Jeudi 26 Décembre 2024
Vignoble corse : Barbaggio avant l'incendie (photo F. Hermine)
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10.10.2016
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A l’heure des vendanges en Corse, les volumes devraient être légèrement en baisse comparés à 2015 mais pas par rapport à la moyenne quinquennale. Les blancs s’annoncent prometteurs, les rouges concentrés.
Le ministère de l’agriculture estimait il y a quelques jours la baisse de récolte en Corse de l’ordre de 6% par rapport à 2015 qui était montée à près de 360 000 hl ; elle sera sans doute plus importante, aggravée par la sécheresse jusqu’à la fin des vendanges. Mais la moyenne quinquennale ayant été établie à 331 000 hl en 2015, l’estimation à 333 000 hl serait donc dans les clous (et même en légère hausse). La Corse grâce à ses nouvelles plantations et à des extensions de propriétés sur quelques ha tend à s’approcher d’une production de 400 000 hl. « Nous avons craint le pire car la canicule avait commencé à bloquer les maturités fin août et nous avons vendangé jusqu’à début octobre avec des journées à 26-28°C et des nuits qui ne descendaient pas en dessous de 20-22°C, précise Bernard Sonnet, directeur des vins de Corse. Une situation d’autant plus inquiétante que nous n’avions quasiment pas eu de pluie depuis le printemps ».
Les vendanges ont été très étalées entre le 20 août et le 3 octobre. Elles ont démarré avec le muscat petits grains et le bianco gentile qui murissent tôt et se sont terminés avec le niellucciu et le sciaccarellu plus tardifs. « Ce sont sans doute les muscats qui ont le plus souffert de la sécheresse tandis que le vermentinu donnera de beaux blancs cette année, avec à la fois la maturité et l’acidité, estime Mathieu Marfisi (Clos Marfisi), jeune président de l’appellation Patrimonio. Pour le niellucciu, la récolte sera particulièrement hétérogène avec un recul de l’ordre de 25%, notamment sur les granits des Agriates, et il a eu du mal à arriver à maturité sur les schistes et la plaine alluvionnaire. Cela va donner des rosés forcément plus colorés de par la concentration ; pour les rouges, on verra à la vinif ». Sur Calvi, Pierre Acquaviva (Domaine Alzipratu) s’attend également à « de jolis blancs bien équilibrés mais à des rouges très concentrés, voire confiturés à cause du flétrissement du sciaccarellu qui craint les années solaires, mais sur des tanins déjà bien fondus. Il est clair que les degrés s’affolent et que le réchauffement climatique se fait sentir de plus en plus ».
Pas de pluie ni de gel mais l’incendie
Les vendanges 2016 présagent donc d’une grande hétérogénéité selon les parcelles et les cépages, d’où des volumes très variables, plutôt en baisse sur Calvi et Patrimonio, stables et même un peu en augmentation sur la côte orientale grâce à de jeunes vignes qui entrent en production. Mais au global, le millésime s’annonce de bonne qualité grâce à des raisins sains sans pluie mais aussi sans grêle ni gel d’hiver. 2016 sera toutefois entaché par le grand incendie à flanc de montagne sur Barbaggio dans l’AOC Patrimonio. Il a réduit en fumée plus de 500 ha et abîmé quelques rangs des domaines Devichi, Montemagni et San Quilico. « Le feu n’a fait que lécher les abords des parcelles mais les pieds ont été asséchés et les vignerons feront plutôt du rosé. Finalement, c’est l’eau salée des Canadairs qui va peut-être causer plus de dégâts sur les ceps, même si les pompiers ont rincé à l’eau douce dès le lendemain. Et comme il n’y a plus de végétation à flanc de montagne, on peut craindre des coulées de boues en cas de fortes pluies cet hiver ».
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