Jeudi 19 Décembre 2024
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18.04.2016
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Alors que l’effervescence de la semaine des Primeurs est retombée à Bordeaux, le monde du vin retient son souffle en attendant que les propriétés fixent le prix de leur millésime 2015. En première ligne, le négoce. Rencontre avec Ariane Khaïda, directrice générale du négociant bordelais Duclot.
Créée en 1886, Duclot est possédé depuis 1956 par la famille Moueix (Petrus). La maison de négoce commercialise ses vins auprès des professionnels, restaurateurs et cavistes en France et aux États-Unis, mais aussi importateurs et grossistes spécialisés dans plus de 80 pays. Depuis les années 1970, Duclot vend également aux particuliers dans ses magasins de Bordeaux, Paris et Bruxelles, et sur son site chateauprimeur.com dédié à la vente de bordeaux primeurs aux particuliers. A la tête de la maison de négoce depuis mars 2014, Ariane Khaïda a répondu aux questions de « Terre de Vins » en cette semaine post-primeurs.
Quel est votre ressenti sur les vins dégustés lors de ces primeurs ?
On a un très beau millésime, même s’il n’est pas totalement homogène. Les conditions climatiques ont été favorables, mais il y a des disparités d’une appellation à une autre et d’un cru à un autre. Ces différences sont surtout liées au terroir, aux décisions de récolte, de vinification… Globalement, c’est un très grand millésime rive droite, avec des vins absolument magnifiques. Rive gauche, les appellations margaux et pessac sont très belles. Il y a aussi des très beaux vins plus au nord, à Pauillac, Saint-Estèphe, Saint-Julien…
Avez-vous noté un regain d’intérêt des professionnels venus déguster à Bordeaux pour ce millésime ?
On a eu beaucoup de clients, du monde entier, ce qui est plutôt bon signe. Des marchés qui étaient moins à l’écoute lors des dernières campagnes primeurs sont revenus. Le marché américain a notamment été très présent, ainsi que des marchés européens tels que les marchés anglais ou français. Ce sont des marchés très matures au niveau des achats primeurs. On a vu aussi pas mal de clients asiatiques. L’intérêt est général et mondial. Nos clients ont le même ressenti que nous : c’est un très beau millésime.
Et du côté des particuliers, l’intérêt est-il également palpable ?
Absolument. Nous avons un site de vente par internet « Château Primeur » sur le marché français, le seul site 100% dédié aux primeurs. Nos clients nous appellent déjà depuis janvier pour avoir des nouvelles de nos premières dégustations. On a eu beaucoup d’inscriptions sur le site très en amont de la campagne. Le marché français est présent et bien présent. C’est une bonne nouvelle car il était peut-être un peu moins excité par les millésimes précédents.
Maintenant que la semaine des dégustations primeurs est finie, que va-t-il se passer ?
Après les dégustations, la campagne primeurs, c’est-à-dire la mise en marché, va débuter. Les premières mises en marché sont annoncées pour ce lundi 18 avril. Entre lundi et fin mai-début juin, chaque propriété annoncera petit à petit son prix de sortie. Il sera fixé en fonction de la demande, des discussions avec le négoce, de la position et de la force de la marque, du succès lors des campagnes précédentes… Chaque propriété est responsable de son prix de sortie.
Des hausses de prix semblent se préciser sur ce 2015. A quelle tendance de prix appelle le négoce ?
On peut imaginer et comprendre des prix à la hausse par rapport au millésime précédent, car les vins sont très bons. Pour parler de hausse par rapport à 2014, il faut que la campagne précédente ait fonctionné, c’est-à-dire que le prix ait été validé par les marchés. Il y a des grandes disparités d’une propriété à l’autre. Mais globalement, on a une forte demande, avec face à nous des marchés matures. On n’est pas du tout dans un contexte de bulle comme celui du marché chinois très présent en 2010. Il faut que les prix restent très raisonnablement en hausse, pour qu’ils se concrétisent par un vrai enthousiasme de la part de l’ensemble des marchés.
Percevez-vous d’ores-et-déjà des marchés plus réceptifs que d’autres en ce millésime 2015 ?
Si les prix sont bons, l’ensemble des marchés sera présent. C’est ce qu’il faut. Cet outil extraordinaire que sont les primeurs bordelais a été un peu mis à mal ces dernières années. Avec un vin comme celui qu’on a en 2015, une demande qu’on sent bien présente, il faut absolument faire de cette campagne un beau succès à Bordeaux. Mais surtout, et c’est beaucoup plus important, jusqu’au bout de la chaîne, jusqu’au client particulier français ou étranger.
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