Accueil [VINISUD] Love Story : Syrah du Rhône ou de Californie ?

Auteur

Laure
Goy

Date

16.02.2016

Partager

Syrah de part et d’autre de l’Atlantique… A l’occasion d’une Master Classs animée par Kelly Mc Auliffe pour Inter Rhône, et alors que la Californie est invitée d’honneur de cette édition de Vinisud, les cépages de la vallée du Rhône, tant sur les terroirs français qu’américains, ont défilé en majesté.

Retour sur l’expression d’un cépage typiquement rhodanien devenu également international : la syrah, qui, chez nos cousins américains, a été, depuis vingt ans, largement adoptée.

Quel lien entre la Napa Valley et Tain l’Ermitage ? A priori, pas de sols similaires, ni de taux d’hydrométrie commun. Et pourtant, à y bien regarder, le vignoble américain a fait le choix de l’implantation de cépages rhodaniens, syrah en tête de cortège.

La reine de la tradition et de la modernité

Sixième cépage le plus planté au monde, certains considèrent la syrah comme un « cépage international », au même titre que le chardonnay ou le cabernet sauvignon. Une syrah, qui rappelons-le, est longtemps venue « hermitager » les grands crus de Bordeaux, comme nous le rappelait Thomas Duroux, du Château Palmer, lors d’une Master Class organisée pendant Bordeaux Tasting 2014.

Pourtant, sa terre française de prédilection, en expression et en fraîcheur aromatique, fait l’unanimité : la vallée du Rhône. Cultivée et vinifiée seule au nord (Vins de Vienne, Côte Rôtie, Tain l’Hermitage, Cornas), elle vient compléter les assemblages de nombreux vins plus sudistes le long du fleuve Rhône.
En Californie, la syrah est devenue le symbole du développement du vignoble de la Côte Ouest. « Il ne s’agit pas ici de comparer les syrahs, les vins n’ont rien à voir », décomplexe Kelly Mc Auliffe dans son approche de dégustation. Son idée plutôt : montrer l’évolution de l’élaboration des grands rouges californiens, « un monde qui bouge très vite, qui boise beaucoup moins et qui fait des choses magnifiques », selon l’animateur.

Un pied de chaque côté de l’océan

Dans les verres, le constat est frappant : alors que les syrahs des Vins de Vienne (Cuilleron, Villard et Gaillard) en 2013 puis de l’Hermitage de la Cave de Tain en 2009 – les deux sont en Côtes du Rhône septentrionales – s’enchaînent dans les verres, elles offrent des expressions fraîches et minérales, aux notes de purée de framboise, de violette, et de gelée de cassis. Différentes par leur lieu de provenance et leur millésime bien sûr, mais une caractéristique cépage assez reconnaissable.
Les deux syrahs californiennes qui leur font face sont très loin des archétypes « bodybuildées » de vins américains parfois reprochés comme trop extraits ou trop boisés.

En face des Vins de Vienne : la syrah 2013 du domaine des Chirats de « Rockpile Vineyard », vinifiée à quatre mains par Jeff Cohn et Yves Cuilleron dans la Sonoma Valley, et la syrah La Diligence 2010 de « Stagecoach Vineyard », autre quatre mains réalisé par Doug Miner et François Villard dans la Napa.
Plus extraites au nez, avec un profil cacaoté et pain grillé, le bois se fond ensuite en bouche, et n’offre que fruit mûr expressif. Des expressions délicates de fruits noirs kirschés, de poivre et de baie rose, bouquet de violette en finale.
A l’aveugle, qui l’eut cru ? Une expression propre à ces vivificateurs français partis exercer sur les terres du grand ouest ? Peu importe, les sols californiens ont bien adopté cette syrah-là.

Un intérêt américain croissant pour les cépages blancs

« Le but de cette dégustation n’est pas de mettre les vins en concurrence, il s’agit bien de montrer les changements que les États-Unis opèrent dans leurs vins. Et l’adoption des cépages rhodaniens comme principale base de leur nouveau vignoble. », conclue Kelly Mc Auliffe.
Les chiffres sont éloquents : entre 1997 et 2005, le vignoble californien est passé de 2835 hectares à 7400 hectares de syrah plantée.
Quant aux autres cépages du Rhône, on observe un intérêt croissant pour les cépages blancs : « plus de 200 % d’augmentation de plantation de grenache blanc, ou encore 300% d’augmentation pour les plantations de roussanne » livre l’animateur de la Master Class en guise de conclusion.