Dimanche 22 Décembre 2024
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04.12.2014
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Le projet de ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Dax, prévu à l’horizon 2027, pourrait mettre en péril le processus très particulier de fabrication des vins liquoreux de Sauternes en modifiant le micro-climat, s’inquiètent viticulteurs et élus locaux, prêts à saisir la Cour de justice européenne.
« Nous appelons tous les défenseurs des vins liquoreux à faire part de leur mécontentement sur les registres de l’enquête d’utilité publique », qui se clôt lundi, a lancé Philippe Dejean, président de l’Union des grands vins liquoreux de Bordeaux. Ce groupement réunit onze AOC, dont la plus prestigieuse d’entre elles, celle des Sauternes et Barsac qui compte une trentaine de grands crus classés 1855 parmi lesquels le château d’Yquem.
M. Dejean se dit « très inquiet » que le tracé de cette future LGV, à travers la zone humide et classée Natura 2000 de la vallée du Ciron (Gironde), ne vienne mettre en péril le fragile équilibre qui conduit à la fabrication de ce vin unique au monde.
L’étude de faisabilité du projet a été confirmée par le gouvernement à l’automne dernier dans le cadre du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) qui comprend les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax.
Les vins liquoreux de Bordeaux doivent leur existence à l’arrivée à point nommé d’une moisissure sur les grappes. Ce sont les eaux froides du Ciron, à la faveur de suintements dans ces zones humides, qui, arrivées dans la plaine de production des liquoreux, forment ce précieux brouillard. Sans lui pas d’humidité suffisante, donc pas de moisissure.
Si le tracé de la LGV ne passe pas directement sur les terres des appellations, « il les met cependant gravement en danger en portant atteinte à leur climatologie, à travers ce qui est leur berceau écologique : la vallée du Ciron », s’alarme l’appellation dans ses conclusions, remises aux commissaires enquêteurs.
« C’est aussi le massacre d’une biodiversité la plus exceptionnelle de la forêt d’Aquitaine », s’émeut le député PS de la Gironde, Gilles Savary. « Défigurer cette vallée du Ciron est une provocation, en totale contradiction avec les affirmations de respect de la biodiversité lors des conférences environnementales », estime-t-il.
Au terme de l’enquête publique, un rapport de synthèse sera remis au Conseil d’État qui émettra un avis que le gouvernement pourra suivre ou non. Mais le président de l’Organisme de défense et de gestion de Sauternes, Xavier Planty, envisage déjà de « saisir la Cour de justice européenne ».
« Le cahier des charges de production du Sauternes, protégé par l’Union européenne, établit un clair lien au terroir », argumente-t-il.
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