La colline de l’Hermitage reprend l’antenne ?

Après plusieurs jours de polémiques, de pétitions, d’infos et d’intox, l’affaire de « l’antenne TNT sur la colline de l’Hermitage » semble se diriger vers une issue raisonnable, celle de la négociation. Avant de nouveaux rebondissements ?

Tout a commencé il y a trois semaines, dans les colonnes du Dauphiné Libéré : le quotidien régional révélait comment Caroline Frey, propriétaire de la grande maison Paul Jaboulet Aîné (mais aussi du Château La Lagune dans le Bordelais), avait découvert « accidentellement » la construction imminente d’une antenne TNT de 18 mètres au sommet de la colline de l’Hermitage, dans la Drôme. Une découverte ahurissante, et d’autant plus inattendue qu’aucun des vignerons installés sur ce site légendaire du vignoble rhodanien n’avait été averti du projet, vraisemblablement signé en catimini entre la mairie de Crozes-Hermitage et la société de diffusion Itas Tim.

Pétition

Levée de boucliers immédiate des vignerons locaux – Caroline Frey en tête, mais aussi Michel Chapoutier, président du syndicat des vignerons de l’Hermitage – et effet « boule de neige » dans la blogosphère du vin grâce à l’implication de quelques signatures influentes comme Nicolas de Rouyn ou encore Vincent Pousson, à l’initiative d’une pétition en ligne pour empêcher l’érection de cette antenne (déjà plus de 1400 signataires). De son côté, la mairie de Crozes-Hermitage a tenté de faire machine arrière et s’est livré (trop tard, malheureusement) à un « vote de défiance » contre le projet d’antenne.

Mais malgré cette mobilisation massive, la société Itas Tim semblait vouloir aller jusqu’au bout : une détermination particulièrement étonnante, du fait qu’une première antenne est déjà installée par la société TDF au sommet de la colline depuis de nombreuses années, et semble assurer une couverture très satisfaisante des environs. Il semblerait donc que la mise en place de cette seconde antenne soit moins liée à une nécessité technique qu’à un souci de concurrence… Ce que ne manquent pas de soulever les opposants au projet, qui dénoncent en outre la pollution, visuelle mais aussi « invisible » qu’une telle antenne engendrerait. Rappelons pour mémoire que la colline de l’Hermitage est régulièrement évoquée pour être inscrite au patrimoine national…

Escalade et négociations

Finalement, après plusieurs jours de tensions et d’escalade (Caroline Frey allant même jusqu’à menacer de « bloquer la route avec un semi-remorque » pour empêcher la construction de l’antenne), la voie de la négociation semble avoir été trouvée. Les vignerons de l’Hermitage ont ainsi rencontré les représentants de la société Itas Tim le mardi 24 juillet. Dans un communiqué, Michel Chapoutier déclare que « cette première entrevue a permis de replacer le débat dans son contexte en cherchant notamment à trouver des solutions adaptées […] Afin d’avancer positivement sur ce projet, différentes actions concrètes ont été envisagées par l’ensemble des personnes présentes lors de cette réunion : elles concernaient soit 1) le déplacement des deux antennes, soit 2) une dissimulation des antennes grâce à une technique proposée par Itas Tim. Dés à présent, les différentes parties se sont engagées à échanger de nouveaux éléments dans les prochaines semaines afin de trouver une issue positive ».

Une nouvelle encourageante, mais pourtant ternie par une autre « affaire » : parallèlement aux négociations entre Itas Tim et les vignerons de l’Hermitage, Next Up, une organisation non gouvernementale concourant à la défense de l’environnement en particulier dans le domaine des radiations, a accusé Michel Chapoutier de dissimuler clandestinement sur l’un de ses bâtiments, des antennes relais camouflées destinées à la téléphonie mobile… Une accusation contre laquelle le viticulteur s’est immédiatement insurgé, parlant « d’attaque gratuite » et de « préjugés » – et soutenant que son bail avec l’opérateur SFR vient d’être résilié. On peut encore attendre de nouveaux rebondissements autour de la colline de l’Hermitage.

M.D.
Photo © Paul Jaboulet Aîné