Vendredi 27 Décembre 2024
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18.04.2018
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Le vin passionne les universités et grandes écoles, qui se retrouvent autour de compétitions de haut vol. Illustration il y a quelques jours au CAV’iT, challenge organisé par Agro Paris Tech chez la Maison Ruinart.
Chaque année au printemps, les grandes écoles s’affrontent non seulement au travers de compétitions sportives, mais aussi sur le terrain… du vin. Car en plus d’avoir la tête bien faite et la tête bien pleine, le portrait-robot de nos futures élites comprend désormais aussi un palais éduqué, voire une langue bien pendue !
La plupart des grandes écoles et universités françaises et internationales accueillent désormais dans leur campus des clubs « d’œnologie » (comprendre, de dégustation) dont le niveau de professionnalisme n’a rien à envier à des formations d’élite à la dégustation. Ils s’appellent Sup de Coteaux (EM Lyon Business School), HEC Grand Cru, X-Œnologie (Polytechnique), Dauphine Œnologie, ŒNS (Normale Sup et Ecole des Chartes), In Vino Veritas (Sciences Po Paris), Elyxir (ESSEC) etc. Ils regroupent souvent une centaine de membres. Ils font appel à des sommeliers, des journalistes, des Master of Wine pour éduquer leurs équipes.
Cet engouement dépasse largement nos frontières. L’Ecole hôtelière de Lausanne, Copenhagen Business School, St-Andrews, Oxford, Cambridge, Cornell University et même la Chinese University of Hong-Kong préparent désormais des champions de la dégustation. « C’est important dans le monde des affaires et pour nos jeunes diplômés d’avoir une connaissance des vins. La culture du vin est grandissante en Chine et c’est un bon outil social », explique Raymond Luk, professionnel du vin à Hong Kong, qui anime le club d’œnologie de l’université. Enseignante à l’Université de Cornell (New York), Cheryl Stanley propose un cours volontaire et optionnel sur le vin et la dégustation… son amphi est plein de 200 étudiants ! Chaque année, elle sélectionne et accompagne les 3 meilleurs en Europe aux concours des grandes écoles.
Des concours de haute volée
Lancés au début des années 2000 avec la Left Bank Bordeaux Cup (Coupe de Bordeaux Rive Gauche), les concours des clubs d’œnologie des grandes écoles se sont multipliés au point que les étudiants s’y préparent aujourd’hui comme une saison sportive. « Dans les deux mois qui précèdent les épreuves, nous nous entraînons trois fois par semaine à la dégustation et la reconnaissance à l’aveugle de vins du monde entier, explique Domen Prešern, étudiant tchèque en thèse à Oxford, qui ajoute malicieusement : j’ai l’impression que mon doctorat en chimie interfère sur ma formation à la dégustation ! »
Des concours d’initiative étudiante, que soutiennent aujourd’hui des marques, des châteaux, des médias comme Terre de vins et qui, cocorico, se déroulent jusqu’à présent uniquement en France. Leur organisation est une véritable entreprise. Leur déroulé, une compétition de haut vol, comme en témoigne Julien Lancelot, président de cette édition du CAV’iT qui a géré en période de grèves une logistique pointue de bouteilles et de dégustateurs internationaux !
Lyon, vainqueur à 2,5 points
Vendredi dernier, la troisième édition du concours d’Agro Paris Tech s’est donc déroulée dans le cadre prestigieux de la Maison Ruinart, alternant deux séries de tests et une conférence scientifique. La première partie était consacrée aux épreuves théoriques : « De quel croisement est issu le cépage pinotage ? », « Combien de temps minimum un champagne non millésimé doit-il rester en élevage sur ses lies ? », « Quel pays partage l’appellation Tokay avec la Hongrie ? ».
Puis suivaient les redoutables épreuves de dégustation à l’aveugle, où il s’agissait de découvrir et décrire, par exemple pour la série des blancs : un sancerre (Domaine des Terres Blanches, Chêne Marchand 2014), un alsace riesling (Hügel Grossi Laüe 2011), un étonnant collioure blanc (Domaine Augustin Adéodat 2016), un non moins suprenant Tokaji sec furmint (Homoky Andras 2015).
Spécificité d’Agro Paris Tech, une conférence technique animée par le chercheur Gabriel Lepousez a initié les étudiants sur les neurosciences et la perception sensorielle. Enfin, la proclamation des résultats a installé un suspense insoutenable, propulsant dans le duo de tête l’EM Lyon Business school et Oxford avec un suspense insoutenable. Au final, et avec seulement 2,5 points d’avance (158,5 versus 156), c’est Lyon qui gagne la compétition. Revanche promise dans un mois, à Lyon, où l’école de commerce organise à son tour son challenge œnologique !
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