Vendredi 15 Novembre 2024
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10.01.2013
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A la tête des 160 hectares du Château Ollieux Romanis, dans les Corbières, Pierre Bories vient d’entamer une nouvelle aventure en rachetant le Champ des Murailles, petite propriété de 8 hectares créée par François Des Lignéris. L’opportunité pour lui de révéler une autre facette du terroir de Boutenac.
De 160 hectares à 8 hectares, Pierre Bories change d’échelle, mais reste toujours dans la dentelle. Le vigneron des Corbières, qui dirige avec succès le Château Ollieux Romanis (dont il partage la propriété avec ses sœurs et ses parents), vient de se lancer dans une nouvelle aventure en rachetant, en nom propre avec son épouse, le Champ des Murailles, un petit domaine de 8 hectares créé en 1994 par François Des Lignéris. « Je m’entends très bien avec les vignerons de Boutenac, raconte Pierre Bories, et avec François cela faisait deux ans que l’on se tournait autour. Je savais qu’il voulait se consacrer à son établissement l’Envers du Décor, à Saint-Emilion, et nous sommes tombés d’accord sur la reprise du Champ des Murailles. L’avantage est que ce domaine se situe à deux pas de chez moi, et à 6 kilomètres à vol d’oiseau d’Ollieux Romanis. »
Une autre facette de Boutenac
L’acquisition du Champ des Murailles offre à Pierre Bories « une autre zone d’expression, différente d’Ollieux Romanis par la taille, par le format, et surtout par le terroir. Ici aussi, nous sommes sur le terroir de Boutenac, mais versant Ouest (Ollieux Romanis est exposé Sud/Sud-Est), donc avec une climatologie très différente au niveau de l’influence maritime et de la pluviométrie. Cela nous donne donc l’opportunité d’explorer une expression complètement différente du terroir ».
Président de l’AOC Corbières Boutenac, Pierre Bories est intarissable sur ce terroir, sa diversité, son potentiel, et sur l’impact que peut avoir le vigneron en approfondissant sa connaissance des sols et des climats. Il est donc extrêmement enthousiaste face à ce nouveau projet, sur lequel il n’avance pas à l’aveugle : « cela fait dix ans que je vinifie sur ce territoire, je commence donc à bien percevoir les différences entre les terroirs. Pour moi, les vins du versant Est de Boutenac présentent plus d’onctuosité, de rondeur, tandis que ceux du versant Ouest présentent plus de tension. C’est vers cela que je souhaite aller, vers une meilleure expression de ce terroir, et je me donne deux ans pour apprendre les sols, les vinifications… »
Prendre son temps
Pour assurer la transition en douceur, Pierre Bories a commencé à travailler de concert avec François Des Ligneris sur le millésime 2012 et s’estime encore en apprentissage : « nous avons commencé les vinifications en septembre, les malos ne sont pas encore faites. J’avance pas à pas. J’ai la chance d’avoir du temps, je peux donc aller à mon rythme, sans schéma préconçu, sans suivre de recette, en me tenant à l’écoute du terroir dont j’ai l’espoir de révéler les secrets. Si le vigneron a forcément des choix qui influencent le style (extraction, finale, toucher de bouche), c’est d’abord le terroir qui doit s’exprimer dans le vin ».
Les huit hectares sont en pleine capacité de production, avec une vingtaine de parcelles bien identifiées. L’encépagement est à dominante de carignan (« un cépage qui s’exprime magnifiquement ici »), puis de grenache, avec un peu de syrah et de mourvèdre. Pierre Bories n’exclut pas de planter un peu de carignan blanc, où d’aller vers encore plus de précision sur le parcellaire et les vinifications, mais reste humble et patient, soulignant l’excellent travail accompli par son prédécesseur. Sans se réclamer d’une étiquette bio, Pierre Bories entend décliner ici les méthodes qu’il emploie à Ollieux Romanis pour la conduite de la vigne (1200 tonnes de compost « maison », uniquement des engrais organiques), voire même, qui sait, aller encore plus loin, « le but étant de mettre le sol dans les meilleures conditions, pour démontrer les différences entre ces deux facettes de Boutenac ». Rendez-vous est pris dans quelques mois, pour faire un premier point sur cette belle aventure.
Mathieu Doumenge
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