Jeudi 26 Décembre 2024
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28.07.2015
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Entre les chemins caillouteux et les vignes bordées de cyprès, d’oliviers et de chênes truffiers, la bastide blonde de La Verrerie, dans le Luberon, est devenue l’un des fleurons de l’appellation grâce au coup de cœur de la famille Descours.
C’est un endroit qui ressemble à la Toscane, à l’Italie… Cette propriété près de Lourmarin, au cœur du Lubéron a séduit il y a près de 35 ans l’homme d’affaires Jean-Louis Descours qui cherchait d’abord, pour sa retraite, un lieu de villégiature à la campagne dans une région ensoleillée. La bâtisse qui appartenait à la propriétaire du château de Chenonceau et de la chocolaterie Meunier a tout de suite plu à la famille. Les 20 ha de vignes étaient à l’époque vinifiés par la coopérative. Jean-Louis, alors à la tête du groupe EPI (Weston, Bonpoint, Alain Figaret… puis au XXIe siècle Charles et Piper-Heidsieck rachetés à Rémy Cointreau) se passionne alors pour le vignoble, fait construire une cave et embauche l’un des meilleurs vinificateurs des environs, Jean-Jacques Coll, dit Jacky, qui sort le premier millésime en 1985. Un grand millésime.
De VDQS en AOC, de Jacky à Olivier
En 1988, les VDQS Côtes du Luberon deviennent AOC. Le vignoble s’agrandit dans les années 90 jusqu’à une soixantaine d’hectares avec des plantations en syrah, grenache, mourvèdre, et carignan. « Pas de cabernet sauvignon comme il avait été prévu car nous ne sommes pas sur des terres propices à ce cépage, même si nous avons eu une cuvée Jean-Louis Descours de 2001 à 2007, raconte l’œnologue et directeur actuel Olivier Adnot qui a succédé à Jacky en 2006. Nous avons donc surgreffé en syrah car on ne peut pas faire partout du Trévallon ».
Jacky aimait surtout travailler les rouges qui représentaient en 2005 70% de la production ; Olivier Adnot a choisi de suivre davantage les tendances de consommation avec 35% de rosés, 10% de blancs et 55% de rouges. Les blancs sur 8 ha sont à base de roussanne, clairette, grenache blanc et bourboulenc, et depuis peu du viognier sur 2 ha pour une cuvée en monocépage. « Nous avons d’abord été dans la continuité, même si Jacky ne m’a pas laissé ses carnets de notes, regrette Olivier Adnot, conscient du lourd héritage. Et nous avons opéré un véritable virage en 2009-2010 en travaillant sur davantage d’acidité, en vendangeant plus tôt et moins extrait pour des vins plus aériens et gourmands, avec plus de fraîcheur et de finesse ».
Passage en bio
Autre changement de cap majeur avec le passage en bio (pour les vins comme pour l’huile d’olive) à partir de 2009, certifié depuis 2013 d’abord en blanc, en 2014 pour les rosés et sans doute en 2016 pour les rouges. Prochaines évolutions annoncées fin 2015, le passage de la bouteille bordelaise à la bouteille bourguignonne correspondant davantage au style des vins, et un deuxième rosé en réflexion. La Verrerie élabore aussi depuis 1989 une cuvée haut de gamme, le Grand Deffant à 95-99% syrah, seulement les meilleures années (5 à 7000 bouteilles sur les 250 000 de la propriété). C’est aujourd’hui Christopher, le petit-fils de Jean-Louis (disparu l’an dernier), qui a repris les rênes de la maison, recentrée sur l’univers du luxe. Passionné de vins, il s’est attaché à redorer le blason des champagnes du groupe et a donné carte blanche à Olivier Adnot pour faire de La Verrerie un joyau du Sud.
Notre sélection :
La Verrerie viognier 2014 : expressif sur des notes de pêche, d’abricot et de fleurs blanches. Ample et gras pour des sushis ou des langoustines.
La Verrerie Rosé 2014 (65% grenache noir, 35% cinsault) : des notes d’agrumes et de guarrigue, floral et acidulé pour une salade thaï ou un tartare de thon.
La Verrerie rouge 2011 (52% syrah, 48% grenache noir) : vendangé à la main, élevé en foudres pendant 20 mois. Sur des fruits noirs, des épices douces mêlées de réglisse avec des tanins fondus. Pour un foie de veau poëlé ou un tournedos au poivre.
Grand Deffand 2012 (syrah) : vendangé à la main, trié, égrappé, élevé 12 mois en foudres. Des notes de fruits mûrs (cassis, cerises), de moka, de réglisse et de tapenade. Pour un coq rôti ou un civet de chevreuil.
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