que préside Allan Sichel.
La justice qui, jusque là n’a pas montré un grand dynamisme dans le volet pénal de ce long dossier, va certainement décider de joindre les deux informations judiciaires. Du côté de Bordeaux on aspire à ce que ce soit la juridiction locale qui soit saisie. D’autant qu’elle dispose avec la Juridiction interrégionale spécialisée, de l’outil qui peut permettre de mener toutes les investigations nécessaires.
Philippe Castéja souhaite que ce soit le cas. « Je pense que la juridiction régionale est en mesure de mieux comprendre la nature des difficultés causées par les agissements des dirigeants qui menaient le site 1855.com, dit-il. Il y a eu des répercussions économiques importantes. Nous avons choisi de nous porter partie civile parce qu’il y a eu un détournement de la marque 1855 dans le but d’abuser le public. Ce qui a affecté l’image des grands crus bordelais puisque les gens se tournaient vers nous lorsqu’ils n’étaient pas livrés, mais nous ne pouvions rien faire. »
Bernard Farges, président du CIVB, va dans le même sens. « Beaucoup de gens ont été trompés et beaucoup de viticulteurs ont été mis en cause à cause des gestionnaires de ce site Internet. La question de l’image est essentielle pour nous. Nous avons entrepris d’importants efforts pour développer la qualité des vins, l’accueil. Nous avons été reconnu avec le classement par l’Unesco. Ces agissements venaient affecter tout ça. Ce qui a touché l’ensemble du vin de Bordeaux. C’est aussi nuisible pour l’ensemble du commerce en ligne de vin qui se développe et que de tels comportements ternissent. »
L’ensemble du groupe créé par Emeric Sauty de Chalon et Fabien Yon a été mis en liquidation judiciaire en janvier dernier par le tribunal de commerce de Paris après bien des péripéties. Me Hélène Poulou, qui défend les intérêts de 450 clients (sur 11 000 qui se sont fait connaître depuis que des procédures sont engagées) a joué un rôle clé pour mettre en lumière les aspects les plus nébuleux de ce lourd dossier. Il reste que bien des questions demeurent sans réponse. Clients non livrés et filière professionnelle du vin de Bordeaux aimeraient comprendre ce que sont devenus les 40 millions d’euros de commandes de vins primeurs non livrées. Ils s’interrogent aussi sur les levées de fonds faites depuis le milieu des années 2000 par les dirigeant du groupe qui s’appelait à l’époque SA 1855 puis qui, pour des raisons que l’on peine à comprendre a pris le nom d’Héraclès.
A noter, que la société Ovalto Investissement, présidée par Jacky Lorenzetti (propriétaire du château Pédesclaux à Pauillac), a racheté il y a quelques jours la marque 1855 au tribunal de commerce de Paris dans le but de la recéder à l’association regroupant les crus classés en 1855.
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