Un anniversaire que l’on doit à un prieur, maître Vital Dufour, auteur au XIVe siècle d’un ouvrage dans lequel il faisait état de ses incommensurables vertus :
l’armagnac capable de rendre « l’homme joyeux au-dessus de tout », de « conserver la jeunesse et retarder la sénilité », mais aussi de calmer le « mal aux dents » ou de faire disparaître les « rougeurs de la gorge ».
Six siècles plus tard, le docteur Vital Dufour a laissé la place à Mister Baco, reconstructeur du vignoble armagnacais au lendemain du phylloxéra et découvreur du cépage du même nom, qui concourt aujourd’hui à la notoriété des grands basarmagnac. L’armagnac incarne aujourd’hui cette excellence du terroir où l’étonnante diversité des cépages – ugni blanc, baco blanc, folle blanche, colombard, clairette de Gascogne, plant de graisse, jurançon blanc, mauzac, meslier saint-françois –, associée au sol et à la géographie, font de l’armagnac une planète à part dans l’univers des alcools et des spiritueux.
L’armagnac, à cheval sur le Gers, les Landes et le Lot-et-Garonne, est un hameau à l’échelle de la mondialisation, un fief, géographiquement indéfinissable pour le béotien, une sauveté au climat océanique tempéré, voisin de l’Atlantique et des Pyrénées, une bastide gasconne au sol sableux ou argilo-calcaire, riche en appellations et en forteresses : Bas- Armagnac, Haut-Armagnac et Ténarèze, à chacun ses adeptes, ses défenseurs, ses avocats !
Quand 70 % des consommateurs mondiaux de cognac boivent leur alcool en apéritif, avec de la glace, en long drink, parfois même allongé avec de l’eau, l’armagnac, lui aussi en quête de modernité, incarne encore, plus que jamais, la tradition. Malgré la diversité de ses fragrances et sa capacité à parfumer la cuisine – viandes rouges, volailles, foies gras –, il a encore du mal à honorer la table à un autre moment que celui du digestif.
Quel avenir ?
Les « nouveaux mousquetaires » l’expriment avec conviction dans ce « Terre de vins » qui leur est exclusivement consacré. Des mousquetaires toujours porteurs d’un héritage, soucieux eux aussi de transmettre, sans dénaturer. Le temps a toujours été leur allié. Ces 96 pages spécial armagnac vous conduisent sur les pas de leurs alambics, magiques et mystérieux, d’où jaillissent, dans une alchimie rare, à chaque millésime, l’ambre et la lumière.