Accueil La nouvelle vie de Château Chauvin

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

26.03.2019

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Loin d’être le plus médiatique des crus classés de Saint-Emilion, Château Chauvin a été remis sur de nouveaux rails depuis son rachat par Sylvie Cazes et ses enfants en 2014.

La localisation des 15 hectares de vignes du château Chauvin laisseraient rêveur plus d’un amateur. Là, au nord-ouest de Saint-Emilion sur le secteur des Corbin, à quelques encablures de Cheval Blanc et de Pomerol, Château Chauvin était une propriété bien tenue, produisant des vins classiques. Cela, c’était avant l’arrivée de Sylvie Cazes, tombée amoureuse du lieu qu’elle décide de racheter avec ses enfants en 2014. Le potentiel était présent, restait à faire entrer Chauvin dans la modernité. De grandes décisions vont ainsi rapidement être prises. Comme le rappelle sa fille Julie Régimbeau qui travaille à ses côtés depuis 2016, « d’importantes évolutions ont marqué les premières années. Tout d’abord, un vaste programme d’arrachage a été mis en œuvre. Ce ne sont pas moins de 3 hectares qui ont été arrachés, soit 20% de la surface de la propriété ! Mais cela n’est pas tout. Nous avons également fait réaliser une étude complète de nos sols pour pouvoir avoir une connaissance précise du terroir. Les fosses creusées ont permis de mettre en évidence de belles couches d’argile ». Forts de ce constat, les nouvelles plantations feront la part belle au cabernet-franc qui devrait monter progressivement de 2°% à 30% de l’encépagement total de la propriété, réduisant d’autant la part jusqu’ici ultra majoritaire (75%) du merlot.

Une dynamique qui porte ses fruits

C’est toute une nouvelle philosophie qui a été impulsée à Chauvin. Le château est ainsi certifié HVE depuis 2018. Au niveau des vins, Sylvie Cazes a pris également des décisions importantes permettant de hausser sensiblement le niveau de raffinement des cuvées. Un second vin, Folie de Chauvin, a notamment vu le jour dès l’origine. Soigné, ce vin est une belle introduction à la matière soyeuse de Chauvin. Il exprime davantage le merveilleux fruité du merlot qui est ici d’une vraie gourmandise. Le 2015 est d’une belle intensité et le 2016 est doté d’un bel équilibre. Le grand vin pour sa part montre une belle sensualité et un toucher de bouche qui s’est affiné en comparaison des millésimes antérieurs à 2014. Le 2009 et le 2010 sont dotés d’une belle matière charnue qui est agréable aujourd’hui. Plus récemment, le 2015 affirme une évidente maturité de fruit, oscillant entre fruits noirs et prune. Sa complexité aromatique et sa structure lui permettront de se garder une décennie au moins. Le 2016 pour sa part symbolise à lui seul le renouveau de la propriété. Doté également d’une belle concentration et d’un fruité distingué, sa trame de tannins s’avère bien veloutée et l’allonge en finale prolonge agréablement le plaisir de la dégustation.