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Le millésime 1926 de Lanson en l'honneur de l'année de naissance de Roger Boulanger (photo Jean-Baptiste Delerue)
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Date
06.09.2016
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C’est la belle histoire de la rentrée. Grâce à la maison Lanson, deux amis d’enfance se sont retrouvés. A 17 ans, ils avaient fui leur village de Moselle pour ne pas servir sous les drapeaux hitlériens. Émotion et Champagne !
La commémoration du 72e anniversaire de la libération de Reims le 30 août dernier a eu un goût particulier pour Achille Muller et Roger Boulanger. Ce fut le goût des retrouvailles émouvantes de deux amis d’enfance, déserteurs à leurs 17 ans, qui s’étaient perdus de vue depuis 70 ans.
« C’est une belle histoire, une histoire d’hommes, a prévenu Philippe Baijot, président du Champagne Lanson, grâce à qui tout est arrivé. En lisant à quelques temps d’intervalle le livre de Roger Boulanger et celui d’Achille Muller, ce passionné d’histoire a fait le lien entre les deux personnages. Et décidé d’orchestrer leurs retrouvailles.
Parachutisme et camps de concentration
En 1942, Roger Boulanger et Achille Muller sont des amis inséparables qui vivent à Forbach en Moselle. Mais la drôle de guerre est passée par là, depuis 1940 Forbach est sous domination allemande. Le 14 juillet 1942, à 17 ans, Achille Muller refuse d’être enrôlé dans les Jeunesses Hitlériennes et s’enfuit. Au terme d’un périple à vélo, en bus et à pied, il traverse la France, franchit les Pyrénées le jour de ses 18 ans, puis traverse à nouveau l’Espagne jusqu’à Gibraltar d’où il arrive à rejoindre un navire britannique. Il rallie alors Londres, est engagé comme parachutiste dans la Special Air Service (SAS), participe à la Libération et poursuit sa carrière dans l’armée (Indochine, Algérie).
En 1943, c’est au tour de son grand copain d’enfance, Roger Boulanger, d’être appelé sous les drapeaux de la Wehrmacht. Il s’enfuit par le Württemberg et essaie de rallier à la nage la Suisse, pays neutre. Mais il est refoulé par les douaniers suisses, arrêté sur l’autre rive allemande, incarcéré, et déporté dans le camp de Natzweiler-Struthof, puis celui de Flossenbürg près de la frontière tchèque où il est soumis à un travail éreintant dans des conditions terribles. En avril 1945, face à l’avancée des troupes russes, les déportés du camp sont transportés dans des wagons de marchandises. Profitant d’un moment d’inattention, Roger Boulanger parvient à s’échapper, puis à rallier la France.
Lanson 1926
Pendant près de quarante ans, Roger Boulanger, comme beaucoup de déportés, a muré son douloureux passé dans le silence, puis le temps aidant, il a trouvé la force de confronter ses souvenirs aux faits historiques pour écrire un livre, « Un fétu de paille dans les bourrasques de l’histoire : les tribulations d’un jeune Lorrain pendant la Seconde Guerre Mondiale ».
Son ami d’enfance s’est installé à Pau, où il donne des conférences sur la Seconde Guerre Mondiale dans des collèges et lycées béarnais et écrit un livre, « Nos vertes années ».
La suite de cette belle histoire, on la connaît. En se retrouvant le 30 août 2016, l’émotion d’Achile Muller et Roger Boulanger était à la fois palpable et pleine de retenue. A l’image du magnum de Lanson 1926 (année de naissance de Roger Boulanger) ouvert pour célébrer l’occasion (dégorgement 1940). Une robe couleur miel de sapin, quelques bulles qui dansent encore dans le verre, et un nez riche d’émotions : fruits confits, écorce d’orange séchée, miel, zlabia, feuilles de tabac, grains de café, substrat forestier. La bouche garde encore une certaine fraîcheur effervescente et Hervé Dantan, chef de caves de Lanson, de prédire « encore de belles années de garde ».
C’est tout ce que l’on souhaite à nos deux amis nouvellement retrouvés !
Ci-dessous : les amis d’enfance Achille Muller et Roger Boulanger se sont retrouvés sur le parvis du Champagne Lanson. Ils ne s’étaient pas revus depuis la guerre. Photo Jean-Baptiste Delerue.
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