Mercredi 25 Décembre 2024
Auteur
Date
26.03.2015
Partager
Peter Kwok a été le premier chinois à s’offrir un château bordelais en 1997. Il en possède quatre aujourd’hui, en merlot majeur, regroupés sous la dénomination Vignobles K.
Peter Kwok n’est pas là pour présenter à Paris les derniers millésimes de ses quatre propriétés bordelaises. Ce chinois de culture vietnamienne, de cœur français et résidant à Hong Kong est un monsieur discret et débordé entre ses affaires en Chine (il dirige une société d’investissement dans l’énergie), son poste de docteur en finance à Berkeley en Californie, ses palaces au Tibet et en Chine, sa passion pour l’art tibétain et à l’occasion, des transactions diplomatiques franco-chinoises. Mais son ombre plane sereinement sur ses vins pour lesquels il a délégué son efficace directeur général Jean-Christophe Meyrou (qui a développé Alta Vista en Argentine, les vignobles Peré-Vergé, notamment les célèbres pomerols Le Gay et La Violette) et son directeur technique Jérôme Aguirre (ex Brana, Château de Reignac, et aussi Le Gay et La Violette)… Autre digne représentant et ambassadeur de choix, l’œnologue conseil Michel Rolland. Le charmeur winemaker reconnait que son client depuis dix ans, devenu son ami, « s’intéressait moyennement au vin quand il a acheté en 1997 Haut-Brisson, un saint-émilion grand cru avec de belles parcelles mais sur un terroir moyen. C’était juste la meilleure façon pour lui que ses deux filles Elaine et Karen, puis son fils Howard parlent français. Aujourd’hui, il adore le vin, surtout le merlot, et avec l’excellence vrillée au corps, il donne à qui le côtoie l’énergie et l’impulsion pour aller plus loin ».
Des palaces du Tibet aux grandes tables
En venant régulièrement passer ses week-ends à Saint-Émilion, le premier chinois propriétaire de châteaux bordelais s’est incontestablement pris au jeu et a racheté ensuite les propriétés de Tour St Christophe, toujours en Saint-Émilion grand cru, La Patache en Pomerol et l’Enclos de Viaud à Lalande-de-Pomerol. « De jolis potentiels qui donnent en 2014 des vin déjà intéressants, en particulier à Tour St Christophe » où Peter Kwok a fait réhabiliter les belles terrasses en pierres sèches et où il fait construire par Christophe Massie (L’Agence de l’Arsenal) un chai avec des cuves par gravitation étudiées pour une vinification intégrale en barriques. A La Patache, quatre parcelles sur 1, 2 ha ont été sélectionnées sur le plateau de graves fines avec crasse de fer et sous-sol argileux, afin d’élaborer la cuvée Enclos Tourmaline à 100% merlot, tout en élégance aux côtés de Haut-Brisson, tout en puissance boisée. Après le recrutement de l’équipe vient la restructuration pour s’occuper du potentiel des vignobles qui dépasse désormais 200 000 bouteilles. « Il faut participer à la transition des domaines sans ego, laisser parler les terroirs, peut-être davantage qu’on ne le fait d’habitude à Bordeaux où l’on raconte trop les fiches techniques » estime Jean-Christophe Meyrou. La volonté du propriétaire est désormais d’offrir à ses vins une distribution mondiale. Il les avait d’abord commercialisés en Chine, notamment dans ses hôtels, avant de les remettre sur la place de Bordeaux. Ils sont déjà chez Garance, Robuchon, bientôt Lavinia et la Grande Épicerie.
Frédérique Hermine
Notre sélection
• Château Tour Saint-Christophe 2012 – Saint Émilion Grand cru. Le premier millésime depuis le rachat du domaine de 11 ha. 80% merlot, 20% en cabernet franc. Des arômes de fruits noirs, belle tension des tanins et une longue finale. (60€)
• Chateau Haut-Brisson La Réserve 2010 – Saint-Emilion grand cru 2010 16 ha. 88% merlot complétés de cabernets sauvignon et franc. Un vin encore jeune très concentré et tannique aux notes de cassis (60€)
• La Patache 2010 – Pomerol. 3, 18 ha sur 9 parcelles. 85% merlot, 15% cabernet franc, 15 mois en barriques neuves. Très aromatique en fruits et épices, des tanins déjà soyeux sur un vin structuré. (30€)
• Enclos de Viaud 2011 – Lalande de Pomerol. 2, 48 ha en 2 parcelles séparés de La Patache par la rivière de la Barbane. A 80% merlot. Plutôt des fruits rouges et des notes florales au nez, frais en bouche (12, 50€)
Articles liés