Vendredi 15 Novembre 2024
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11.04.2016
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Après Bordeaux, au Languedoc de fêter son millésime 2015 en primeur ! La Languedoc Week se tient cette semaine à Carcassonne. En ouverture des dégustations, Jérôme Villaret, le directeur de l’interprofession des vins du Languedoc, a fait le point sur la hiérarchie des appellations d’origine et des indications géographiques des vins de la région.
« Nous fêtons cette année les 80 ans du Muscat de Frontignan, première AOC du Languedoc, et le travail continue ! », résume Jérôme Villaret en ouverture de sa conférence. Le directeur du Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc présentait les dernières avancées d’une hiérarchisation qui se déploie depuis 2011. « En 2007, l’AOC Languedoc a remplacé l’AOC Coteaux du Languedoc. Elle s’étend des Pyrénées au Gard [et inclut le Roussillon, mais oui ! NDLR], elle a vocation à former le socle de l’offre régionale de nos vins d’appellations. »
Depuis, toutes les appellations du Languedoc-Roussillon cherchent leur place dans la pyramide bâtie sur ce socle de l’AOC régionale Languedoc. Directement au-dessus du socle, les grands vins, d’appellation sous-régionales, les Corbières, Minervois, Saint-Chinian, Côtes du Roussillon… Puis encore au-dessus, les appellations plus restreintes encore, communales ou cru comme il en existe déjà (Minervois-La Livinière, Saint-Chinian-Berlou ou Roquebrun et Corbières-Boutenac, mais aussi La Clape ou Maury).
L’inscription de telle appellation à tel étage de la pyramide impose le plus souvent une révision de son cahier des charges selon des principes dictés par l’INAO en 2012 et une inscription sur un étage supérieur dans la pyramide impose :
– Une délimitation géographique plus restreinte que l’appellation de référence (ainsi, l’AOC Saint-Chinian Berlou est une appellation plus petite que l’AOC Saint-Chinian)
– Des appellations emboîtées au sein d’une même aire (ainsi, l’AOC Saint-Chinian Berlou est comprise dans l’AOC Saint-Chinian)
– Des conditions de production plus restrictives (rendements plus bas, notamment, avec à terme l’idée que puisque l’AOC Languedoc connaît un rendement maximal autorisé de 50 hl/ha, le seuil commun des AOC sous-régionale serait de l’ordre de 45-48 hl/ha et celui des appellations communales de l’ordre de 42 hl/ha, pour donner un ordre d’idée. En tous cas la hiérarchie des rendements correspondrait à la hiérarchie de qualité et justifierait une hiérarchie de prix qui serait ainsi reliée aux coûts de production à chaque étage de la pyramide).
– Les AOC communales ou cru ne peuvent représenter un territoire comprenant plus de dix communes.
Qui sont les prochaines AOC du Languedoc-Roussillon ?
« Cette hiérarchie doit nous permettre de rendre l’offre du Languedoc plus lisible pour le consommateur et de mieux valoriser nos crus », explique Jérôme Villaret. « Nous avons besoin d’aller vite, aussi parce que nous sortons d’une crise viticole qui a vu des arrachages toucher en premier ces terroirs fragiles, en zone de coteaux, qualitatifs mais peu productifs. Nous devons protéger ces terroirs fragiles et le meilleur moyen de le faire est de soutenir leur rentabilité. »
36 nouvelles AOC seraient en cours de négociation au sein des syndicats de producteur. Comme Languedoc-La Clape est devenu simplement La Clape en 2015, on souhaite le même destin à l’AOC Languedoc-Pic Saint-Loup en 2016. « Grès de Montpellier est en route, Cabrières et Pézénas aussi », annonce Jérôme Villaret, « Saint-Saturnin et Montpeyroux également, qui deviendraient des crus au sein des Terrasses du Larzac et La Méjanelle, Saint-Drézéry, Saint-Christol et Saint-Georges d’Orques qui deviendraient des crus au sein des Grés de Montpellier… En Minervois, les dossiers sont déposés à l’INAO pour Laure-Minervois et Minervois-Cazelles ; en Corbières c’est le cas pour un cru Corbières-Durban ». Le Roussillon joue lui aussi le jeu du processus de hiérarchisation avec des démarches de reconnaissance en cours pour un cru Les Aspres.
Naissance d’une nouvelle IGP « Terres du Midi »
On a beaucoup parlé hiérarchie des appellations, mais n’oublions pas les Indications Géographiques Protégées. Jérôme Villaret a également annoncé la création du conseil d’administration en assemblée générale constituante la semaine dernière du syndicat d’une nouvelle IGP Terres du Midi pour les vins d’assemblages d’entrée de gamme qui correspondent pour l’instant aux actuelles IGP de département Gard, Hérault et Aude. « Nous sommes ouverts à tous ceux qui voudraient nous rejoindre ! On sera sur un rendement autorisé à 120 hl/ha et des vins d’assemblage, ce qui peut concerner jusqu’à 2 millions d’hectolitres par vendange » précise Bernard Augé, directeur de la section IGP au Comité interprofessionnel des vins du Languedoc.
On n’empiète pas sur les vins de cépage, domaine historique de l’IGP Pays d’Oc, on espère surtout rogner sur les volumes déclarés en Vin de France. L’IGP Terres du Midi doit encore être validée par l’INAO. Pourra-t-elle s’appliquer dès la vendange 2016 ? Affaire à suivre !
Des professionnels très impliqués
Les acteurs de la production et du négoce suivent ces débats avec attention : « la hiérarchisation a l’avantage d’encourager les vignerons à se parler et à travailler ensemble », se réjouit Jérôme Villaret. Il y a besoin de leaders : les dégustations de Corbières-Boutenac ont rappelé le rôle moteur essentiel de l’engagement de Gérard Bertrand dans la reconnaissance du cru et on l’a vu investir dans des domaines qui lui permettent d’être présents dans la plupart des appellations du Languedoc. Les domaines Paul Mas sont un autre exemple de cette stratégie. Récemment Miren de Lorgeril expliquait dans nos colonnes comment le développement des domaines Lorgeril avait eu pour ambition « d’étoffer la gamme et de la rendre représentative du vignoble régional ».
Le négoce ne s’y trompe pas lui non plus et mise sur les différentes appellations du Languedoc pour ses gammes propriétés et domaines. Grands Chais de France est ainsi propriétaire de plus de 400 hectares dans plusieurs appellations de la région après le rachat au groupe AXA du Mas Belles Eaux en novembre dernier (70 ha de vigne qui s’ajoutent au Domaine de la Baume à Servian (176 ha), au domaine de Tholomiès (65 ha) en Minervois La Livinière et au château La Rèze (94 ha) dans le Minervois, achetés en 2011 et 2012 et enfin au domaine Sainte-Cécile (24 ha).
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