Accueil Olivier Humbrecht : « On a manqué de peu une année record »

Olivier Humbrecht : « On a manqué de peu une année record »

Olivier Humbrecht. Photo Frédérique Hermine.

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

19.10.2015

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Son père Léonard, l’un des pionniers de la valorisation parcellaire des grands crus d’Alsace, a fait renaître le Rangen-de-Thann, fleuron de la maison. Olivier, l’un des rares Master of Wine français, tout en poursuivant la défense des grands crus dont il est président depuis 2011, a passé le vignoble Zind-Humbrecht de 40 ha en biodynamie.

Les vendanges sont quasiment terminées. Vos premières impressions sur la récolte 2015…
La récolte est finalement plus importante qu’on ne le craignait, et elle s’est faite dans des conditions agréables : il faisait beau, ni chaud ni froid, et comme nous n’avons pas eu besoin de beaucoup trier les raisins, les vendanges ont été agréables et rapides. Nous ramassions deux fois plus de parcelles que la moyenne habituelle en une journée. Elles ont commencé début septembre pour se terminer début octobre sauf pour les vendanges tardives en cours.

Est-ce un bon millésime pour les vendanges tardives et les grains nobles ?
Cette année, nous avons préféré rentrer des raisins à bonne maturité pour les vins secs plutôt que d’aller chercher trop loin des VT et des GN (vendanges tardives et grains nobles, NDLR) qui n’auraient pas assez d’acidité. Pour le sucre, nous n’en manquons pas, mais les raisins vont botrytiser tardivement. Les plus belles années dernièrement pour ce type de vin étaient 2007, 2008 et 2010 avec une acidité élevée, 2013 et 14 dans une moindre mesure car le temps s’étant beaucoup dégradé, les volumes étaient faibles. L’an dernier, on avait du mal à faire la différence entre la pourriture noble et la pourriture acide et il avait fallu beaucoup trier.

Le fait d’être en biodynamie influe-t-il sur les vendanges ?
Nous récoltons souvent parmi les premiers en cherchant toujours la meilleure maturité possible. Aucun engin ne passe dans les vignes, les raisins sont ramassés manuellement dans des hottes en plastique avant un pressurage très lent et un débourbage rapide à froid pour garder les bonnes levures indigènes. Ma philosophie reste : « Tout problème en cave se règle à la vigne ». Pour cela, il fait une bonne compréhension des plantes. Les sélections massales ont beaucoup progressé en 20 ans mais elles nécessitent de privilégier les travaux à la main car aucun pied ne ressemble au voisin.

Comment se sont comportés les différents cépages en 2015 ?
Nous avons manqué d’acidité en général mais le riesling par exemple, qui met en moyenne un an à fermenter, a mis un mois avec 0, 5 g de sucre en levures indigènes, et il a fallu le vendanger vite pour empêcher l’alcool de monter. Ces rieslings sont néanmoins prometteurs comme les pinots gris. La réussite et l’équilibre du gewurztraminer reposera plus que les autres années sur le terroir, préférence sur des sols argilo et marno-calcaires. Les crémants qui doivent se récolter tôt ont amené beaucoup de vignerons à être bousculés et ces derniers ont fait des vins tranquilles au lieu de faire des bulles. En revanche, ce sera une année à marc, élaboré avec des gewurz’ riches et aromatiques.

Il y aura beaucoup de différence de qualité entre les secteurs ?
Les vignes en plaine ont plus souffert avec les grillures de début juillet qui ont donné des petites baies sans jus manquant de maturité; les jeunes vignes aussi ont peiné. Mais si nous avons manqué d’eau au début de l’été, nous n’avons pas eu de sécheresse jusqu’à la fin de la fleur fin juin. Nous avons même manqué de peu une année record…

Petite sélection 2013 :

Zind 2013 : Vin de France aux 2/3 chardonnay (donc pas en AOC Alsace) et 1/3 auxerrois. Epicé-toasté sur des arômes de fleurs coupées et d’agrumes, belle acidité et fraîcheur minérale.

Riesling Grand cru Brand 2013 : Très aromatique et joliment minéral sur ce terroir de granit. Une acidité saline sur des arômes d’agrumes, de groseille et de silex.

Riesling Clos Windsbuhl 2013 : Très minéral aux arômes de silex et d’une belle acidité sur des notes de citron et de rhubarbe.

Riesling Grand cru Rangen de Thann Clos Saint-Urbain 2013 : Puissant et minéral sur des arômes fumés de pierre à fusil. D’un grand équilibre et une longue finale. Superbe équilibre mais qui peut attendre.