Jeudi 26 Décembre 2024
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20.07.2012
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En annulant la décision du Conseil d’Etat et en déclarant le projet de chaîne Deovino « illégal » au regard de la Loi Evin, le Conseil d’Etat vient d’apporter un nouveau coup d’arrêt aux différentes tentatives de parler du vin à la télévision. « Terre de Vins » a recueilli les premières réactions des intéressés.
La nouvelle, tombée hier, a frappé le monde du vin comme celui de l’audiovisuel : le Conseil d’Etat a annulé l’autorisation d’émettre accordée au projet de chaîne Deovino par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) en juin 2011. La haute juridiction de la République motive cette décision en désignant comme « illégal » ce projet de chaîne au regard de la Loi Evin, laquelle interdit toute forme de publicité ou d’apologie du vin ou des boissons alcoolisées à la télévision.
Cette sentence vient mettre un coup d’arrêt à deux ans de travail, durant lesquels l’équipe de Maya Media – la société de production qui porte le projet Deovino – avait justement tout mis en œuvre pour rester « dans les clous » de la Loi Evin : pas de valorisation excessive de sa consommation, pas de publicité, pas de dégustations à l’écran, mise en avant d’actions de prévention, etc. Mais alors que le CSA avait vu d’un œil favorable les efforts consentis, cela n’a pas été le cas du Conseil d’Etat.
Réactions
Pour Philippe Bernard, président de Deovino, la pilule est amère. Alors que l’équipe travaille actuellement sur une réaction officielle qu’elle devrait rapidement diffuser, Xavier de Portal, directeur financier et du développement de la chaîne, a accepté de s’exprimer « à chaud » sur le sujet : « je vais essayer de rester très mesuré, car tout cela n’est pas facile et n’engage pas que nous. Mais nous tirons trois conclusions de cette décision. Premièrement, il n’y a toujours pas de chaîne sur le vin en France en 2012. Deuxièmement, certains se sont acharnés, alors qu’ils avaient un projet « hors-la-loi », à empêcher un projet respectueux de la loi de voir le jour. Enfin, troisièmement, il faut s’adapter et avancer. Nous ne comptons pas en rester là ».
En parlant d’acharnement, Xavier de Portal fait ouvertement référence à Edonys, projet concurrent de chaîne sur le vin, qui avait pour sa part été recalé par le CSA (il voulait montrer des dégustations à l’écran) et a décidé de saisir le Conseil d’Etat pour contester l’autorisation accordée à Deovino. Il est à noter, d’ailleurs, que le Conseil d’Etat a demandé hier au CSA de « réexaminer » le dossier d’Edonys au motif que l’une de ses membres, Françoise Laborde, a manqué à son devoir de réserve en s’exprimant dans les médias sur le sujet. Bien qu’il semble peu probable que ce « deuxième avis » soit davantage favorable à Edonys, pour Deovino, le mal est fait : « ce n’est pas Edonys qui fait la loi, continue Xavier de Portal. Cela fait plus de deux ans que nous nous battons pour ce projet, nous avons réuni des équipes, nous avons tourné des reportages, des interviews, nous avons peaufiné une grille des programmes équilibrée, respectueuse de la loi… Nous ne baisserons pas les bras. Mais je ne veux pas donner plus de détails pour l’instant ».
Le vin à la télévision, un feuilleton à rebondissements finalement très français, qui n’a pas fini de nous tenir en haleine. La suite au prochain épisode.
Mathieu Doumenge
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