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31.03.2017
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Qu’ils soient chinois, américains, britanniques ou allemands, près de 6.500 professionnels se sont donné rendez-vous dès lundi pour un évènement unique dans le monde du vin et très attendu cette année: la traditionnelle semaine des primeurs à Bordeaux, où sera dégusté et noté le millésime 2016 des grands crus, déjà considéré comme « exceptionnel ».
Mais, le système des ventes de vins en primeurs connaît une crise depuis plusieurs années et de fortes interrogations existent quant à leur prix, en particulier en raison du Brexit. La dévaluation de la livre britannique par rapport à l’euro pourrait en effet avoir des conséquences négatives sur l’important marché britannique, qui est de plus la plaque tournante des exportations vers d’autres continents, comme l’Asie.
« 2016, ça fait partie des grands millésimes, supérieurs à 2009 et 2010 en termes d’équilibre avec une bonne acidité qui donne des vins harmonieux, avec du volume, de la fraîcheur », note l’œnologue Antoine Medeville, d’Œnoconseil, pour qui 2015 est plus hétérogène que 2016.
Avec des conditions climatiques excellentes qui ont permis presque partout une récolte à maturité optimale, le millésime 2016 a éveillé l’intérêt pour ces primeurs des négociants, courtiers, acheteurs de la grande distribution, cavistes et journalistes spécialisés, dont le nombre d’inscrits a augmenté de 43% par rapport à l’année dernière. Certains font déjà la tournée des châteaux.
« Il n’y a pas d’autres régions viticoles qui rivalisent avec les primeurs à Bordeaux dans le monde, en termes de disponibilité du vin à être vu, dégusté, à rencontrer des vignerons… », reconnaît le blogueur américain Jeff Leve lors d’une dégustation de crus bourgeois du Médoc en pré-primeurs. L’Union des grands crus de Bordeaux (UGCB), qui regroupe 133 châteaux sur 6.000 dans le Bordelais, organise ces primeurs. Le système consiste à vendre à des négociants, qui revendront aux particuliers, des vins pas encore en bouteille à des tarifs plus avantageux que lorsqu’ils seront mis sur le marché deux ans plus tard.
« En 2014, des vins en primeurs ont été valorisés de 30% (…) On a redonné confiance au marché. L’effet millésime est important. Quand on a trois millésimes compliqués (2011, 2012, 2013), ça fragilise le système de vente en primeurs », explique le président de l’UGCB, Olivier Bernard.
Du Médoc jusqu’à Sauternes
Huit châteaux accueillent officiellement ces dégustations, du Médoc jusqu’au Sauternes. A cela s’ajoutent les dégustations individuelles de plus en plus prisées dans les châteaux et qui ne concernent pas seulement les grands crus. Ainsi, des dizaines de manifestations « satellites » sont prévues dans des châteaux ne faisant pas partie de l’UGCB, comme le Conseil des vins de Saint-Emilion, des vignerons bio ou en encore le syndicat viticole de Pessac-Léognan. Et des œnologues réputés regroupent les vins qu’ils conseillent pour des dégustations dédiées.
Le Brexit aura-t-il un impact sur les prix ?
Les choses sérieuses débutent dès la fin avril avec la vente des vins, leur prix étant influencé par les notes de dégustation des journalistes. Jusqu’à fin juin, 300 grands crus vendent en général 80% de leur production, selon Olivier Bernard.
Mais, ces ventes représentent un volume très faible par rapport à l’ensemble de la production et ont très fortement chuté: de 15% en 2009 à seulement 1,5% en 2015, selon le site en ligne spécialisé britannique Liv-ex. Des prix trop élevés au cours des dernières années ont été un handicap considérable, occasionnant, selon Liv-ex, des pertes de chiffre d’affaires de plusieurs centaines de millions d’euros. En conséquence, le site en ligne spécialisé britannique Wine Lister recommande une baisse de prix en moyenne de 4%, à l’exception du marché américain, le premier au monde, qui supporterait une hausse — minime — de 1%.
« Tous les signaux sont au vert », estime cependant le négociant Philippe Larché, « à part le Brexit qui apporte un point d’interrogation ».
Autre incertitude : les prix après un très bon millésime 2015. « On a toujours eu du mal à vendre un deuxième grand millésime, on pourrait redouter cela pour 2016 si c’est trop cher », estime le négociant et copropriétaire des châteaux Le Crock et Léoville Poyferré, Olivier Cuvelier, en faisant référence à 1989/1990 et 2009/2010.
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