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[VINISUD] Divin Daumas

Auteur

La
rédaction

Date

23.02.2014

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En préambule de Vinisud, une après midi dans la vallée du Gassac, au singulier mas de Daumas Gassac. Pionnier des vins languedociens visant la plus grande qualité, le vignoble a été créé par Aimé Guibert (89 ans) et son épouse Véronique, quatre de leurs cinq garçons continuent aujourd’hui l’œuvre des parents. Le parti pris fondateur ici, c’est le cabernet sauvignon (CS dans les commentaires), cépage atlantique majeur, qui donne la trame tannique, la fraicheur, et à qui il faut au moins dix ans pour s’exprimer : une idée du vin a contrario des standards actuels d’immédiateté. Suite de cet encépagement hors cadre, avec merlot, cabernet franc, tannat, malbec, pinot noir, un peu de syrah et des « variétés rares » : selon les millésimes elles occupent 1% de l’assemblage, jusqu’en 1997, et exceptionnellement 10%, comme sur le millésime 2011.

Verticale sur 30 millésimes au cœur de cette vallée sauvage entre chênes et terres rouges : il faut dire en premier que tous ces vins ont une histoire à raconter, que pour tous, l’élevage est remarquable de discrétion et l’esprit de famille évident. Le décrochage se fait à partir de 92/95, le vin prend une autre dimension, confirme sa singularité dans le temps. Sur les dix premières années rien ne bouge, ou presque…mes coups de cœur : 2001, 2009, 2003, 2011 et 2012 (hors concours, à peine sorti de cave) côté jeunes, côtés vins pour adultes : 1987, 1997.
Les commentaires suivants sont évidemment très personnels, aucun vin ne présentant de défaut, les robes sont éclatantes et, à de rares exceptions près, les finales vraiment longues. J’ai plaisir à les partager avec vous. Sylvie TONNAIRE

2012 rouge très intense éclatant, nez de figue fraiche et cerise, on y sent une grande maturité, beaucoup de soleil, et pas de bouquet végétal malgré ses 75, 6% de CS, la proportion maximale de ce cépage sera atteinte avec le 1981 (80%). Dès l’attaque que le CS se révèle, tanins très présents, chaleureux, d’un boisé perceptible mais déjà enrobé.
2011 : cabernet et fumée au premier nez, juteux au palais, avec une finale d’épices et de zan, très long en bouche, pulpeux, enrobant.
2010 : un austère en devenir, strict de bout en bout mais avec une belle acidité, de la profondeur, de la concentration.
2009 : discret également mais d’une incroyable matière soyeuse, un fruit fin, une finale élégante sur de beaux amers, des tanins présents, et des épices…
2008 : un des trois millésimes avec du merlot à plus de 6%, c’est tout de suite plus séducteur, nez pommadé, fruité, bouche tendre où le CS s’affirme sur une note poivron, finale d’épices. Assez fluide un peu moins de chair mais de l’élégance.
2007: vendangé le 28 septembre c’est presque un record, mais quelle fraicheur, fluide gourmand, facile, il est à un point d’équilibre, encore avec tout son fruité nerveux. Très bordelais, chair fine, nerveux.
2006 : en retrait, austère au nez et en bouche, ne se livre pas, manque de générosité et de confort immédiat. Le vin est comme corseté, on sent de la retenue, on doit l’attendre. Les vendanges les plus tardives, 31/09.
2005 : cache son jeu, discret, végétal et sanguin au nez, sa dentelle au palais lui donne une glisse parfaite, certes ce n’est pas un costaud, plutôt un film d’auteur, une petite perle de délicatesse. Premiers signes d’évolution, disque acajou clair, très gourmand, un peu giboyeux, la classe Daumas
2004 : on retrouve à l’attaque une sensation de pulpe, de sucrosité, note de havane chaud, de viande séchée, donne envie d’y revenir. Très beau vin de gastronomie.
2003 : le seul dont les vendanges ont débutées en août, déroutant premier nez de rose ancienne, envoûtant mais délicat, gracieux en bouche tout en légèreté, différent. On retrouve la bouche stricte, mais quelle élégance.
2002 : Quel nez de truffe ! Racinaire et végétal ensuite, il livre le poivron grillé, le cabernet franc laisse sa marque (8, 2%). Saveur giboyeuse, c’est le moment de sortir le tubercule !!!
Encore de la sucrosité et de la gourmandise en finale. A noter, au cours de l’hiver 2012, j’ai ouvert à la maison un blanc du même millésime, magistral avec des cèpes.
2001 : Franchement gibier, faisandé, humus, celui là a tout : l’équilibre, les saveurs sauvages et raffinées, le cuir, la soie des tanins, la pulpe, le fruit mûr. 20/20
2000 : Retour à l’austérité, palette de poivre, tous les poivres, ce millésime a du mal derrière le feu d’artifice du 2001 (et là c’est toujours la même question « mais est ce qu’il m’en reste..hélas, j’ai passé des années à être mono maniaque sur les blancs de Daumas, restons modeste, je m’en offre trois par an, je sais c’est ridicule)
1998 : C’est la sensation de texture (dentelle) qui est différente, les tanins sont poudrés et même si le vin est puissant, malgré un des taux les plus bas de CS, il garde un charme fou au nez : racine d’iris, camphre, cuir, viande séchée. Un délicat, de la race.
1997 : on prend 6% de cabernet sauvignon de plus, ça se sent, c’est une claque au premier nez. Il surprend par sa fraicheur de bouche, la palette reste très cabernet, la finale fraiche mais peu épicée, délicate. Celui là a encore du chemin à faire.
1995 : nez expressif tout cabernet avec une note de sucs de fruits. Giboyeux mais incroyablement frais, ses tanins semblent rustiques, accrocheurs : c’est le cuir des bons bagages monseigneur, il voyagera loin.
1994 : je m’étais préparée à une explosion (c’est l’année de naissance de mon fils unique) mais non…restons objective, c’est terrien et tout en retenue, bruyère, pas séducteur. Il faut insister, négocier, les tanins sont de bonne facture, assouplis. A l’aération le gibier à poil galope. La bouche assez nerveuse, terrienne, un modèle de classicisme.
1992 : très expressif au nez, sur la palette cabernet, nous sommes dans les millésimes où la palette de « cépages variés » culminait à 1%. Ce 92 surprend par sa buvabilité, on peut dire que la finale manque un peu de longueur, mais la matière est gracieuse, épurée et la dégustation un vrai piège à revenez-y.
1991 : Humus et tabac, on bascule dans la famille des vins vénérables. Mais attention, la finale saline est un vrai atout à table. Du camphre, de l’encaustique, une touche de zan noir sur la fin, puis fauve, voilà qui est tout à fait particulier, si on aime et qu’on a l’habitude des vins évolués, c’est vraiment très bon, et très long.
1990 : pruneau et vieux cuir, c’est le plus difficile de la série. C’est savoureux mais difficile à commenter. Sucrosité et buvabilité, il regarde côté vallée du Rhône.
1989 : Cuir ciré, cailloux, herbes sèches, adieu la sucrosité du fruit, mais quelle saveur et quelle élégance : notes de café léger, de genièvre, tanins poudrés…classieux
1988 : Cuir frais au premier nez, fruits macérés, griotte à l’eau de vie, café, tiens en fin de bouche une note cabernet, comme un rappel. Très soyeux, finale très longue. Dans sa catégorie un grand vin, encore juteux et fruité.
1987 : étonnant nez de poivron frais ! Ce vin là est éclatant, matière au velouté sublime, palette où le camphre n’est jamais loin, il surprend par son jus et sa suavité. C’est excellent, long, altier.
1985 : premier nez très sauvage, presque tripaille, bouche un peu raide, un peu agressive, très énergique, très droit.
1984 : tout en fumée, silex, ce vin très puissant a gardé nervosité et audace. Par contre il est difficile d’envisager des accords…
1983 : beaucoup moins d’exubérance aromatique, après dégustation les tanins demeurent en bouche et accrochent le palais, très particulier
1982 : tabac, havane, mais pour moi une première sensation de maigreur, il a besoin d’air. En seconde dégustation, le vin est plus affable, avec des notes de poivre et de terre. Une bouche souple et fraiche, structure tannique bien présente, camphre, terroir…et dixième anniversaire de la plantation des vignes.
1981 : Nez étonnant de viande et de poivron, bouche souple et fraiche, tanins bien présents. Effluves de camphre, une signature terroir.
1980 : Premier nez sur le fil, presque aigrelet. Très vite se dessine un profil sans concession. La surprise vient de la bouche, suave et délicate, une très belle surprise.
1979 : bouquet subtil mariage intime de musc, de terre et de havane. Bouche fraiche, aérienne, délicate avec des saveurs de zestes séchés. Curieusement facile à boire, mais tout seul, il est unique !!!

Sylvie Tonnaire