Lundi 23 Décembre 2024
(Photo Archive Sud-Ouest)
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25.04.2016
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La préfecture de la Gironde a pris vendredi un nouvel arrêté restreignant l’épandage de pesticides dans les vignes, face aux inquiétudes soulevées par des associations et riverains et alors que les viticulteurs ont débuté leurs traitements.
Les premières feuilles sont apparues sur les ceps de vigne. La période de pulvérisation de produits phytosanitaires, très utilisés dans la viticulture, vient de commencer et a poussé la préfecture de la Gironde à encadrer de manière plus formelle ces pratiques.
Cet arrêté entend ainsi renforcer les mesures applicables aux abords des établissements scolaires prises en juin 2014 et qui avaient été décidées après que des enfants d’une école à Villeneuve-de-Blaye eurent été incommodés par des traitements de viticulteurs jouxtant leur établissement.
Outre les écoles, cet arrêté élargit désormais la liste des établissements concernés aux crèches, haltes-garderies, aires de jeux, centres de loisirs et établissements de santé, indique la préfecture dans un communiqué. Il encourage les viticulteurs à la mise en place de dispositifs de protection tels que des haies et le recours à des matériels de pulvérisation limitant la dérive lors du traitement.
En cas d’absence de ces mesures de prévention, il interdit aux viticulteurs « l’application de produits phytopharmaceutiques pendant certaines plages horaires »: début et fin des activités scolaires et périscolaires ou pendant les récréations.
L’arrêté fixe également à 50 mètres la distance à respecter pour les épandages à proximité de ces établissements avec la possibilité de réduire la distance de traitement à 20 mètres, voire à 5 mètres en fonction du type de pulvérisateur utilisé dans les vignes.
Cet arrêté a fait l’objet d’une consultation préalable du public du 17 mars au 8 avril 2016. Près de 150 contributions, émanant de particuliers, de parents d’élèves, d’associations, d’élus, de viticulteurs ou d’organisations professionnelles agricoles ont ainsi été étudiées, selon la préfecture. Les produits phytopharmaceutiques dits « à faible risque » ont cependant été exclus du champ de l’arrêté.
« Ce manque de volonté m’inquiète. Il signifie que le poids économique de la viticulture dans le département l’emporte sur l’enjeu de santé alors que l’on a des éléments probants quant aux effets des pesticides sur la santé », a réagi auprès de l’AFP Marie-Lys Bibeyran, de l’association Info Médoc pesticides. « Cet arrêté a pour seul but d’essayer de rassurer la population mais les gens ne sont plus naïfs et les parents qui emmènent leurs enfants dans des écoles proches de vignes sont inquiets », a-t-elle dit.
« Avec cet arrêté, on ne peut pas parler de protection. Les haies naturelles ne font pas encore un mètre de haut, les filets de protection c’est de la foutaise », a ajouté Mme Bibeyran qui avait remis en préfecture une pétition de près de 90.000 signatures demandant à ce que les vignes à proximité de lieux sensibles ne soient plus élevées qu’en agriculture biologique, celle-ci n’utilisant que des molécules naturelles, pas de synthèse.
« Je ne m’attendais pas à ce que la préfecture prenne un tel virage mais c’est à mon sens la seule décision proportionnée à court terme », a-t-elle regretté.
« C’est une parodie de démocratie participative », a réagi pour sa part Valérie Murat, fille d’un viticulteur girondin mort d’un cancer et qui se bat contre les dangers des pesticides. « Je suis déçue car j’attendais au moins du préfet une préconisation contre l’utilisation des produits contenant des molécules cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) car il existe des produits de substitution », a-t-elle déclaré.
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