Vendredi 27 Décembre 2024
Auteur
Date
21.02.2017
Partager
Xavier Fabre, porte-parole du Syndicat des Vignerons Gardois nouvellement créé, appelle à des actions musclées et mobilisatrices pour lutter contre la grande distribution et l’entrée massive des vins importés d’Espagne sur les linéaires français.
Pourquoi avoir créé un nouveau syndicat ?
On ne se reconnaissait pas dans les actions menées par nos confrères. Aujourd’hui dans le Gard, il existe des syndicats à vocation générale qui traitent de dossiers transversaux, des syndicats d’appellation, des syndicats de promotion et parallèlement, une situation économique qui se dégrade de façon inquiétante. Il y avait urgence à fédérer tous les vignerons, quel que soit le syndicat auxquels ils sont rattachés – des jeunes, des moins jeunes, des caves particulières ou des caves coopératives – pour défendre le devenir économique d’une filière viticole au seuil d’une nouvelle crise.
Quelles sont les difficultés rencontrées par la filière ?
Dans le Gard, entre 20 et 30% de la récolte 2016 n’a pas été vendu et ce qui a été vendu l’a été moins cher que l’année précédente. Les retiraisons ont 3 à 4 mois de retard : les paiements s’effectuant 60 jours après le retrait des vins en cave, les conséquences sur les trésoreries se font déjà ressentir de manière cruelle : certaines caves coopératives font des crédits court terme ou des ouvertures de crédit, beaucoup de vignerons sont en difficulté. Et si les vins ne sont pas retirés avant l’été, ils risqueraient d’être renégociés à la baisse ce qui cristalliserait d’autant notre colère face à la GD.
Vous incriminez en particulier la grande distribution ?
La grande distribution (GD) française importe massivement et à bas prix, des vins espagnols qui prennent la place des vins français. On nous demande aujourd’hui, nous vignerons, de courir le 100 mètre mais avec une jambe attachée ! Nous ne pouvons pas lutter contre cette concurrence déloyale, les vins espagnols étant produits avec des contraintes environnementales et sociales bien moindres que les nôtres, alors même que ces vins sont vendus en Bag in Box avec tromperie sur l’étiquette quant à leur origine. La pression réglementaire nous impose des contrôles des douanes réguliers, pour vérifier qu’il ne manque pas deux litres de vin dans nos cuves. Mais qu’en est-il des 8 Millions d’hectolitres de vins espagnols importés en 2016 en France ? A peine 200 contrôles ont été réalisés l’an passé sur les linéaires. Ce déséquilibre de rapport dans les contrôles, participe aussi de notre colère et de notre volonté de dénoncer le double jeu de la GD.
Vous annoncez dans les prochains mois des actions dures et mobilisatrices face à la GD ? C’est une déclaration de guerre ?
En aucun cas, nous sommes nombreux à regretter cette situation mais nos interlocuteurs ne nous laissent pas le choix. Dans l’histoire syndicale du midi viticole, il y a toujours eu des mobilisations de masse qui ont porté le relais de la colère des vignerons. Aujourd’hui à notre tour, nous allons nous faire l’écho de cette colère : avoir un discours dur, mener des actions musclées qui fassent descendre les gens dans la rue, c’est finalement la seule façon d’être entendu de la GD. Nous souhaitons aussi par nos actions, que ceux qui défendent la filière à Paris et dans les bureaux des préfectures, sentent qu’ils ont l’appui du mouvement viticole.
Quelles sont vos attentes face à la GD ?
Nous souhaitons que la grande distribution joue le jeu du local et que 95% des rayons vin soient occupés par des vins du Gard et de la région Occitanie. Nous produisons une gamme de vins large, des vins faciles à boire, légers, des vins de garde, etc., qui répondent à toutes les attentes de consommation. Nous ne sommes pas en déficit de production, nos caves sont pleines ! Il est incompréhensible que la grande distribution ne joue pas le jeu, alors qu’elle poursuit sa politique de greenwashing : actuellement, la GD nous impose des normes de traçabilité de plus en plus contraignantes quand elle passe aux achats chez nous, mais fait rentrer en sous-main pour ses marques de distributeurs (MDD) premier prix, des vins espagnols sans aucune traçabilité ni contrainte environnementale.
Quelles seront vos premières actions ?
Notre volonté actuellement, est rencontrer la base, les forces vives de notre mouvement en multipliant les réunions de secteur sur le département. Nous organisons ce mardi 21 février notre quatrième rencontre et avons déjà dans nos rangs près de 200 vignerons gardois. Quant à nos actions à venir, on les mènera et après, on les annoncera…
Articles liés