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Cabardès : l’appellation mi-ange, mi-démon

Le domaine Pons-Loupia de Nathalie et Philippe Pons, précurseurs du bio à Cabardès.

Auteur

Anne
Serres

Date

07.10.2015

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Les vins de l’appellation Cabardès reflètent dans leurs assemblages une double personnalité, entre Méditerranée et Atlantique. Le Languedoc rencontre le Bordelais avec malice et bonheur !

L’appellation Cabardès est l’une des plus occidentales du Languedoc. Au nord de Carcassonne, elle s’étend à seulement 50 kilomètres de la ligne de partage des eaux (les rivières qui prennent source à l’ouest de ce seuil se jettent dans l’Atlantique, celles qui prennent leur source à l’est se jettent dans la Méditerranée). De fait, l’appellation Cabardès connaît un climat méditerranéen (2200 heures de soleil par an !) mâtiné d’influences atlantiques portées par le vent dominant, le Cers, venu du Nord-Ouest.

Son encépagement s’en ressent : sur les sols les plus profonds et les plus frais, le Merlot s’épanouit. Sur les sols plus maigres, plus drainants et qui regardent vers la Méditerranée, c’est le Grenache. Entre les deux, la Syrah et le Cabernet trouvent leur compte.

Complètement à l’ouest

L’appellation impose un assemblage composé à 40% de cépages méditerranéens (Grenache et Syrah) et 40% de cépages atlantiques (Merlot et Cabernet Sauvignon). Chaque domaine utilise les 20% qui restent pour renforcer l’un ou l’autre visage de son vin, ou encore ajouter des cépages du Sud-Ouest, Côt (ou malbec, étoile noire des vins de Cahors) et Fer Servadou (essentiel dans les vins de Marcillac et obligatoire dans ceux de Gaillac où on l’appelle Braucol).

Deux producteurs pèsent près des deux tiers de la production de l’appellation, deux domaines familiaux. Le premier est historique, fondé en 1620 et aujourd’hui très investi dans l’oenotourisme : il s’agit des Vignobles Lorgeril, dotés d’un restaurant à l’entrée de Pennautier, de l’emblématique Château de Pennautier, le Versailles du Languedoc bâti en 1620 et rénové dans le strict respect de l’esprit du lieu par Miren de Lorgeril. L’épouse de Nicolas de Lorgeril est une femme de tête, férue d’Histoire, présidente dynamique et impliquée du cru Cabardès.

L’autre domaine, en plein renouveau, les vignobles Alain Maurel, sont devenus devenus Maison Ventenac, avec l’arrivée du gendre et de la fille d’Alain Maurel aux commandes. Ils ont revu la gamme, démarré une activité de négoce et parient eux aussi sur les atouts de l’AOC.

Avec les tours de Carcassonne sur son flanc sud, l’appellation joue de ses avantages touristiques tout en pratiquant une viticulture respectueuse de l’environnement. Le vent souffle ici 117 jours par an, ce qui espace les traitements (c’est le cas avec le vent dominant, le Cers, vent sec du nord-ouest ; quand le marin souffle de la mer, au contraire, la pourriture guette !) La pratique de l’agriculture biologique est répandue dans l’appellation, avec des précurseurs, en particulier au Château de Brau et le domaine Pons-Loupia (photo d’ouverture).

2015 : « un millésime magnifique »
2015 s’annonce très beau à Cabardès, nous confie Jean-Marie Bertrou au domaine de Parazols (en photo ci-dessus) « contrairement à d’autres zones du Languedoc, nous n’avons pas eu une goutte d’eau en août, mais le millésime est très beau. Le Merlot et le Cabernet ont profité des sols profonds sur lesquels ils sont plantés et n’ont pas manqué d’eau. La Syrah et le Grenache, sont habitués à nos étés chauds, secs et venteux, et n’ont pas souffert. A l’arrivée, c’est un très beau millésime avec beaucoup d’intensité colorante et aromatique, sur de bons rendements ! »

Nos coups de cœur :

– On connaît les cuvées soignées, à la fois luxueuses et authentiques du Château de Pennautier en rouge, le rosé gagne à être connu, rosé d’altitude marqué par beaucoup de finesse. Au rayon rosé, le Château de Brau propose un vin très élégant et parfumé à ne pas manquer.

– En rouge, il faut découvrir la gamme de la Maison Ventenac, menée par Stéphanie et Olivier Ramé avec un coup de cœur pour la Grande Réserve de Georges (30 % Cabernet Sauvignon, 30 % Merlot, 35 % Syrah et 5 % Grenache) élevé en barrique, merveilleux de profondeur et de complexité.

– Pour leur humour qui n’a d’égal que la qualité de leurs vins, on retient le domaine de Parazols et ses cuvées ni-Ange ni-Démon, assemblage paritaire de Cabernet-Merlot/Grenache-Syrah, mais aussi Le Souffle des Dieux, assemblage de Merlot, Cabernet Franc, Syrah issus de vieilles vignes, délicieusement croquant et long en bouche.

– Et pour finir, dernier arrivé sur l’appellation, Guilhem Barré (photo ci-dessous) assume son coup de folie et produit des vins de fruit, toujours tendus et fins, un vrai régal.

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