Samedi 23 Novembre 2024
(photo JM Brouard)
Auteur
Date
11.09.2017
Partager
A la tête d’un immense groupe viticole, Jean-Charles Boisset innove et ose casser les codes du monde du vin, en proposant notamment une collection atypique de vins principalement américains.
Boisset, ce nom est devenu symbole d’un empire viticole. Pourtant, la famille n’est pas dans le vin depuis des siècles. Jean-Claude et Claudine sont partis de rien en 1961. Et la seconde génération, désormais aux commandes sous la férule du truculent Jean-Charles, continue de faire prospérer l’entreprise familiale. Outre son fief bourguignon où elle représente l’un des principaux régionaux du secteur, l’entreprise est très présente aux Etats-Unis avec des propriétés de renom comme DeLoach Vineyards dans la Russian River Valley, l’un des lieux mythiques pour le pinot noir et le chardonnay en Californie. Jean-Charles et sa sœur Nathalie auraient pu se contenter de magnifier ces propriétés, notamment en initiant depuis quelques années une approche biodynamique. Mais Jean-Charles est aussi un trublion du monde du vin, respectueux de ses origines et des traditions, mais prêt à casser les codes habituels pour créer de nouveaux standards.
Tels de prestigieux parfums
Impossible de ne pas être interpelé par l’habillage des bouteilles de la collection « JCB ». La plupart portent un numéro à l’instar de prestigieux parfums de luxe. Il y a ainsi le pinot noir n°6 produit dans le comté de Mendocino ou bien encore le chardonnay n°81 produit en Sonoma. Un brin sibyllins, ces numéros se rapportent en réalité à des événements, à des souvenirs qui ont marqué Jean-Charles. Le 6 ? En référence au millésime 2006 du premier pinot noir estampillé JCB produit. Le 81 ? Une date, 1981. Une date clé pour lui puisque c’est l’année de sa première venue aux Etats-Unis, un voyage fondateur qui le conduira ensuite à s’installer durablement dans les prestigieux vignobles de la côte ouest. Et lorsque les chiffres disparaissent de l’étiquette, c’est pour faire place à des noms de cuvées intrigantes : le léopard, le surréaliste. Mais dans tous les cas, une idée : celle d’associer une partie de l’âme des vins de Bourgogne à une production américaine fière de son ADN. Le résultat est atteint. Le n°6 sur le millésime 2009 joue ainsi les charmeurs au nez, avec une profusion de fruits rouges et noirs puis se révèle puissant, épais, assez excentrique avec des arômes de fruits noirs confiturés et de lardé totalement assumés. Le n°81 quant à lui offre un nez exotique teinté d’épices douces et une matière concentrée mais qui parvient à distiller une certaine fraîcheur.
Et pour semer le trouble jusqu’au bout se profile la cuvée n°3 : un assemblage de vin bourguignon de Côtes-de-Nuits (40%) et californien de la Russian River valley (60%). « Shocking » pour certains. De l’audace plutôt, celle de vouloir expérimenter et rapprocher deux très grandes régions viticoles mondiales.
Articles liés