Mardi 5 Novembre 2024
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04.04.2014
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Pendant cette semaine des primeurs, Stephan von Neipperg présente ses vins au château Canon La Gaffelière, son Premier Grand Cru Classé de Saint-Emilion. L’occasion de livrer une nouvelle fois un éclairage ciselé sur ce millésime 2013.
Il faut plus qu’un millésime décrié par avance à cor et à cri pour enlever son flegme à Stephan von Neipperg. Le propriétaire du château Canon La Gaffelière et La Mondotte (tous deux Premiers Grands Crus Classés de Saint-Emilion), mais aussi de Clos Marsalette (Pessac-Léognan), Château d’Aiguilhe (Castillon-Côtes-de-Bordeaux) et Clos de l’Oratoire (Saint-Emilion Grand Cru), faisait déguster ses vins cette semaine à Canon La Gaffelière. Pour lui, pas de langue de bois : ce millésime 2013 était compliqué. « Nous avons déjà eu 50% de perte à la floraison. Je n’ai jamais vu un tel millerandage. Il y avait du botrytis à la fleur, à la feuille… Quand on a de telles conditions, les vendanges peuvent devenir explosives. En fait, c’était un vrai millésime sado-maso : il y avait des pieds avec beaucoup de grappes, des pieds sans grappes… Il fallait faire preuve de capacité de décision, d’adaptation. Être réactif sur les vendanges. Et adapter la vinification à la réalité de ce millésime ».
En d’autres termes : ne surtout pas surextraire, ne pas fouler, piger légèrement, remonter en douceur, faire des macérations courtes. « C’est un millésime de fainéant, sourit Stephan von Neipperg. Il ne fallait surtout pas en faire trop. Ne pas chercher les tanins. On va aller vers des élevages courts, avec moins de bois neuf ». Du côté des volumes, ce n’est pas une surprise, le millésime a été sévère. 10 hl/ha pour Château d’Aiguilhe (touché par la grêle), 8 hl/ha pour la Mondotte (contre 25 sur une année normale), 10 hl/ha pour Canon La Gaffelière…
Malgré tout, Stephan von Neipperg se veut confiant sur le potentiel de ce 2013 : « nos acheteurs habituels répondent présent. Ils sont curieux de déguster et de se faire leur propre avis. Au fil des années, nous nous sommes établis comme une marque reconnue, qui propose des vins d’amateurs, pas des vins « hype » ou de spéculation. Ma famille est dans le vin depuis très longtemps, c’est donc important d’inscrire notre business dans la durée, pour maintenir un capital confiance. C’est dans les années comme celle-ci que cela paie ».
Une confiance dans la qualité des vins, qui arborent encore en 2013 l’élégance propre au « style » Neipperg (mention spéciale à La Mondotte, mais aussi au Clos de l’Oratoire et au Château d’Aiguilhe qui devraient constituer d’excellents rapports qualité-prix), mais aussi dans la stabilité des prix. « Même avec peu de vin, nous devons rester dans la stabilité, souligne Stephan von Neipperg. La réactivité par rapport au marché, c’est très important. Entre 2009 et 2010, nous n’avions pas augmenté. Et en 2011, nous avons fait passer la Mondotte de 200 à 85 €. Nous avons tout vendu. Idem pour Canon La Gaffelière, passé de 50 à 36 €. En 2012, nous avons encore un peu baissé nos prix. Nous devons être à l’écoute, d’autant qu’aujourd’hui, le marché du vin est mondialisé. Si les acheteurs trouvent Bordeaux trop cher, ils n’ont plus de scrupule à se tourner vers des vins du nouveau monde. A nous de rester compétitifs, en espérant que nous n’aurons pas trop de millésimes comme celui-ci… »
Mathieu Doumenge
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