Limoux : le Carnaval danse au rythme des bulles

Le carnaval de Limoux a commencé le 3 janvier et se termine le 13 mars. Le « carnaval le plus long du monde » est fort d’un programme riche et d’une identité historique de plusieurs siècles. L’attachement des habitants de Limoux, les Limouxins, et leur implication semaine après semaine de chaque édition en font l’un des carnavals les plus atypiques mais aussi les plus confidentiels du monde.

Ce rendez-vous d’initiés est « une fête organisée par les Limouxins pour les Limouxins », témoigne Françoise Antech, présidente de la maison familiale Antech, qui produit la célèbre Blanquette (et d’autres vins arrivés plus tard en appellation comme le Crémant) depuis six générations à Limoux, « il y a des listes d’attente, des danses et des gestes à connaître. A titre personnel je fais partie d’une bande, mais la maison Antech n’en sponsorise aucune. Ce serait contraire à l’esprit du carnaval qui est résolument déconnecté de toute logique commerciale ou promotionnelle. La blanquette est en revanche sa boisson d’élection, elle est à l’honneur chez tous nos restaurants et cafetiers, autant sinon plus encore que le reste de l’année. »

Chaque samedi et dimanche durant le carnaval, une vingtaine de bandes de fécos (personnes masquées), défilent dans les rues de Limoux, lançant des confettis sur la foule et agitant leurs carabènes (longs roseaux enrubannés, pailletés, décorés…), dansant des danses plus ou moins vives selon le défilé. Celui 11h est le plus animé et traite en dérision un thème d’actualité. Celui de 16h30 est organisé chaque semaine par une bande différente qui lui donne ses couleurs et ses danses. Celui de 22h est le plus solennel, à la lueur des « entorches » sur la place de la République et sous ses arcades.

Les bandes vont de bar en bar, suivies par les badauds (à visage découvert) et les goudils (masqués mais n’appartenant pas à une bande). Le fait de lancer des confettis rappelle l’origine du carnaval, quand les meuniers lançaient des dragées et de la farine dans les rues de Limoux pour Mardi gras, célébrant ainsi la remise de leurs redevances. Les danses imiteraient quant à elles le geste du vigneron foulant le raisin, d’un pied sur l’autre, les bras en l’air.

Si aucune opération directe de promotion de la Blanquette et du Crémant de Limoux n’a lieu durant le carnaval, ce sont pourtant ces vins festifs qui régalent fécos, goudils et badauds de bar en bar. On distingue :
– la Blanquette Méthode Ancestrale, composée à 100 % du cépage Mauzac, obtenue par interruption de la fermentation alcoolique durant laquelle le sucre se transforme en alcool avec dégagement de CO2 : voilà les bulles ! Là, tout le sucre n’est pas transformé, il en résulte une blanquette douce, fruitée et légère en alcool. Sieur d’Arques a récemment réinventé ce vin traditionnel en la proposant On the Rocks !
– la Blanquette Méthode Traditionnelle, composée à 90 % du cépage Mauzac minimum. On laisse la fermentation alcoolique se dérouler puis on déclenche une seconde fermentation par adjonction d’une liqueur composée de sucre et de levures avant de refermer la bouteille pour y emprisonner les bulles. La Blanquette Méthode Traditionnelle est donc moins sucrée et moins légère en alcool.
– Le Crémant, élaboré selon la méthode traditionnelle à partir des cépages Chardonnay et Chenin (jusqu’à 90 % de l’assemblage dont le Chardonnay à lui seul doit représenter au moins 50 %).

Le Carnaval se terminera le 13 mars par le jugement en occitan et la crémation de Sa Majesté Carnaval lors de la Nuit de la Blanquette. Là encore, pas d’opération directe de promotion mais les bulles de Mauzac restent omniprésentes !
Il y aura d’autres rendez-vous dans l’année, à commencer par la vente aux enchères de Toques et Clochers organisée par Sieur d’Arques, qui se déroulera le dimanche des Rameaux, le 19 mars à Pomas cette année. Nous aurons l’occasion d’en reparler !