Vendredi 22 Novembre 2024
Auteur
Date
04.04.2014
Partager
Présent à la dégustation du Grand Cercle des vins de Bordeaux, Jean-Yves Béchet, du château Fougas en Côtes-de-Bourg, soutient que même dans un millésime compliqué comme 2013, on peut assumer une viticulture en biodynamie. Sans trop en payer le prix.
A la tête d’une vingtaine d’hectares depuis 1976, Jean-Yves Béchet est l’une des principales figures de la biodynamie en Côtes-de-Bourg. Un virage qu’il a pris sur le tard (il est certifié Biodyvin et Demeter depuis 2012) mais qui est l’aboutissement d’une longue évolution : « cela faisait déjà longtemps que nous n’avions plus recours à la chimie dans nos vignes. La première étape a été de passer en bio, mais cela ne me suffisait pas. Je voulais aller plus loin dans les traitements naturels. Et en fin de carrière, cela m’amusait de me lancer dans ce grand changement ».
Fier de présenter ses vins à la dégustation du Grand Cercle des vins de Bordeaux, qui se tenait en début de semaine au Palais de la Bourse, Jean-Yves Béchet reconnaît, comme chacun, que ce millésime a porté son lot d’épreuves. Les rendements se situent autour de 20 hl/ha, contre 35 sur une année normale. Mais il estime néanmoins qu’il a su limiter les dégâts : « contrairement à ce que certains disent, la biodynamie n’est pas un handicap sur un tel millésime. C’est intéressant, justement, car l’on se donne les moyens d’apporter de la vie dans le sol, de soutenir la croissance de la vigne, de faire le juste traitement au bon moment. Nous n’avons pas eu de grosse attaque de maladie, on réalise que la vigne apprend à mieux se défendre toute seule. Il faut juste être très attentif, à l’écoute. Ceux qui prétendent que le bio ou la biodynamie sont trop difficiles à Bordeaux n’ont juste pas envie de faire l’effort. Certes, ce n’est pas facile, il faut faire son boulot de vigneron. Mais l’on constate que de plus en plus de grands crus classés font des essais dans ce sens. Je crois que cela va venir. »
Jean-Yves Béchet veut signer des vins « qui expriment une authenticité, la typicité de leur terroir. Des vins sur la fraîcheur, la buvabilité, sans surmatûrité ». 2013 est pile dans la cible : « nous avons été mûrs huit jours avant tous les autres. Le défi est de faire des vins sans tanins agressifs, sur la souplesse, accessibles, plaisants. On revient à des vins-boissons ! » Outre son Château Fougas Maldoror en primeur, le viticulteur faisait déguster sa cuvée « Organic Premium » en 2010, produite à 5000 bouteilles à partir de ses meilleures parcelles. Une manière de juger l’évolution de ses vins. Côté prix, pas de surprises en vue : « nous devons rester constants (entre 15 et 25 € prix public selon les cuvées, NDLR). Le consommateur ne voit pas son pouvoir d’achat augmenter. J’ai l’avantage de recevoir depuis longtemps les clients à la propriété. Je suis en contact direct avec le consommateur, pas seulement avec les marchands. Cela me permet de savoir quel est le juste prix, tout en sachant – et en expliquant – que l’on ne peut pas faire un grand vin en-dessous d’un certain coût ».
Mathieu Doumenge
Articles liés