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[VINISUD] Faugères, la conscience d’un grand terroir

Auteur

La
rédaction

Date

01.03.2014

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Les vignerons de Faugères ont profité du grand Salon Vinisud pour se regrouper et présenter leur appellation, qu’ils sont fiers de nommer « Faugères Nature Schistes », sur laquelle un tiers des surfaces est cultivé en agriculture biologique ou biodynamique. Pas si fréquent.

Nous sommes au nord de Béziers, dans une appellation languedocienne aux cailloux très particuliers. Plus précisément à Faugères, où 2000 hectares ont été plantés de vignes « sur des sols assez faciles à délimiter, une homogénéité assez unique en Languedoc », explique Nathalie Caumette, vigneronne du domaine de l’Ancienne Mercerie et présidente du Cru Faugères. Sur ces argiles accumulées au fond d’une mer pendant des millions d’années, sont venus s’exercer des mouvements de plaques et poussées de montagnes, créant ces fameux « schistes » : une roche qui se délite en feuillets à la fois très durs et très fragiles, à l’acidité forte, emmagasinant naturellement chaleur et eau. « Notre sol est parfait pour une vigne, car il l’oblige à creuser dans les failles de la roche pour aller chercher eau, humus et nutriments. Naturellement, le rendement à Faugères est faible – autour de 33 hectolitre/hectare. Les conditions idéales pour produire des grands vins, si le terroir est respecté», explique la présidente du cru, agronome de formation. « Mais ce sol est également très fragile car le moindre écart de climat, une trop grande sécheresse ou un appauvrissement des sols par un excès de produits chimiques viendraient détruire ces dispositions naturelles favorables. Cela nous oblige depuis longtemps à travailler en bonnes pratiques environnementales et respecter un cahier des charges strict ».

Par conscience de cet environnement de choix, ainsi que par nécessité de positionner les vins dans le haut du panier, les vignerons ont fait le choix de transmettre des sols intacts à leurs enfants. « Nous ne sommes « que » Faugères et nous avons une obligation de positionner nos vins. Ce n’est pas un confort. Le rassemblement est peut être plus facile ici entre les vignerons, car à Faugères, nous ne faisons que du Faugères, très peu de Languedoc générique. Donc tout le monde est dans le même bateau ».

Aujourd’hui, sur ce cru languedocien, où le carignan est roi, 650 hectares sont cultivés en bio (par 25 caves particulières et 4 coopérateurs) sur 2000 hectares exploités sur Faugères. Les vins d’assemblage, en blanc (roussanne obligatoire associée à un autre sudiste blanc) et en rouge (au moins 2 cépages parmi le carignan, le grenache, la syrah, le mourvèdre, cinsault, etc..) sont largement appréciés grâce à leur équilibre entre puissance et fraîcheur, les tanins offrant une délicatesse et un velouté bluffant sur des matières au degré alcoolique élevé. Des vins au profil très différent, malgré ces caractéristiques d’équilibre communes, créant une véritable mosaïque de goûts à la dégustation. « Il n’est pas question que nous « normions » les vins, le cahier des charges est assez strict pour que chacun puisse aussi être libre de faire les choix de vinification qu’il souhaite. Je suis autant pour la reconnaissance en Faugères des vins natures du Clos Fantine, que pour des vins plus classiques et boisés du Mas Gabinèle par exemple qui sont de beaux vins de garde. La typicité, ce n’est pas quelque chose qui se décide » affirme Nathalie Caumette.

Après dégustation, voici trois pépites de Faugères à se procurer de toute urgence.

Inverso blanc 2012, du domaine des Estanilles
Il offre une douceur enveloppante et un pep’s incroyable. Assemblage de marsanne et de roussanne, l’élevage et le bâtonnage des lies pendant 10 mois dans des demi-muids, a construit le vin tout en le nourrissant. Entre bouche dense, légèrement beurrée mais relevée par une belle amertume, et le nez peau d’orange, acacia, citron mûr et gelée de coing, on voudrait un poulet croustillant à la citronnelle, ou plus doux, un cabillaud en papillote et purée de carotte.

Tucade 2012, du domaine de la Liquière
Selon les années, la famille Dumoulin choisit de le sortir, ou pas… à cause du mourvèdre majoritaire (associé au grenache), plus fragile que les autres pour atteindre la pleine maturité. Le nez est profond, mûr et noir. On sent du cassis frais, des baies roses, du poivre noir. En bouche, les tanins fin se déroulent sur des notes de réglisse, de jus de prune. La fraîcheur est partout. Et le vin, au début de son potentiel. Avec une bavette forestière ? Ou un lapin aux pruneaux, dans quelques années.

Les petites mains 2011, de l’Ancienne Mercerie
A dominante de carignan, c’est une véritable bombe de fruit, avec une pointe légèrement fumée, caractéristique du terroir de schistes. L’arête acide rafraîchit la bouche, et le fruit mûr résonne longtemps au palais, après la dégustation. Finesse et générosité, ce rouge se boit à tout heure de la journée, du moment que l’on soit bien accompagné.

Laure Goy

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