Lundi 18 Novembre 2024
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05.02.2016
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La sortie d’un nouveau millésime est toujours un événement exceptionnel chez Krug. 2002 est entré en marché au 1er février, à la suite antichronologique du 2003. Deux champagnes radicalement différents, pour lesquels Krug développe un parallèle avec la musique.
Chez Krug, pas de gamme très large, mais deux cuvées. Ainsi en a voulu le fondateur Joseph Krug, qui l’a consigné dans un carnet de notes, aujourd’hui bible de la maison. «Une bonne Maison de Champagne ne devrait former que deux cuvées de la même qualité incontestable, ce sans hiérarchie aucun, écrit-il en 1843. La cuvée N°1, l’esprit de la maison, doit proposer le meilleur, le plus complet, le plus constant chaque année « car il ne faut pas attendre une bonne année pour faire un grand champagne ». La cuvée N°2 au contraire est baptisée « la cuvée des circonstances », qui n’est produite que dans certains cas spécifiques.
Dont acte. La cuvée N°1, c’est Krug Grande Cuvée, un assemblage de plus d’une cinquantaine de vins clairs et autant de vins de réserve dont certains de plus de 20 ans. Un énorme puzzle de près de 5000 lots et dégustations mis en œuvre par le chef de cave Eric Lebel. « La champagne, c’est 275 000 parcelles et autant d’individualités, explique-t-il, le secret de Krug, c’est de traiter chaque vin individuellement, avec le même respect, et de mettre en symbiose tous ces tempéraments ». A ce jour, c’est la Grande Cuvée – 158e édition qui se trouve en marché. Un assemblage de 183 vins d’une douzaine d’années différentes sur une gamme allant de 1990 à 2007, fondue par plus de 7 années en cave. C’est un vin à la fois voluptueux en bouche par la richesse épicée de ses arômes, mais aussi tactile d’abord par sa bulle ronde et fine, puis une finale quasi-sédimentaire sur la langue.
Deuxième grande lecture de l’univers Krug : celle des millésimés. « Là, Eric ne va pas chercher l’esprit de la maison, mais capturer l’esprit de l’année », sourit Maggie Henriquez, présidente de Krug. Deux millésimes diamétralement opposés sont aujourd’hui en marché.
2003, année chaude par excellence, dont l’évolution en cave a été plus rapide, est en vente depuis janvier 2014. « L’évidence de l’année, c’était le solaire, décrypte Eric Lebel. Mais il y avait aussi des expressions de fraîcheur sur des lots précis. Il y a une vraie quête intellectuelle sur l’assemblage cette année là vers une cible agrumes, citron, pamplemousse ». L’équipe Krug le décrit finalement assez aérien, plus dans les « aigus » que les « graves ». Dans le verre, nous l’avons trouvé extrêmement voluptueux et crémeux en approche (pâte d’amande), épicé (badiane, réglisse-bâton), grillé-pâtissier (crème catalane), évoluant à l’aération vers des notes de citron confit, jus de mandarine amère, craie et sel en fin de bouche.
2002 vient d’entrer en marché. « Les millésimes, ce sont des histoires à part, reprend Maggie Henriquez. Nous introduisons doucement 2002 au même prix que 2003 (NDLR : 209 €) dont il reste encore des bouteilles sur les marchés, pour favoriser la comparaison de ces deux univers. » Voici une année mythique et un champagne » que Krug décrit comme un pur-sang, « altier, superbe, puissant et aux muscles longs ». C’est en tous les cas un champagne bâti pour la garde, très serré, qui s’appuie sur une trame d’agrumes et groseille à maquereau, des épices poivre rose et vanille-bourbon, en fin de bouche des fruits à chair blanche, à la fois aromatiques et mâchus, mais encore très fermes. La finale est saline et grenue.
Déguster en musique
S’appuyant sur des recherches en neurosciences de l’Université d’Oxford, Krug a développé une dégustation singulière de ses champagnes. Partant du principe que les nerfs de l’ouïe, de l’odorat et du goût sont quasiment en interconnexion, le chercheur Charles Spence a démontré qu’il existe une relation directe entre la perception des sons et la manière dont le palais perçoit les saveurs. Une expérience simple est à mener : lorsque vous dégustez un champagne en écoutant une musique en accord avec le vin, plus vous augmentez le volume (jusqu’à une certaine limite !), plus l’intensité et la complexité des arômes semble se développer en parallèle.
Sur le volet artistique, la maison Krug a développé un travail avec des musiciens (jazz, clasique, folk, soul) pour « penser ses accords entre la musique et ses champagne ». La France reste malheureusement un peu à l’écart de cette communication pour cause de loi Evin, mais le chanteur de jazz Gregory Porter a dédié deux titres (« No love dying » et « Liquid spirit ») respectivement à la dégustation de Krug 2002 et Krug Grande Cuvée 158e édition.
La musique, dit le dicton, adoucit les mœurs. Mais chez Krug, elle a aussi le pouvoir d’amplifier les dégustations !
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