Lundi 25 Novembre 2024
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05.07.2013
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Après vingt-quatre ans à la tête du CIVB (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux), Roland Feredj prend sa retraite. Il nous fait partager son regard humaniste sur le monde viticole.
« Les trois grandes époques de l’humanité sont l’âge de pierre, l’âge de bronze… et l’âge de la retraite ! » Comme souvent, Roland Feredj, 65 ans, a fait preuve d’humour. C’était lors d’un récent dîner, organisé à l’heure de son départ, par Georges Haushalter, encore quelques jours président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) (1).
Ce natif d’Algérie, arrivé à La Rochelle en 1962, aura passé vingt-quatre ans à la direction générale de la plus puissante interprofession viticole de France (2). Un organisme regroupant producteurs, négociants et courtiers pour décider de la politique de promotion du vignoble, suivre ses marchés et financer des programmes de recherche. Le tout pour un budget avoisinant 40 millions d’euros : vignerons et négociants payent en effet une cotisation – dite cotisation volontaire obligatoire – sur toutes les transactions de vin.
« À mon arrivée en 1989, je me souviens des mains de producteurs noircies par le travail du vin. Depuis, les progrès qualitatifs furent énormes et l’enjeu est plutôt désormais de le vendre. Nous avons dégagé des budgets de communication pour traiter partout dans le monde Bordeaux comme une marque de l’ère moderne. »
« Protéger nos terroirs »
Rien ne prédestinait cet historien de formation, docteur en lettres, à cet univers. « J’ai été quinze ans responsable des études à l’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux, et la quarantaine arrivant, je voulais autre chose. » Arrivée donc au CIVB via un cabinet de recrutement, et l’achat d’ordinateurs pour le personnel comme première décision. Embauche d’un spécialiste du marketing passé chez Coca-Cola, et le Bordelais changeait d’époque. « Le vignoble s’est agrandi, son chiffre d’affaires a bondi et durant les années 1990, les chemins des grands vins et des AOC génériques se sont dissociés. » Mais Roland Feredj n’est pas homme de chiffres, il préfère manier les concepts, capter la place du vin dans nos vies et nos territoires, lui trouver ses futurs. « À mon arrivée, c’était juste si le vin n’était pas la vérole ! Alain Juppé lui a donné sa place légitime dans le discours politique et en ville. Mais il reste beaucoup à faire pour dégager une ambition politique globale pour cette filière, à l’image de l’aéronautique. Le vin est pourtant notre pépite, comme d’autres auraient du pétrole. » Quand folklore et tradition prennent le pas sur la dimension économique et les emplois générés, les politiques publiques ne se mettent pas en place.
« La vigne en a pourtant besoin. Prenons l’exemple de l’espace agricole : une partie de l’Entre-deux-Mers est bétonnée. Il faut protéger nos terroirs avec une vue globale sur les enjeux », s’emporte celui qui a connu huit présidents au CIVB. Attirer les jeunes vers ces emplois ou redonner espoir aux professionnels en difficulté, les défis ne manquent pas. « Le vin a sa place dans un monde réenchanté. La civilisation rurale et ses solidarités humaines aussi. » Des thèmes sur lesquels Roland Feredj pourra méditer sur le bateau qu’il finit de retaper. Son objectif ? Traverser un jour l’Atlantique. Avec quelques caisses de bordeaux en soute.
César Compadre (source)
Photo Philippe Taris
(1) Après trois ans de présidence, le négociant Georges Haushalter doit être remplacé par le vigneron Bernard Farges à l’issue d’un vote lors de l’assemblée générale du 15 juillet prochain.
(2) Depuis le 1er juillet, Fabien Bova, né en 1958, est le nouveau directeur général du CIVB.
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