Mardi 5 Novembre 2024
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26.09.2013
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A la suite de la polémique suscitée par l’étude du magazine Que Choisir, intitulée « La peste soit des pesticides », le co-fondateur du laboratoire ayant mené l’étude, Pascal Chatonnet, a souhaité calmer les esprits.
Le débat sur les traces de pesticides retrouvées dans les bouteilles de vin est bel et bien ré-ouvert. Pascal Chatonnet, producteur en Bordelais (vignobles Chatonnet), « flying winemaker » pour des propriétés telles que Vega Sicilia en Espagne, Mission Hill au Canada, ou encore Issan à Margaux ou Beaucastel à Chateauneuf-du-pape, est également le co-fondateur du laboratoire girondin Excell (Mérignac 33), à l’origine de la publication des résultats de l’étude sur les traces de pesticides dans le vin, révélée par le mensuel Que choisir, mardi matin.
Les vignerons seraient les seuls « consommateurs » touchés
Selon l’œnologue bordelais, l’étude révèle un véritable problème environnemental et de risque de santé pour les agriculteurs. Les consommateurs ne seraient, selon lui, pas concernés. Selon lui, « rien ne démontre aujourd’hui que ce taux infinitésimal de toxicité est nocive pour la santé des consommateurs, le vrai problème de l’utilisation des pesticides est un problème de viticulteurs, et du manque d’information qu’ils subissent chaque jour, avant d’aller traiter. » L’étude menée par son laboratoire, constate en effet que les LMR (Limites Maximales de Résidus établies par l’Agence Européenne de Santé des Aliments) ne sont jamais dépassées. « A Bordeaux, je connais des producteurs qui ne savent même pas ce qu’est une LMR. Comment voulez-vous qu’ils prennent conscience des doses qu’ils utilisent ? » questionne Pascal Chatonnet, au franc-parler indiscutable. La méconnaissance ressemblerait même, selon lui, à une politique de l’autruche de la part de l’ensemble de la profession. « Aujourd’hui, aussi bizarre que cela puisse paraître, les LMR ne sont pas appliquées au vin. La profession ne souhaite pas se concerter sur ce sujet, ce qui est dommage, car cela clarifierait les choses », regrette Pascal Chatonnet.
Un problème environnemental étouffé
L’étude menée par UFC Que Choisir a sélectionné 92 bouteilles proposées en foires aux vins et issues de toutes les régions de France. Toutes, sans exception, contenaient des résidus de pesticides, qu’elles soient estampillées bio ou pas. De quoi apporter une confusion supplémentaire pour le consommateur final, mais surtout preuve d’une viticulture intensive et gourmande en produits phytosanitaires, qui s’ils n’ont pas été jugés dangereux pour le consommateur, restent potentiellement nocifs pour les plantes et les sols. « Il n’y a pas de vraie prise de conscience par la profession », explique Pascal Chatonnet. « Bien sûr il y a le cas du petit producteur bio, entouré par des grands utilisateurs de pesticides. C’est malheureusement un peu comme un fumeur passif. Mais il y a aussi tous les viticulteurs qui se revendiquent en agriculture raisonnée, ou qui s’auto-déclarent en bio. Ainsi que le discours des négociants. Il faut stopper ça. »
Dans l’étude d’UFC Que Choisir, des marques très consommées ont été pointées du doigt. Mouton-Cadet, par exemple (14 millions de cols dans le monde en 2012) a révélé 14 molécules de pesticides différentes. Baron de Lestac (la marque Bordeaux du groupe Castel) en contient 9… (Tous les résultats de l’étude en suivant ce lien)
Il est également rappelé par cette étude, que la France reste le premier utilisateur de pesticides (62 700 tonnes en 2011), particulièrement dans le secteur vitivinicole, qui utilise 20 % de ces produits sur seulement 3 % de la surface agricole utile. Un appel à une prise de conscience urgente, de la part des réseaux de distribution et des pouvoirs publics.
L.G.
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