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« VinoBusiness » : l’INAO répond à Isabelle Saporta

Auteur

La
rédaction

Date

17.03.2014

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Mis en cause dans le livre « VinoBusiness » d’Isabelle Saporta sur la gestion du classement des grands crus de Saint-Emilion, l’INAO réagit par la voix de son directeur Jean-Luc Dairien. Et défend « un travail bien fait ».

Le vignoble de Saint-Émilion, seul au monde à remettre en jeu régulièrement la composition de son élite, a un nouveau classement depuis fin 2012. Il compte 82 propriétés (64 grands crus classés, 18 premiers grands crus classés) totalisant 1 200 hectares de vigne, soit 23 % de la surface d’un vignoble de 5 400 hectares. Des vignerons non retenus attaquent ce classement en justice (le précédent, celui de 2006, fut déjà invalidé). Le livre « Vino Business » (Isabelle Saporta, éd. Albin Michel), sorti il y a peu, est surtout consacré à ce sujet. Attaqué par l’auteur, Hubert de Boüard (Château Angélus), a porté plainte pour diffamation. Pour la première fois, l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), qui a supervisé ce classement de 2012, réagit par la voix de son directeur Jean-Luc Dairien.

Pourquoi l’Inao s’exprime-t-il aujourd’hui ?

Nous sommes sollicités depuis plusieurs jours pour commenter la sortie d’un livre au ton outrancier, qui n’apporte rien de nouveau dans les sujets traités. Il fallait prendre la parole, non pour polémiquer mais expliquer notre action.

Notre métier est de définir la politique nationale des produits de qualité (AOC vin, fromage, Label rouge…), de les développer en France et dans le monde. Ce n’est ni un jeu, ni une passe d’armes. Nous employons 270 agents, dont 35 dans le Sud-Ouest. 300 professionnels siègent aussi dans nos instances. Établissement public, nous sommes à la recherche du consensus au service de l’intérêt général et ce avec notre double gouvernance.

C’est-à-dire ? Quel est le rôle des professionnels ?

Les professionnels siégeant à l’Inao proposent une stratégie mise en œuvre, après validation, par nos agents du service public. Un système dual qui fonctionne bien depuis des décennies. Les décisions sont prises ainsi au comité national, notre instance suprême.

Lors du vote pour valider le classement de Saint-Émilion, les professionnels de ce vignoble sont sortis de la salle. C’est toujours comme ça. Il n’y a aucune ambiguïté.

Comment a été construit le classement 2012 de Saint-Émilion ?

En trois étapes, pour deux ans de travail. D’abord, l’élaboration d’un règlement en concertation avec les professionnels de Saint-Émilion (homologué au « Journal officiel » en juin 2011). Puis la mise en place d’une commission indépendante avec de grands professionnels du vin, non bordelais, pour prévenir tout conflit d’intérêts. Enfin, l’instruction des 96 candidatures par cette commission s’appuyant sur deux organismes certificateurs, Qualisud et Bureau Veritas. Pour la seule dégustation, c’est plus de 1000 échantillons évalués par 26 jurés. J’ai lu des choses extravagantes sur les critères de notation ! Par exemple, le parking dans les châteaux : leur présence comptait pour 0, 20 % de la note. Pas plus. 80 % de la notation (pour les grands crus classés) se rapportait au vin, à sa qualité, à son terroir et aux installations.

Comment réagissez-vous face aux procédures judiciaires en cours ?

Un recours contre l’arrêté ministériel de classement a été déposé au tribunal administratif de Bordeaux. L’Inao défendra son travail.

L’Inao sanctionne-t-il parfois ?

Si quelqu’un s’affranchit des règles, la sanction va jusqu’au retrait de l’AOC. On participe à des procédures pénales sur le dépassement de rendement ou l’usurpation d’AOC. La bataille est aussi à l’étranger pour défendre nos appellations.

Propos recueillis par César Compadre pour Sud-Ouest (source)