Dimanche 22 Décembre 2024
Photo : Château Le Châtelet, Saint-Emilion.
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Date
28.04.2017
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Face aux nuits froides et aux gelées dans le bordelais, un tonnelier offre une solution solidaire et collective à ses clients avec le sens de l’intérêt commun.
Il est des nuits que l’on aimerait oublier. Surtout quand Dame Nature n’en fait qu’à sa tête. Les dernières nuits en Bordelais et dans les autres régions françaises seront marquées à jamais de ce sceau virgilien qui laisse à penser aux vignerons qu’ils sont parfois peu de choses face aux évènements naturels. Abattement, désespoir, tout en eux doit résonner en négatif. Heureusement, il existe des initiatives collectives et gratuites qui démontrent que le monde du vin est une grande famille.
Observant les dégâts engendrés chez ses clients, Lionel Kreff, de la tonnellerie Baron située aux Gonds (17), a mis en place un élan de générosité aussi généreux que dénué de toute idée commerciale. « À la tonnellerie, nous avons une centrale de récupération des poussières de chêne avec laquelle nous produisons des buchettes compressées ». Buchettes vendues dans les jardineries alentour ou auprès de pizzerias locales servant de combustible domestique ou professionnel.
« Nous avions 100 tonnes de ces buchettes à disposition et l’idée nous est venue de les proposer à nos clients ».
Face aux gelées nocturnes et matutinales, dévastatrices en ces périodes printanières, les vignerons disposent dans les vignes des bougies spéciales qui réchauffent l’air et produisent une fumée protectrice. « Or les bougies sont en rupture » affirme Lionel Kreff, laissant les vignerons désarmés.
En contactant ses clients, dont certains sont résignés et ont refusé cette aide, une solution a rapidement été mise en place. « Nous avons fait des essais pour voir si cela fonctionnait correctement dans la fin de matinée, puis vers 21 heures nous avons fait livrer des camions de buchettes chez nos clients ».
Buchettes installées aussitôt puis allumées entre 4 et 5 heures du matin, au moment fatidique. Une aide bienvenue, car les hélicoptères ont interdiction de voler la nuit et ne peuvent décoller qu’une heure après le lever du jour, laissant les parcelles les plus vulnérables sans protection.
Cela a permis au Château Les Carmes Haut-Brion, sur les parcelles de Martillac et surtout au Château Le Châtelet à Saint-Émilion, déjà affaibli par une perte de près de 40% de sa future production, de sauver les vignes encore non affectées.
Une initiative collective donc, qui peut déboucher sur des solutions d’avenir efficaces. « Ce n’est pas grand-chose », affirme Lionel Kreff, « mais il y a quelque chose à faire pour plus tard », affirme-t-il de manière positive comme pour contrebalancer l’horrible épisode de gel de ces derniers jours.
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