Vendredi 22 Novembre 2024
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17.09.2013
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Très durement frappé il y a trois mois par les orages de grêle qui se sont abattus sur les vignobles de la Loire, François Chidaine, vigneron emblématique de Montlouis et Vouvray, fait le point sur ce millésime 2013.
C’était à la fin du mois de juin, et nous en parlions ici. Un violent orage de grêle venait de s’abattre sur la région de Tours, privant d’électricité plus de 13 000 foyers, ravageant les vignes de l’appellation Vouvray. Parmi les viticulteurs les plus touchés par ces intempéries : François Chidaine, vigneron « star » de la région et président de l’appellation Montlouis-sur-Loire. Un vigneron désemparé, qui n’avait que des larmes pour réagir à ce sinistre qui le frappait pour la deuxième année consécutive.
Trois mois après cette épreuve, à l’heure où les vendangeurs commencent à revenir dans les vignes de France, nous avons contacté François Chidaine pour faire le point sur ce « maudit » millésime 2013. Et il nous confirme le bilan qui avait été dressé en juin : « j’ai 100% de perte à Vouvray, je ne ferai pas de vendange. J’ai acheté un peu de raisin à un autre propriétaire pour produire un peu de vouvray en activité négoce, mais c’est tout. A Montlouis, j’ai eu 40% de perte à cause du gel. Cela va forcément impacter la récolte, mais là aussi j’ai trouvé des raisins sur une autre propriété. Cela va m’aider à trouver un équilibre ». Du côté de ses confrères, François Chidaine décrit une situation « très hétéroclite. Ce Sont les villages les plus à l’Est qui ont été impactés ; sur l’ensemble de l’appellation Montlouis, il doit manquer entre 20 et 30%. Le souci est que c’est consécutif à 2012, où l’on avait déjà perdu une grande part de la récolte à cause des intempéries ».
Quatre à cinq semaines de retard pour les chenins
Une double catastrophe dont les conséquences sont d’abord économiques : « chez moi l’année dernière, il y avait des stocks, poursuit François Chidaine. On avait imaginé le pire, mais pas sur deux années. En 2014, cela va être très compliqué, avec très peu de vin à vendre. Nous sommes en discussion avec les banques, on attend des réponses de leur part. Elles sont moins pressées que nous ». Si cette baisse fulgurante de la production devrait avoir une incidence sur le prix du vin, François Chidaine n’a pas une immense marge de manœuvre – entre 5 et 10% sur les deux millésimes.
Quant à la qualité de ce millésime 2013, « c’est encore trop tôt pour se prononcer. Cela se dessinera quand on commencera à vendanger les raisins, mais pour l’instant on a deux à trois semaines de retard par rapport à une année normale, voire quatre à cinq pour le chenin ». François Chidaine envisage de démarrer la première semaine d’octobre avec les sauvignons blancs, en appellation Touraine. Les chenins sur Montlouis seront beaucoup plus tardifs, pas avant fin octobre. « On a l’objectif de ne faire que des vins secs cette année, ce sera très difficile de faire du demi-sec, à moins d’avoir une arrière-saison exceptionnelle. Dans le cas contraire, il faut à tout prix éviter le botrytis, sinon il faudra se dépêcher de vendanger. Pour l’instant l’état sanitaire des vignes est correct, mis à part une présence de mildiou qui est contenue. Mais au niveau des indices de maturité, on est encore loin du compte. On croise les doigts pour que l’arrière-saison soit belle ». Et pour que l’année 2014 soit plus clémente.
Mathieu Doumenge
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