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[Pays d’Oc IGP] Domaine Gayda, le vin en bagages

Auteur

La
rédaction

Date

17.05.2016

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J-2 avant notre soirée dédiée aux vins Pays d’Oc IGP, qui se déroulera au Domaine de Verchant près de Montpellier. Chaque jour, nous accordons un coup de projecteur sur un domaine présent à la dégustation. Aujourd’hui : le domaine Gayda.

Suivez ce lien pour réserver vos places – Jeudi 19 mai à partir de 18h30

Voici ce que nous vous disions sur le domaine Gayda dans « Terre de Vins » hors-série Pays d’Oc, en décembre 2013. Par Christophe Gayraud, photographies Emmanuel Perrin.

Pas facile de coincer Vincent Chansault à Brugairolles. Toujours par monts et par vaux. Certes, son passeport n’est plus zébré de visas professionnels mais son investissement dans la création d’un nouveau vignoble noircit son agenda. Au domaine Gayda, 7 hectares sur 40 sont fraîchement plantés. Les clefs de cette aventure lui ont été confiées par Tim Ford, le propriétaire, un citoyen britannique qui a fait fortune au Zimbabwe dans la culture de la rose. Au début des années 2000, ce « fermier blanc » est expulsé par Mugabe. Acquis quelques années auparavant comme résidence secondaire, l’agricole est en friche Gayda devient l’adresse principale de Tim Ford. L’homme d’affaire anglais prend le temps de la réflexion. Il assure son association financière avec l’entrepreneur Anthony Record, un « Membre de l’Empire britannique » né au Cap, et s’attache les conseils de Marc Kent, directeur du prestigieux domaine sud-africain Boekenhouskloof à Cape Town. Dans ce petit coin de France, ils envisagent un projet viticole et oenotouristique comme il en existe en Afrique australe. Dans la vieille bâtisse du XVIIIe siècle en bordure de propriété, de somptueux gîtes aux dimensions XXL, au centre du vignoble, sur une levée de terre dominant la vallée et offrant un généreux panorama sur les Pyrénées Ariégeoises, un bâtiment flambant neuf avec chai, cuvier, école du vin, salle de réception et restaurant.

Aimanté par l’Afrique du sud

Dès le début du projet, Vincent Chansault est dans leurs bagages. Le Sancerrois a noué des liens en Afrique du Sud avec le trio d’entrepreneurs. En 2001, à 20 ans à peine entamés, il est envoyé à l’autre bout du monde par le négociant chez qui il travaille en Val de Loire. « Je parlais trois mots d’anglais, le lendemain de mon arrivée, je me suis retrouvé au quai de réception d’une vendange de 200 hectares », se souvient-il comme encore un peu dépassé par la situation. L’apprenti sortait juste de sa formation, un BTS viti-oeno à Cognac. Juste s’était-il rodé lors de deux stages au domaine Cazes à Rivesaltes puis dans une propriété familiale à Valréas dans les Côtes du Rhône. « Je ne suis pas resté longtemps dans cette propriété en Afrique du sud, on m’a rappelé en France mais le pays m’avait énormément plu. De retour, je n’avais qu’une idée en tête, y retourner. En France, j’étais confiné dans la technique pure d’assemblage, ça ne me faisait pas rêver et puis j’étais loin des vignes. »

Aimanté par l’hémisphère Sud, il relance ses contacts lors d’un salon Vinexpo et atterrit en janvier 2003 au domaine Journey’s End, deux mois avant les vendanges. « J’ai pu choisir ce que j’allais faire avec le raisin, ce n’était plus la même approche, reconnaît Vincent. J’étais dans les vignes de chardonnay, syrah et cabernet toute la journée. Le soir, je retrouvais des winemakers ou en rencontrais de nouveaux. L’esprit n’est pas le même qu’en France. Il n’y a pas de compétition, les échanges sont plus libres. Au niveau de l’expérience, tu t’enrichis en permanence. J’ai laissé de côté les grosses maturités, appris à détecter les points d’équilibre, me suis orienté un peu en décalage vers le naturel. »

Tout en bio

C’est à cette époque qu’a lieu la rencontre avec Mark Kent, « le déclencheur, avoue le petit Frenchie. Je le surnomme encore Maverick (NDLR : éleveur texan au XXe siècle reconnu pour son esprit indépendant et non conformiste). Il me parle du challenge avec Tim Ford de de créer un domaine façon Sud’Af en France. Je suis immédiatement emballé. » Et pour cause. Dans son domaine de Boekenhouskloof, Mark Kent est en pleine success story avec sa cuvée Chocolate Block, un cabernet taquin houspillant alors les grands Bordeaux dans les dégustations internationales.

A Brugairolles, tout est à inventer. « On a investi dans l’outil de production, il fallait créer la cave, sentir la terre, l’étudier – ici c’était de la monoculture de tournesol avant -, s’imprégner de cette nature magnifique, planter la vigne » se souvient-il. Sur dix hectares d’un seul tenant aux pentes et expositions multiples, la syrah va finalement prendre racine sur les crêtes gréseuses, le cabernet franc dans les flancs argileux. Sauvignon et chenin viendront disputer quelques ares plus bas sur les terrains les plus frais. Le bio est immédiatement de mise. « Toutes nos activités sont en bio. Nous devons à la terre d’être le plus propre possible. Et nous croyons dans cette démarche pour la qualité de vins. Les produits phytosanitaires sont censés protéger les plantes et pour les utiliser, il faudrait se transformer en cosmonautes ? Hors de question. » La contradiction n’est pas le genre du jeune homme. Tout comme l’attente des premières vendages.

Sélections parcellaires, même pas peur

Ici aussi, comme cela semble naturel en Afrique du Sud, le domaine Gayda va se lancer dans une activité de négoce. Avec des cuves puis des achats de vendanges sur pieds que Vincent Chansault va minutieusement sélectionner et assembler pour obtenir les meilleures typicités cépage, sans entraves ni a priori sur les origines des raisins, qu’ils viennent de zones d’appellation ou non. Son choix se porte sur la finesse du terroir du Minervois-La-Livinère plus au nord, et le caractère, plus au sud, en Roussillon de Saint-Paul-de-Fenouillet. « Au début cette activité nous a permis de nous développer, nous produisions 150 000 bouteilles. Aujourd’hui, avec notre production, nous atteignons les 750 000 et nous visons le million. »

Pour beaucoup d’amateurs, le pep’s du Chemin de Moscou (19, 50 €), assemblant de vieilles vignes de syrah de la Livinière avec leur pendant sur granit de Latour de France, plus de beaux grenaches de Tautavel en Roussillon et quelques arpents de vénérables cinsaults du Minervois signe une liberté qui bouscule les codes d’un vignoble reconnu par le public français d’abord pour ses appellations, mais le succès est là. Comme pour le fruit explosif, le palais charnu et l’équilibre de la cuvée Figure libre (14 €), 100% cabernet franc, médaille d’or en Collection de millésime en millésime. « Le domaine est jeune, nos vignes sont jeunes, il faut du sérieux pour que nos vins aient de la gueule » glisse avec malice Vincent Chansault. Avant de se référer à l’un de ses maîtres, Emile Peynaud, « la tradition, c’est une expérience qui a marché ». Dont acte.

Retrouvez le domaine Gayda et d’autres ambassadeurs des vins Pays d’Oc IGP, le jeudi 19 mai de 18h30 à 21h30 au Domaine de Verchant. Plus d’informations en suivant ce lien.

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