Accueil Pesticides : « de vraies bombes chimiques à retardement »

Pesticides : « de vraies bombes chimiques à retardement »

Auteur

La
rédaction

Date

21.02.2013

Partager

Marie-Lys Bibeyran, qui vit à Listrac-Médoc, se bat pour faire reconnaître que le cancer qui a emporté en 2009 son frère, un salarié viticole de 47 ans, est dû aux pesticides diffusés dans la vigne. Elle s’est associée à l’étude de l’ONG Générations Futures.

« Mon fil conducteur, c’est la mémoire de mon frère ». Marie-Lys Bibeyran assure qu’elle ira jusqu’au bout de sa démarche. Cette jeune femme de 35 ans, mère d’une petite fille, qui vit à Listrac-Médoc, se bat pour faire reconnaître la maladie professionnelle de Denis Bibeyran. Il était ouvrier viticole dans un château du Médoc. En octobre 2009, à l’âge de 47 ans, il est décédé d’un cancer des voies biliaires, appelé cholangiocarcinome. « Avant que cette maladie ne l’atteigne, mon frère était en parfaite santé. Tout est allé très vite », raconte-t-elle avec émotion. Et de poursuivre : « il avait commencé à travailler dans les vignes à l’adolescence. Après une période d’apprentissage, sa situation s’était stabilisée dans une propriété. Il était conducteur de tracteur. Sa responsabilité consistait aussi à réaliser tous les traitements phytosanitaires. En dehors de son travail, il exploitait une parcelle de vigne de deux hectares qui lui appartenait. »

Marie-Lys Bibeyran sait que cette reconnaissance de maladie professionnelle impliquant les pesticides est un combat difficile. « Je ne cherche pas à faire du tort à une profession. On peut agir dans le domaine des pesticides sans vouloir la mort économique de l’agriculture. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à des niveaux d’utilisation qui portent gravement atteinte aux hommes. Sur le marché, nous continuons à avoir de vraies bombes chimiques à retardement. » Dans son viseur, il y a les laboratoires qui sont « les mauvais génies ».

« Une génération exposée »

Dans le cas de son frère, elle se souvient qu’il avait des saignements de nez à chaque fois qu’il était en période de traitement de la vigne. « Ce qui rend difficile le dossier médical, c’est que le temps d’incubation de la maladie peut être très long. C’est vingt à trente ans. Aujourd’hui, c’est toute une génération exposée à ces produits de traitement qui risque de connaître de graves problèmes. »

Après avoir lancé les démarches auprès de la Mutualité sociale agricole, Marie-Lys Bibeyran dut avoir été confrontée à un système qui n’a pas vraiment voulu prendre en compte la situation. En décembre 2011, la Commission régionale de reconnaissance des maladies professionnelles ne donnera pas une suite favorable au dossier de son frère. Six mois plus tard, ce sera aussi une fin de non-recevoir des recours amiables de la Sécurité sociale.

Aujourd’hui, Marie-Lys Bibeyran revient à la charge avec l’enquête « Apache » sur les mèches de cheveux.

Elle annonce que la MSA a accepté de reprendre le dossier de Denis et qu’une audience se déroulera le 3 juin devant le tribunal des affaires de sécurité sociale. Elle sera épaulée par Me Lafargue, l’avocat qui était intervenu dans le procès Monsanto « J’épuiserai toutes les voies de recours ».

Julien Lestage