Dimanche 24 Novembre 2024
Auteur
Date
17.06.2013
Partager
Le château Mouton Rothschild, premier grand cru classé 1855 (Pauillac), inaugurait hier un nouveau cuvier, qui a demandé deux ans et demi de travaux. Impressionnant.
« Mouton ne change. » Telle est la devise de ce premier cru classé en 1855, perle de l’AOC Pauillac. Ce n’est donc pas ici qu’il faut s’attendre à des envolées modernistes en découvrant de nouveaux travaux. Ce qui n’empêche ni innovation, ni gigantisme, ni raffinement. Alors que le salon Vinexpo s’est ouvert le matin même, c’est un cuvier en habits neufs qu’ont pu admirer hier soir les invités à l’inauguration. Et ce dans le cadre du dîner traditionnel du Conseil des crus classés en 1855.
« Il nous fallait un outil de travail rationalisé pour gagner encore en performances qualitatives », explique Philippe Dhalluin, depuis dix ans dans le groupe, et directeur général de Mouton Rothschild (1). Pour une propriété de 80 ha de vignes rouges en production, il faut effectivement de la place pour vinifier. L’ancien cuvier (avec deux fois moins de cuves) a été rasé, le sol creusé et le nouveau bébé est là, imposant, derrière sa porte en bois, digne d’un château fort.
Dans cette cathédrale de 70 m de long sur 23, et 14 m sous plafond, s’alignent désormais 64 cuves dont les deux tiers en chêne (le solde en inox). Le millésime 2012 a déjà été vinifié ici. Des cuves de tailles différentes, mais grâce au travail sur les perspectives, cela ne se remarque pas.
Des piliers en acier, rivetés deux par deux, de couleur verte, soutiennent l’ensemble. Au-dessus des têtes, une imposante charpente (123 m³ de chêne massif) et séparant les deux niveaux, un plancher en chêne non moins imposant (1 450 m²). Bois et acier sont ici en harmonie. À l’étage, un réseau de rails suspendu aux piliers permet de convoyer, lors des vendanges, le raisin vers le haut des cuves (via des cuvons). Toujours ce travail qualitatif par gravité, désormais courant, pour ne pas mâcher la vendange.
Voir le vin dans les cuves
« Construire autour de bâtiments n’a pas été facile. Il faut travailler ici dans l’esprit, on parle même d’approche ‘‘moutonesque’’« , s’amuse Bernard Mazières. Architecte spécialiste des chantiers viticoles, il travaille pour le groupe depuis vingt ans. À quelques centaines de mètres, il mène aussi le chantier du château Latour. À Mouton, l’expert a formé un duo avec le scénographe parisien Richard Peduzzi.
« Beaucoup a été fait pour le visiteur, comme ce sas d’entrée aux colonnades blanches, ou ces ouvertures depuis l’étage pour visionner le travail mené en contrebas », souligne Philippe Dhalluin. Le curieux pourra même voir le vin dans les cuves grâce à deux douelles vitrées. Une première conçue par le tonnelier Seguin Moreau. Le sol et les peintures du chai à barriques ont aussi été rénovés ainsi que l’immense bouteiller abritant les vieux flacons. À voir.
César Compadre (source)
(1) Outre Mouton, le groupe comprend les châteaux d’Armailhac (70 ha) et Clerc Milon (40 ha) à Pauillac ; des intérêts en Languedoc, Californie et Chili. Baron Philippe de Rothschild (Pauillac) est aussi un gros négociant bordelais (avec notamment la marque Mouton Cadet).
Articles liés