Accueil Saint-Amour fait son cinéma

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

05.02.2016

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Le film « Saint-Amour » de Benoît Delépine et Gustave Kervern, qui sort le 2 mars prochain, met un coup de projecteur sur ce cru du Beaujolais au nom charmeur.

On pourrait appeler ça un « wine road movie » à la française mais le film de Benoît Delépine et Gustave Kervern, les deux comparses grolandais, parle davantage de la détresse des agriculteurs que du vin. La première version de cette comédie dramatico-burlesque, parfois émouvante, devait d’ailleurs se dérouler uniquement au Salon de l’Agriculture ; elle conduisait au suicide de Jean (Gérard Depardieu), monté à la capitale avec son fils Bruno (Benoit Poelvoorde) pour présenter au concours son taureau charolais Nabuchodonosor. Mais le Salon n’a pas voulu cautionner cette image trop négative et pourtant tristement d’actualité de la profession. Le film évoque davantage la soulographie que la dégustation, même si Jean rappelle à son fils que le plaisir du vin n’est pas de se saouler : « c’est la détente avec un verre après une journée de travail ». La route des vins commence d’abord… au Salon de l’Agriculture en sillonnant de verre en verre entre les stands. Seulement 20 minutes de tournage en 2 jours lors du SIA 2015 pour éviter les émeutes autour de Depardieu. « Il était plutôt en phase sage en février, tandis que Poelvoorde testait vraiment les vins sur les stands » raconte Gustave Kervern (photo ci-dessous). Le reste du tournage, à peine un mois en mai, moins sage et incontrôlé, aura lieu sur les routes et dans les vignobles.

La cuvée du film

« La route des vins » (comme a failli s’appeler le film), la vraie, celle que Jean décide d’offrir à Bruno, mal dans sa peau d’éleveur et de paysan, traverse brièvement le Beaujolais, la vallée du Rhône, le Languedoc, le Bordelais… « Nous avions entendu parler du tournage d’un film qui s’appellerait Saint-Amour et l’équipe a débarqué un jour sans prévenir, raconte Jérémie Giloux, le président du cru. Ils nous ont raconté l’histoire… et nous ont convaincu. C’est un joli coup de projecteur pour l’appellation ». A la demande de la société de promotion (le Pacte), le syndicat a fait un appel à échantillons pour sortir une cuvée du film ; parmi une quarantaine de vins dégustés, c’est le gamay du Château de Belleverne (d’ailleurs médaille d’or à Mâcon en 2014) qui a été choisi « pour le fruité et le gouleyant, précise Jérémie Giloux. Un vin aromatique et pas trop complexe ». Les Bataillard, père et fils, propriétaires de Belleverne (voir ci-dessous), possèdent 34 ha dont 7 en Saint-Amour et vendent leurs vins principalement sur les salons. Un millier de bouteilles seront éditées avec une étiquette dédiée et offertes lors des avant-premières et présentations du film. Si les deux acteurs semblent avoir apprécié le saint-amour sans trop de modération, Gustave Kervern qui reconnait avoir arrêté de boire il y a 3 ans après une période d’excès, a dégusté quelques verres après la projection du film, avouant avoir découvert « un vin sympa dans un joli terroir vallonné ».

La Folie ou le Paradis

L’un des plus petits crus des 10 du Beaujolais (5% de l’ensemble des crus), le plus méridional et le seul en Saône-et-Loire, couvre 319 ha essentiellement plantés en gamay noir à jus blanc et exclusivement sur la commune de Saint-Amour Bellevue. Il compte 180 déclarants mais seulement 35 du village. Il est produit par beaucoup de producteurs en fermage ou métayage, pas de coopératives et par les grandes maisons de négoce du Beaujolais et de Bourgogne. Le Saint-Amour comme tout cru du Beaujolais, a la particularité d’être vinifié en raisins entiers et fermenté en macération semi-carbonique. Il donne des vins légers et gourmands ou plus gras et puissants. Il ne doit pas son nom à Saint-Valentin mais à un soldat romain, Amor, qui aurait fui les massacres en Suisse après s’être converti au christianisme. Une étude des sols réalisée en 2014 a permis de cartographier les 12 climats de l’appellation, certains également au nom charmeur comme le Paradis ou la Folie. A découvrir avec une omelette aux girolles, une pizza napolitaine, un couscous mais pas à température ambiante comme dit dans le film, plutôt à 13-14°… Et pourquoi pas avec un soufflé à la rose ou un parfait aux framboises pour la Saint-Valentin.