Lundi 23 Décembre 2024
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23.04.2015
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Le plus ancien groupement de vignerons champenois sait que l’union fait la force. Sa bouteille « Special Club » vous permet de déguster toute la Champagne à un certain niveau d’exigence. Et une boutique-vitrine va bientôt ouvrir.
C’est la première association de vignerons en Champagne, puisqu’elle a vu le jour en… 1971 ! Si en 40 ans certains vignerons ont changé et d’autres ont passé le relais à leurs enfants, l’objectif, lui, est resté intact : celui de promouvoir des vignerons très différents, mais animés de passion et partageant la même conviction qualitative.
Au cœur du dispositif, la cuvée « Special Club » et sa bouteille à la forme si particulière, épaulée du blason du club. A l’intérieur, non seulement le nec plus ultra de chaque domaine, mais aussi des cuvées qui se veulent le haut du panier de la production champenoise, toujours en millésimé. Jugez plutôt : lorsqu’un vigneron estime certaines de ses cuvées d’un millésime prometteur et digne d’un « Spécial Club », les 25 vignerons sont convoqués comme jury de dégustation à l’aveugle sous la houlette de l’œnologue indépendant Philippe Benoît. Si le vin clair atteint une note minimum de 15/25, et l’avis favorable de 4 œnologues présents, alors il obtient le fameux sésame pour acheter les bouteilles « Special Club » où effectue sa champagnisation. 3 ans minimum après, au moment de la mise en marché, re-belotte, avec de nouveau le risque de ne pas atteindre l’exigence du précieux label (10 fois en 40 ans !).
Le club Trésors de Champagne, c’est aussi un peu un esprit mousquetaire : le sentiment de faire partie d’un « cercle de qualité de champagnes de propriété » et l’entraide. « Si en 30 ans nous avons beaucoup évolué sur l’export, c’est grâce au club, reconnaît René Goutorbe du champagne Henri Goutorbe à Aÿ. Nous y avons connu les Bara, les Gimmonet avec qui nous partageons désormais des importateurs communs. » Au salon Trésors de Champagne de la « Champagne Week », ce sont ainsi plus de 300 cavistes, importateurs, sommeliers, journalistes de tous les pays qui sont venus.
« Les règles sont claires, renchérit Cédric Moussé du champagne Moussé Fils à Cuisles. Le club apporte beaucoup ; en retour il faut en respecter l’exigence. Beaucoup de vignerons ont travaillé à faire connaître le club depuis 40 ans. Nous bénéficions d’une vraie notoriété aux USA, en Pologne, en Italie ; certains importateurs demandent à distribuer en exclusivité les vignerons du club. » C’est un peu le paradoxe de l’affaire : si Trésors de Champagne est très reconnu à l’étranger, en revanche sa notoriété est encore limitée en France.
Pignon sur rue à Reims
C’est pourquoi l’association s’apprête à ajouter un étage à la fusée, en créant une vitrine dans le très branché quartier du Boulingrin à Reims. Une boutique, un espace dégustation, des ateliers champagne, et 200 références de bouteilles (toutes proposées aussi au frais !) des vignerons du club. Sans oublier l’intérêt logistique, puisqu’il sera désormais possible de vendre et d’expédier des cartons panachés comprenant des champagnes issus de tout le vignoble. Le tout dans un espace très design piloté par l’architecte Carlos Pujols, et dont l’ouverture officielle est prévue fin mai.
Un espace de vente créé par des vignerons, voilà qui n’est pas courant !
Joëlle W. Boisson
Quelques cuvées « Spécial Club » dégustées sur le salon :
– Champagne Nominé-Renard, Villevenard, millésime 2010 (35 €) : 80 % chardonnay, 20 % pinot noir du Sézannais. Encore du potentiel de vieillissement. Fleurs blanches, abricot, ananas, bonbon-pastilles aux fruits. En bouche, très bel équilibre entre volume et fraîcheur, finale crayeuse.
– Champagne Henri Goutorbe, Aÿ, 2005 (37 €) : 70 % pinot noir, 30 % chardonnay. Champagne or cuivré, maturité éclatante, puissance des pinots noirs d’Aÿ. Cire, safran, baroque. Bouche sur du velours crémeux. Finale pointue salivante, aromatique badiane.
– Champagne Pierre Gimonnet et Fils, Cuis, 2009 (40 €) et 2008 (48 €). Les deux millésimes sortent en ce moment, simultanément, sur le marché. Comparaison intéressante de deux très grands champagnes. 2009 « Grand terroir de chardonnay » est la grande surprise d’un millésime qu’on avait un peu sous-estimé. Nez très complet déjà vers la complexité. Agrumes bien mûrs, madeleine, touches grillées, finale pure et crayeuse.
2008 « Millésime de collection » est un grand millésime qui pourra encore attendre très longtemps. Précis, pointu, beaucoup de matière mais tout en nuances, sur la retenue. Texture fine, acide et très crayeuse.
– Champagne Moussé Fils, Cuisles 2011 (30 €). Voilà un champagne qui prend le contrepied ! 100 % pinot meunier, millésime 2001 peu porté par la critique. Bouche tendue, nez de fleurs et d’agrumes, on est loin des poncifs du meunier ! Dégorgé depuis un mois seulement, le vin est encore un peu bousculé, difficile à juger. Mise en marché prévue en juillet.
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