Vendredi 27 Décembre 2024
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21.06.2017
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Le Brexit, dont les négociations ont débuté lundi, a un impact contrasté sur la filière vin, réunie au salon international Vinexpo de Bordeaux, entre maintien des ventes pour certains et baisse plus prononcée pour d’autres.
Depuis le référendum sur le Brexit il y a tout juste un an et la dévaluation de la livre qui s’ensuivit, le prix du vin a augmenté: plus 3% rien qu’au premier trimestre 2017 contre 1% les deux années précédentes.
Le prix moyen d’une bouteille est passé en un an de 5,40 à 5,56 pounds (6,10 à 6,30 euros) en raison du Brexit et de l’inflation au Royaume-Uni, deuxième plus grand marché de vins importés au monde et plaque tournante des exportations vers d’autres continents comme l’Asie. Cette tendance n’est pas près de s’arrêter, surtout avec une hausse des taxes sur les alcools de 3,9%, prédit l’Association britannique des distributeurs de vins et spiritueux (WSTA).
A Bordeaux, pendant les primeurs, les grands crus ont augmenté en moyenne de 10 à 15%, soit au final une hausse pour les consommateurs britanniques de 25%, qui ne se fait pas nécessairement ressentir car certains négociants rognent sur leur marge par exemple pour vendre au même prix.
Cela n’a pas empêché les acheteurs du Royaume-Uni, quatrième pays à exporter des vins bordelais, de se précipiter sur l’excellent millésime 2016. Le marchand de vin Berry Bros. & Rudd a ainsi acheté autant de volume qu’en 2015 tout en réalisant un meilleur chiffre d’affaires.
« En Grande-Bretagne, les volumes diminuent mais leur valeur continue à monter car les Anglais boivent moins mais des vins de meilleure qualité. Donc on ne voit pas clairement s’il y a un effet Brexit pour le consommateur », estime Miles Beale, directeur général de WSTA.
Pour un « divorce lent »
Il n’a pas remarqué de baisse des achats depuis le référendum sur la sortie du marché unique européen et de l’union douanière, mais « ça va changer à cause de l’effet Brexit sur l’économie et la consommation en général ».
Pour d’autres au contraire, les conséquences se font déjà sentir. Sean Allison, vigneron dans les graves (Gironde), vend principalement aux restaurants et hôtels britanniques. Ce Néo-Zélandais a vu ses ventes chuter d’environ 15% et redoute la concurrence des vins d’Argentine ou de Nouvelle-Zélande sur un marché britannique mature, flexible mais très compétitif.
Les ventes de Champagne, comme d’autres vins, ont baissé de 8,7%. Effet Brexit ? Pour Miles Beale, il est plus probable que la forte concurrence du Prosecco italien soit en cause, les ventes de vin effervescent ayant le vent en poupe.
Malgré ces divergences, Britanniques comme Européens ont parlé d’une même voix lors d’une conférence sur « l’impact du Brexit pour la filière » à Vinexpo, salon qui se termine mercredi.
« Avec l’inflation qui augmente et un gouvernement pas du tout stable après les élections législatives, nous ne savons pas trop ce qui va nous arriver tant qu’on n’a pas un calendrier clair de sortie de l’Europe », souligne Miles Beale qui préconise une sortie lente sur cinq ans.
Après le divorce, Britanniques et Européens souhaitent un nouvel accord de libre-échange au moins au même niveau que celui déjà existant, en maintenant des droits de douane nuls.
Selon eux, chaque partie a tout à y gagner : le Royaume-Uni importe chaque année 2,5 milliards d’euros de vin depuis l’Europe et exporte vers le continent 2,1 milliards de spiritueux. Sur le marché britannique, les vins européens représentent 42% en volume et 55% en valeur.
« Au niveau de la filière européenne, notre objectif est que le Brexit soit un non-évènement, lance Jean-Marie Barillère, président du Comité européen des entreprises vins (CEEV). Qu’il y ait le moins de changements dans les flux commerciaux entre l’Europe et nos amis Anglais ».
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