Samedi 23 Novembre 2024
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28.01.2015
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Parmi les quelques 800 exposants présents cette année à Millésime Bio, une douzaine ont validé leur certification en agriculture biologique en 2014, et participent donc à l’événement pour la première fois. Gros plan sur cinq d’entre eux.
Rhône, Languedoc, Roussillon, Bordeaux, Beaujolais… Voici un coup de projecteur sur cinq propriétés présentes au salon Millésime Bio, qui s’achève aujourd’hui au Parc des Expositions de Montpellier. Elles ont en commun de faire partie de la douzaine de domaines qui ont obtenu leur certification bio en 2014, et participent au salon professionnel pour la première fois.
Château Maucoil – Châteauneuf-du-Pape, Rhône.
Bénédicte et Charles Bonnet ont repris en 2009 les rênes de cet ancien vignoble familial de 50 hectares. Tout en s’inscrivant dans la continuité des générations qui les ont précédés, ils ont apporté une nouvelle dynamique en rénovant la gamme de vins et en amorçant dès 2011 une conversion du vignoble à l’agriculture biologique. « Mes parents travaillaient en conventionnel mais ils ont toujours suivi une philosophie de respect de la terre, de rendements maîtrisés », souligne Bénédicte. « Nous sommes sur un terroir béni des dieux, caressé par le mistral, sublimé par les galets roulés, nos vignes ont plus de 60 ans en moyenne, il était naturel pour nous de passer en bio ». Tout en maintenant les piliers du vignoble que sont les grandes cuvées de châteauneuf (Tradition et Privilège, cette dernière réunissant les 13 cépages de l’appellation et élevée minimum 12 mois en barriques), Bénédicte et son mari ont lancé une jolie gamme de vins de pays (dont une 100% syrah, « La Syrah de Maucoil », remarquable de plaisir pour 5, 85 euros prix propriété), une cuvée sans soufre (grenache, syrah, carignan, produite à 5000 bouteilles, vendue 12, 50 euros à la propriété) ou encore la cuvée 1895, un côtes-du-rhône 100% grenache issu de deux vignes âgées de 120 ans (un véritable régal pour 13, 85 euros). Ils ont également planté en 2013 une vigne-école présentant l’historique des cépages de Châteauneuf-du-Pape.
www.maucoil.com
Domaine Sainte-Marie des Crozes – Corbières, Languedoc.
La jeune et souriante Christelle Alias annonce d’emblée la couleur. Au domaine Sainte-Marie des Crozes, on veut « s’amuser ». Ce vignoble familial de 30 hectares dans les Corbières produit une douzaine de cuvées (en AOP et IGP), dont certaines très originales, dans leur style comme dans leur packaging. Christelle a pris la suite de ses parents il y a trois ans. C’est quand ils ont su qu’elle prendrait la relève que ces derniers, tentés depuis quelques années, ont amorcé la conversion en bio. La gamme des vins oscille entre cuvées classiques (deux AOP Corbières, « La 4ème », un assemblage syrah-grenache-carignan ; et « Hector et Juliette », 85% syrah, 15% grenache, à la matière plus intense) et cuvées audacieuses : voir par exemple la cuvée « En Rébellion », un IGP 100% pinot noir épatant de séduction pour 8 euros seulement, ou encore « Les Mains sur les Hanches », un jus sensuel qui porte bien son nom, assemblage de 90% grenache et 10% syrah (10 euros). A goûter, en Corbières encore, le rosé « Les Pipelettes » et le blanc « Premiers Pas sur la Lune » (roussanne, grenache blanc).
www.saintemariedescrozes.com
Domaine Le Roc des Anges & Terres de Fagayra – Roussillon.
Installée dans le Roussillon depuis 2001 avec d’abord 10 hectares de vieilles vignes, Marjorie Gallet a été rejointe par son mari Stéphane en 2008, pour l’acquisition de 5 hectares à Maury. Aujourd’hui, Le Roc des Anges (voir photo d’ouverture) et les Terres de Fagayra totalisent près de 35 hectares, conduits en bio et en biodynamie. La certification pour les Terres de Fagayra date de l’année dernière, ce qui permet à Marjorie de faire déguster l’ensemble de sa gamme sur le salon Millésime Bio. « Le certification est un aboutissement mais pour nous, le bio et la biodynamie sont d’abord une conviction, une façon de rendre justice à ce vignoble qui est tellement addictif », explique qui Marjorie qui, après des études d’agro à Montpellier, a eu un coup de cœur pour le Roussillon, ses terroirs et ses cépages. Ses vins sont racés, tendus, épurés, portés par une énergie vibrante, à l’image de l’étonnante cuvée « Les Vignes Métissées » 2014 (un rosé qui a tout d’un grand blanc, issu d’une parcelle complantée de cépages blancs, gris et noirs), Iglesia Vella 2014 (vieilles vignes de grenache gris), Segna de Cor 2013 (un superbe rouge tout en sève, grenache, carignan, syrah) ou encore 1903, grand vin de garde issu de vignes centenaires de carignan. En maury, la cuvée Op.Nord (grenache et carignan sur terroir de schistes) aux subtils arômes de cerise, et la cuvée Fagayra Blanc (grenache gris, blanc et maccabeu, tout en minéralité) se distinguent par leur classe folle.
www.rocdesanges.com
www.terresdefagayra.com
Château de Lardiley – Cadillac, Bordeaux.
« A Bordeaux, on peut faire bio, bon, à prix accessible ». Tel est le leitmotiv de Vincent Lataste, viticulteur installé à Cadillac en Gironde, à la tête d’un vignoble familial de 37 hectares dont il a profondément revu la gamme, tout en lançant une conversion bio en 2011. Il présente pour la première fois à Millésime Bio son Lardiley Blanc (100% sauvignon, 5, 60 euros), ses deux cuvées en rosé (dont la cuvée « Château Lardiley », vendue 6, 50 euros et lauréate cette année d’une médaille d’argent au Challenge Millésime Bio), et son rouge (50% cabernet, 50% merlot, 5 euros). Les vins sont en appellation Bordeaux : prix doux, style moderne et facile, packaging soigné, et le tout en bio. Une jolie réussite pour ce viticulteur qui réalise les deux tiers de ses ventes à l’export (Etats-Unis, Japon…) et a déjà dans ses cartons plein de nouvelles idées dont on ne manquera pas de vous reparler dans les mois à venir.
www.vincent-lataste.com
Domaine David-Beaupère – Juliénas, Beaujolais.
Néo-vigneron, néo-bio, et sacrément aventurier. Tel est Louis-Clément David-Beaupère, viticulteur de 34 ans installé à Juliénas, dans le Beaujolais. « Je ne suis pas fils de vigneron, explique-t-il. Mes parents, propriétaires terriens, avaient 4 hectares vignes en métayage, moi je travaillais comme commercial. Puis quand le métayer a annoncé qu’il allait arrêter en 2004, je me suis dit que je ne voulais pas que ces vignes partent. En 2007, je suis donc arrivé sur la propriété. Ayant fait ma formation aux métiers du vin dans des propriétés en bio, je savais que cela correspondait à ma sensibilité. Mais je ne me suis pas lancé tout de suite. Dès 2009, j’ai travaillé les sols, arrêté de désherber… Et en 2011, j’ai entamé la conversion en bio ». Louis-Clément a, depuis, acquis 4 hectares supplémentaires (sur Juliénas et Moulin-à-Vent), qu’il doit aussi restructurer et passer en bio. C’est à un travail de longue haleine qu’il s’est attelé depuis huit ans, dans le but de signer des vins « ayant le plus d’authenticité possible, pas d’intrants, très peu de soufre, pour exprimer au mieux la complexité, l’élégance, la finesse, la puissance des gamays de Juliénas, un grand terroir de garde du Beaujolais ». Le vigneron travaille ses vins « à la bourguignonne » et signe deux cuvées, La Croix de la Bottière, souple, tendue, minérale, et La Bottière, une cuvée élevée 12 mois en fûts, plus structurée et intense.
louisclementdavidbeaupere.blogspot.fr
Mathieu Doumenge
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