Dimanche 22 Décembre 2024
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03.09.2012
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Quarante propriétaires de crus bourgeois du Médoc décollent ce lundi 3 septembre pour la Chine. Leur objectif : séduire une clientèle asiatique qui ne cesse d’augmenter.
Ils sont 40 propriétaires médocains, bien décidés à combler l’insatiable dragon chinois. Une délégation de patrons de crus bourgeois s’envole en Chine, aujourd’hui lundi 3 septembre, pour une opération séduction d’une semaine. Après un passage à Pékin, les propriétaires se rendront dans les villes de Chengdu, Shenzhen et Shanghai. « La plus petite ville compte 10 millions d’habitants, c’est plutôt motivant », sourit un inscrit. L’année dernière, ce sont plus de 500 000 bouteilles qui ont été vendues grâce au voyage de la délégation.
Vendre un savoir-faire
Sur place, l’Alliance des crus bourgeois a réservé des salons d’hôtels de luxe. Les propriétaires y présenteront 107 crus du Médoc 2009 à des centaines de journalistes et professionnels asiatiques. L’année dernière, plus de 500 invités se pressaient déjà pour participer à ces dégustations géantes. « Ils sont incroyablement curieux de Bordeaux. Ils sont prêts à patienter des heures. Ils boivent nos paroles », s’enthousiasme une propriétaire.
Copropriétaire des châteaux Mongravey et de Braude, Karin Bernaleau n’y va pas « pour vendre mais pour faire de la promotion ». Présente en Chine depuis 2006, elle commence à saisir les ficelles du marché chinois. « Nous vendons davantage que du vin. Nous vendons une image culturelle, un savoir-faire, analyse-t-elle. Le vin reste un produit de luxe que les Chinois s’offrent comme une voiture ou un joli sac à main. » Dans les caves et les restaurants chinois, les vins du Médoc se vendent en moyenne quatre fois plus cher qu’en France.
Très attachés aux étiquettes
Pour beaucoup de châteaux médocains, la Chine est devenue un marché incontournable, absorbant la baisse des marchés traditionnels d’Europe et d’Amérique du Nord. « Nous recevons chaque semaine quatre propositions de ventes de vin sur le marché chinois », explique Karin Bernaleau, reconnaissant que l’appellation Margaux dont elle bénéficie la place dans une situation « d’enfant particulièrement gâtée ».
Pour séduire le marché asiatique, les propriétaires médocains peuvent d’abord compter sur leur vin : « le Bordeaux n’est pas très alcooleux. Il plaît au palais chinois », explique un viticulteur. Mais le contenu des bouteilles ne fait pas tout. Très sensibles aux charmes des étiquettes, les clients chinois bénéficient de conditionnements sur-mesure : « Il y a beaucoup d’enluminures et de dorures. Le rouge est prédominant, c’est la couleur porte-bonheur. Et les textes sont souvent traduits », confie un responsable du Château Haut Breton Larigaudière, dont la Chine est le principal client. Certaines bouteilles sont mêmes renommées « Le Dragon ».
Face à la concurrence internationale, les propriétaires de crus bourgeois disent vouloir s’assurer les faveurs d’un marché encore instable. « Les vins de Bourgogne font parler d’eux. Le Chili et l’Argentine sont déjà sur le marché », confie Karin Bernaleau. Quant aux Chinois, ils ont déjà commencé à planter – massivement – leurs propres vignes.
Charles-Henry Groult
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