Samedi 21 Décembre 2024
Ci-dessus : Pauline Chatin (photo Vigne de Cocagne)
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08.10.2018
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Pauline Chatin, à la tête de la Vigne de Cocagne, veille sur sa première vendange. Sur le domaine de Mirabeau, à Fabrègues, à 15 kilomètres de Montpellier, sa « vigne d’insertion » est la première entreprise implantée sur cet Agroécopôle, conçu pour accueillir des projets agricoles éco-responsables.
C’est aussi la première structure d’insertion par la viticulture en France. Elle a embauché deux personnes éloignées de l’emploi, qui vont se former aux métiers de la viticulture, en 2 ans, entre les rangs comme à la cave. Au terme de ce parcours d’insertion, elles seront prêtes à s’intégrer dans la vie professionnelle. Cette « exploitation école » est une réponse au besoin de ce secteur, en constante recherche de personnel qualifié. Et l’Hérault, second département viticole de France, est particulièrement confronté à ce problème.
C’est ici qu’en 2016, Pauline Chatin découvre le domaine de Mirabeau, et expose son dessein à la mairie de Fabrègues. La commune a racheté la propriété en 2014, pour la soustraire à un projet de traitement et enfouissement de déchets, qui avait soulevé une vive mobilisation citoyenne. Avec le Centre des Espaces Naturels du Languedoc Roussillon, la municipalité va inverser le destin. Leur projet d’Agroécopôle vise à préserver la biodiversité, typiquement méditerranéenne de vigne, chênes truffiers et oliviers, garrigue et prairies, en accueillant des activités agricoles écologiques et responsables. Primé en 2017 (au titre de site pilote pour la reconquête de la biodiversité) par le ministère de l’Écologie, le pôle obtient des financements qui complètent ceux de la ville, la métropole de Montpellier, le département de l’Hérault, la région Occitanie, pour un total de 3,2 M€. A terme, les 220 hectares du domaine hébergeront des projets agricoles, biologiques, économes et responsables sur les déchets, solidaires sur le social, ouverts sur les échanges avec les citoyens.
Tout démarre vraiment en 2017, avec la Vigne de Cocagne de Pauline Chatin. Deux ans auparavant, la jeune femme volontaire, diplômée d’école de commerce, prépare son BTS viticole en cours du soir, et œuvre de jour dans le développement local. « J’avais envie de dresser un pont entre les deux secteurs et j’ai eu une révélation en faisant un stage à la coopérative L’Olivera, en Catalogne. Cette structure travaille depuis 40 ans avec des handicapés mentaux. Elle replante des cépages oubliés, dynamise une région et le tout se passe dans une ambiance incroyable ».
Elle forge son approche du métier en stage au domaine Saladin, en Ardèche, adopte leurs valeurs sur le biologique et l’approche naturelle de la cave. Pour l’aspect social, son inspiration vient des Jardins de Cocagne, les pionniers du maraichage biologique d’insertion. Alors qu’elle pose les bases de son projet de vigne d’insertion, elle découvre le domaine de Mirabeau et ses vignes, sur la métropole de Montpellier.
Le cinsault et le merlot, plantés il y a un quarantaine d’années, dans l’objectif de faire du volume pour le négoce, étaient exploités et entretenus par un voisin, pour la commune de Fabrègues. La future vigneronne rencontre à point nommé la mairie, en recherche d’une solution pour ses vignes. Elle obtient leur soutien pour le foncier, met en place un comité de pilotage, avec commune, département et métropole, choisit le statut de Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), décroche un prix de la fondation Aviva.
Pour travailler 7 hectares, en conversion bio, elle s’entoure d’un binôme de vigneron formateur et accompagnatrice socio-professionnelle, aux côtés des deux salariés. « Le travail est plus lent, car nous passons notre temps à former. Nous avons 2 casquettes, vignerons et formateurs, et deux clients : l’amateur de vin et l’État, qui nous achète une prestation d’insertion ». Le but, à terme, est que la Vigne de Cocagne s’autofinance et embauche deux nouveaux salariés.
En 2019, Pauline va planter 5 hectares de cépages blancs et réaménager la cave. Elle a mené sa première vendange, avec une équipe de saisonniers, dans une cave prêtée, et se réjouit du résultat. Elle surveille ses vinifications, pour ses premières cuvées, un rouge et un rose de cinsault, en IGP Collines de la Moure. Une partie des bouteilles a déjà été pré-vendue, le reste sera distribué en circuit court (8 € environ) pour le grand public, et auprès des professionnels traiteurs d’insertion. Pour goûter à ce vin « authentique, solidaire et coopératif », rendez-vous en mars 2019.
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