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Grignan-Les-Adhémar : le succès de la seconde chance

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

09.03.2016

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Passée des encombrants Coteaux du Tricastin à l’imprononçable Grignan-Les-Adhémar, l’appellation entendait bien ne pas laisser passer cette seconde chance en misant sur la qualité et en troquant l’image de la centrale contre celle de la truffe et de la marquise.

« On ne pensait pas aller aussi vite même si il y a encore du chemin à faire » reconnaît Henri Bour, le président de l’appellation Grignan-Les-Adhémar à l’est du Rhône, en Drôme provençale. Il y a 6 ans, nous avions encore une AOC Coteaux du Tricastin abîmée en image, par l’homonymie avec la centrale nucléaire, et en voie de disparition même car à qualité décevante. Grâce au changement de nom, nous avons bénéficié d’une seconde chance qui a permis de regrouper les vignerons autour d’une démarche solidaire et qualitative ».

La carte syrah et viognier

Le cahier des charges a été revu drastiquement en termes de rendements à l’hectare, de contrôle qualité, interdiction de désherbage total… Une étude de sols a été réalisée récemment par l’oenogéologue Georges Truc. L’ODG a misé sur un renforcement de la syrah en rouge, du viognier en blanc. Une typicité qui pourrait être renforcée dans les années à venir. Les rouges (72% de la production) y ont gagné en fraicheur, le grenache en limite septentrionale peinant à mûrir certaines années. Les vins sont plus équilibrés et élégants, aux tanins souples et fondus, évoluant avec les années sur des arômes de champignons, de cuir et de sous-bois. Et le comté de Grignan devrait vite devenir l’autre pays du viognier complété souvent par du grenache blanc, avec des blancs frais et délicats, sans lourdeur dans cette AOC, « la plus septentrionale du Sud de la vallée du Rhône » rappelle Henri Bour. Ils ne représentent actuellement que 10% de la production mais pourraient se développer à moyen terme. Seuls les rosés (18%) peinent encore à trouver leur place et un air de famille.

L’intérêt du négoce et de l’export

Le millésime 2015, à la fois qualitatif et quantitatif (près de 59 000 hl) devrait aider l’appellation à faire parler d’elle. Des transactions en vrac en forte augmentation (moins de 10 mois en stock) et dont le prix a quasiment doublé en 5 ans, un regain d’intérêt du négoce rhodanien et des ventes également en forte hausse à l’export (passé de 11 à 27% en un an, surtout vers la Grande-Bretagne, la Belgique et la Chine) témoignent du succès de la démarche. Les vins restent d’un bon rapport qualité-prix « et on trouve de plus en plus de cuvées franchissant la barre des 10 €, ce qui est pour nous un pas de géant » complète Alain Bayonne, directeur de La Suzienne. La marge de progression est d’autant plus grande que seuls 40% des vins partent en bouteilles sur l’appellation. Les investissements du Conseil départemental dans le château de la marquise de Sévigné à Grignan (5 M€) devrait par ailleurs boosté le tourisme au caveau. « Et les vins profitent aussi de l’image de la truffe, sur les marchés de novembre à mars, avec un festival en février, conclut Philippe Fabrol (domaine Bonetto-Fabrol). A goûter sur les rouges mais surtout sur les blancs.

Notre sélection de producteurs :
Domaine Bonetto-Fabrol
Domaine de Grangeneuve
Domaine Ferrotin
Domaine de Montine
Domaine des Rosier
Domaine du Serre des Vignes
La Suzienne


Photo F. Hermine