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[PRIMEURS] Être bio en 2013, loin d’être un handicap

Auteur

La
rédaction

Date

01.04.2014

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Bordeaux, Entre-Deux-Mers, Côtes de Bourg, Castillon, Blaye, Saint-Emilion, Pomerol, Bergerac, Monbazillac, Graves… La dégustation, sous les arcades du hall imposant du centre d’art contemporain, révélait tous les terroirs de Bordeaux, avec un point commun : l’agriculture biologique certifiée. Alors qu’en 2013, un certain nombre de propriétaires ou directeurs de propriétés bordelaises, essaient de démontrer qu’il est impossible de travailler en bio en Aquitaine avec des conditions climatiques compliquées, les 46 vignerons présents hier soir, ont démontré le contraire.

Les mêmes baisses de rendements qu’ailleurs

Tous, ou presque, se rappellent douloureusement du printemps 2013, avec des floraisons tardives, beaucoup de froid et bien trop d’humidité. « En plus des conditions météo catastrophiques, j’ai été victime de la grêle pour la troisième fois. Mais ça, personne n’est épargné quand le couloir passe, explique Jean-François Lespinasse, du Château Bichon-Cassignols situé à La Brède (Graves). Notre force, en bio, c’est l’habitude d’observer. Cela permet une grande réactivité. C’est frustrant car les efforts engagés ne paient pas en quantité de raisins cette année, mais c’est pour tout le monde pareil en 2013, il ne faut pas se leurrer » ajoute le vigneron de La Brède.
Même sentiment pour Franck Richard, propriétaire du Cru Godard et président de l’appellation Francs-Côtes de Bordeaux : « Cette année, mes rendements sont autour de 34 hectolitres/hectare, ce n’est pas bien différent du millésime précédent. Oui, être en bio veut dire être attentif et avoir plus de passages dans les vignes. Cela demande plus de travail, mais en qualité cette année, nous n’avons pas grand-chose à envier aux autres. » Un choix de conversion de culture que le vigneron a fait en 2007, « pour ma santé, mes enfants et mes sols », et le goût du vin « plus fruité depuis 2010 ».

Plus de cuivre qu’ailleurs pour compenser ?

Certainement, avec les pluies battantes du printemps, mais « ce n’est pas le bon débat » selon ce vigneron de la Rive droite. « C’est vrai qu’en bio, nous sommes autorisés chaque année à passer 4 kg de cuivre au total, mais en très petites quantité (de 200 à 400 grammes par passage). Nous ne le faisons bien sûr pas tous les ans. Alors que les non certifiés, utilisant également le cuivre, en mettent parfois plus d’1, 5 kg en une fois, sans compter tous les autres produits toxiques que l’on retrouve dans les sols et dans l’air qu’on respire. » L’utilisation du cuivre en prévention de la maladie du mildiou, reste une pratique controversée, puisque la molécule du cuivre n’est pas dégradable dans les sols. Elle réagirait néanmoins différemment selon les sols. « Dans des sols à tendance sableuse, la molécule est phytotoxique. Dans nos argiles calcaires, elle se fait absorber par le calcaire, et n’empêche en rien les racines de la plante de creuser. Même si ce n’est pas idéal, c’est quand même bien mieux que de respirer du round-up directement sur son tracteur, et d’en faire profiter tous les voisins ».

Laure Goy